Garder un œil attentif sur vos vaches

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Surveillance. De plus en plus d’éleveurs surveillent leur troupeau depuis leur téléphone ou sur l’écran de l’ordinateur, via une ou plusieurs caméras installées dans la stabulation. Chaleurs, vêlages et incidents sont ainsi plus faciles à repérer.

«Tous les soirs après le repas et deux ou trois fois par week-end, j’allume mon téléphone et je regarde si tout va bien dans la stabulation, explique cet éleveur vendéen. Avant, j’avais l’habitude de ressortir, mais c’était parfois une contrainte. Depuis deux ans, j’ai installé une caméra au-dessus du troupeau. Ainsi, plus la peine de remettre les bottes et de traverser la cour, je contrôle tout depuis la maison : les chaleurs, le box de vêlage, un comportement anormal… C’est un vrai confort, je ne pourrais plus m’en passer. » Comme cet exploitant, de plus en plus d’éleveurs décident d’investir dans une ou plusieurs caméras pour suivre à distance leur troupeau, les passages au robot ou le bon fonctionnement des racleurs. L’offre a nettement évolué ces dernières années et les modèles, désormais tous connectés à internet, offrent de nouvelles solutions intéressantes. Consulter les images en direct sur son smartphone est l’option qui séduit le plus d’utilisateurs. Cela fonctionne partout : en Wi-Fi à la maison ou en 3G, en 4G ailleurs, sous réserve d’une couverture suffisante.

Vision à 360 degrés

Techniquement, le matériel disponible aujourd’hui sur le marché se montre très performant. Installée sous la charpente, une seule caméra pivotant à 360 ° et inclinable de bas en haut suffit généralement à surveiller une stabulation de 80 à 120 vaches. Selon la taille du bâtiment ou sa configuration, l’installation d’une seconde caméra est parfois nécessaire pour couvrir toute la zone à surveiller. Certains fabricants proposent aussi des modèles sur rail qui couvrent plus d’espace mais demandent aussi davantage d’entretien.

L’emplacement idéal se situe souvent à proximité du box de vêlage ou, le cas échéant, près des robots de traite. Une capacité de zoom x 25 suffit en général pour lire la boucle d’un animal immobile. En revanche, s’il s’agit d’une vache en chaleur, réussir à zoomer sur son oreille pour lire son numéro est très compliqué tant qu’elle se déplace. Mieux vaut dans ce cas-là bien connaître ses animaux pour les identifier sans se tromper. L’option vision nocturne est indispensable. Pratiquement toutes les caméras de surveillance en sont désormais équipées mais tous les systèmes ne se valent pas. Avant de choisir, il est recommandé de s’assurer que la qualité des images de nuit sera suffisante pour bien distinguer les animaux sur l’ensemble de la zone couverte.

Des modèles performants pour 500 à 800 €

Internet recense un grand nombre de fabricants et de fournisseurs spécialisés dans les caméras de surveillance pour l’élevage : Agricam, Camérail, Detecvel, Luda.Farm, Visionaute… Sans oublier tous les distributeurs locaux ou en ligne de matériels d’élevage. Pour s’équiper, deux solutions : faire appel à un installateur qui se chargera de tout jusqu’au paramétrage des écrans ou acheter un kit à poser soi-même. Cette seconde option réduit souvent le prix global de 30 à 60 % selon la complexité du montage. À condition, toutefois, de bien fournir au vendeur toutes les informations nécessaires pour qu’il définisse le produit le plus adapté. Première question à se poser : ai-je accès à une connexion internet suffisamment puissante pour envoyer mes images sur le Web ? Un débit ascendant d’au moins 1 mégabit par seconde (Mb/s) est souvent requis pour transmettre des images nettes sur l’écran d’un téléphone. Les vendeurs de caméras savent conseiller les agriculteurs sur cette question. Autre point à résoudre : comment connecter la caméra jusqu’à la box la plus proche ? L’idéal est d’avoir une couverture Wi-Fi dans la stabulation. Dans ce cas, un modèle orientable, avec zoom et vision nocturne, vendu entre 500 et 800 € HT, se révélera souvent très performant. L’installation ne requiert pas de fortes compétences techniques, hormis le raccordement à une alimentation électrique.

Préférer le sans-fil

Quand le Wi-Fi n’arrive pas jusqu’à la caméra, des équipements supplémentaires sont indispensables. Si la maison n’est pas trop éloignée, la pose d’un câble Ethernet jusqu’à la box est une solution. Mais s’il est nécessaire de réaliser des tranchées ou de percer des murs, mieux vaut opter pour un système sans fil. Pour 30 à 50 €, un répéteur Wi-Fi ou des boîtiers CPL branchés sur les prises 220 V sont efficaces sur 100 à 200 mètres : au-delà, la qualité baisse. Une transmission par antenne et récepteur radio fonctionne sur quelques kilomètres si la zone est peu accidentée et sans obstacle.

Ce type d’équipement gonfle la facture de 500 à 1000 €, selon la performance requise. Une autre possibilité consiste à installer un relais modem 3G-4G qui passe par le réseau de la téléphonie mobile, sous réserve que la stabulation soit bien couverte par au moins un opérateur. Le prix global est équivalent à celui d’un dispositif radio, auquel s’ajoute un abonnement mensuel. Pour des consultations ponctuelles de quelques minutes par jour, un abonnement à 5 € par mois suffit. Si l’éleveur utilise sa caméra au moins une heure par jour, le coût est alors de l’ordre de 20 à 30 € par mois. Toutes ces questions réclament une étude précise car la qualité des images reçues en dépend.

Bientôt de l’intelligence artificielle ?

Actuellement, les caméras apportent surtout confort et gain de temps, en évitant à l’éleveur de se déplacer. Les progrès de la technologie, via notamment l’intelligence artificielle, pourraient ouvrir très prochainement la voie à de nouvelles solutions. La start-up Aiherd travaille, par exemple­, sur l’analyse d’images par ordinateur pour suivre le troupeau en continu. L’objectif ? Offrir des informations à l’éleveur : telle vache est en chaleur, combien de temps chaque animal a passé à l’auge, un vêlage en cours, un animal tombé… Les principaux constructeurs de caméras confient aussi travailler sur le sujet sans indiquer si des nouveautés­ seront prochainement commercialisées.

Surveillance également contre le vol

Enfin, quitte à poser une caméra, pourquoi ne pas en prévoir une autre devant l’atelier ou la cuve de GNR, pour prévenir tout risque de vol. Ce deuxième équipement ne double pas forcément le prix de l’installation, puisque dans la majorité des cas, le réseau de transmission des images est le même. Pour une protection efficace, le dispositif intègre un détecteur de mouvement avec enregistrement automatique des images et envoi d’une alerte intrusion vers un ou plusieurs téléphones. Ces modèles disposent aussi parfois d’alarme de dissuasion ou d’un haut-parleur servant à entrer en contact avec les personnes présentes sur le site.

Denis Lehé

© D. L. - qL’éleveur peut consulter les images sur son smartphone, à condition toutefois d’avoir une bonne connexion internet dans la stabulation et de se trouver dans une zone bien couverte en 3G ou 4G.D. L.

© d.gremy - qDes caméras performantes à monter soi-même sont vendues entre 500 et 800 €. Si le Wi-Fi n’est pas disponible, l’ajout d’un équipement de connexion à internet peut parfois doubler le prix.d.gremy

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
Thomas Pitrel dans sa prairie de ray-grass

« La prairie multi-espèce a étouffé le ray-grass sauvage »

Herbe
Philippe Bernhard à droite et Hervé Massot président et DG d'Alsace Lait

Alsace Lait a besoin de lait pour ses ambitions régionales

Alsace Lait

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