
Dans le cadre de la conversion à l’agriculture bio, l’affouragement en vert représente pour les associés le seul moyen de valoriser un bloc de 30 hectares d’herbe distant de deux kilomètres de l’exploitation.
Après deux années de conversion, le Gaec de Pennoc’h commencera à livrer sous label AB au mois de décembre. Dans le respect du cahier des charges, les deux associés (mère et fils) souhaitent maintenir un niveau de production entre 7 000 et 7 500 litres de lait/vache. Pour y parvenir, sans faire exploser les coûts avec du soja bio à 1000 €/t, ils misent, d’une part, sur le pâturage tournant et, d’autre part, sur la qualité de l’herbe distribuée à l’auge.
En effet, l’exploitation dispose de deux blocs de parcelles : un premier de 20 ha accessible depuis la stabulation et un second de 32 ha qu’un droit de passage chez un voisin aurait pu rendre également accessible. « Malheureusement, les négociations engagées avec ce dernier n’ont pas abouti, ce qui nous obligeait à parcourir jusqu’à 2 km avec le troupeau pour valoriser des parcelles distantes de seulement 150 mètres, explique Yoann Pavec. Dès lors, le choix de l’affouragement en vert était indispensable à la conversion, car il permettait de rendre accessible toute la surface. Notre objectif était de caler un système d’alimentation composé de deux tiers d’herbe fraîche ou ensilée, en hiver, pour faire l’impasse sur le correcteur azoté, plus un tiers de maïs, dont 2 à 3 kg minimum au printemps. Cela pour ralentir le transit, maintenir les vaches en état et ainsi éviter les problèmes de reproduction, mais aussi pour avoir une tête de rotation en vue de renouveler les prairies. »
« La remorque contribue à faire des ensilages de qualité »
Début 2017, Yoann et Brigitte ont donc investi 13 000 € dans une barre de coupe frontale et 85 000 € dans une remorque autochargeuse Schuitemaker, d’une capacité de 33 m3. Un investissement bien plus conséquent que la remorque automotrice avec barre de coupe intégrée (de 24 000 € à 45 000 €), mais qui offre l’avantage de la polyvalence pour mieux rentabiliser l’outil. « Avec la remorque à disposition, je n’hésite pas à multiplier les coupes d’ensilage, même si le volume ne dépasse pas 1,5 t MS/ha. L’objectif est d’aller chercher la qualité, souligne Yoann. De plus, le tapis de distribution associé au système de pesée de la remorque (une option à 7000 €) va nous permettre de l’utiliser comme distributrice pendant l’hiver. » Il faut préciser que l’éleveur a dû réaliser quelques aménagements au niveau du couloir de distribution, pour passer avec l’attelage sous la charpente, et aussi un circuit en bout de bâtiment pour éviter de ressortir en marche arrière.
Dans ce secteur très favorable à la pousse de l’herbe, l’affouragement démarre dès février dans les parcelles les plus portantes et se poursuit jusqu’au 15 novembre. « L’affouragement autorise une sortie plus précoce en fin d’hiver pour faire un premier déprimage faisant office de nettoyage de la parcelle. Quelques ornières laissées au printemps ne sont pas pénalisantes pour le redémarrage de la prairie. » Au printemps, pendant la pleine pousse de l’herbe, 16 ha d’herbe pâturés à proximité des bâtiments suffisent au rationnement des vaches en lactation (26 ares/VL). Puis l’affouragement représente, à partir de fin juin, environ 50 % de la ration. Il est réalisé le matin, après la sortie des vaches au pâturage et repose exclusivement sur des prairies temporaires semées pour trois à quatre ans, associant RGH, RGA et trèfle blanc géant, avec un peu de trèfle incarnat afin d’optimiser le rendement en première année d’exploitation. Avec des prairies riches en trèfle, Yoann conseille de faucher après la levée de la rosée à une hauteur de 7-8 cm pour favoriser le redémarrage de la parcelle.
« Si l’herbe est trop haute, je débraye pour faire du stock »
« L’affouragement se gère comme le pâturage : l’entrée dans la parcelle se fait à une hauteur d’herbe de 12-15 cm, suivi d’un temps de repousse de vingt-huit à quarante jours selon la saison. Si l’herbe est trop haute, je débraye la parcelle en vue de faire du stock. C’est un mode de gestion de l’herbe plus simple que le pâturage, car il permet de maintenir des parcelles propres, avec des repousses homogènes de qualité et très appétentes. Il suffit pour s’en convaincre de voir les vaches meugler depuis leur paddock dès qu’elles entendent le bruit familier du tracteur et de la remorque revenir au bâtiment. »
Yoann fait le tour des parcelles presque chaque jour pour s’adapter à la pousse de l’herbe. Selon la distance parcourue (4 km aller/retour maximum), le temps consacré à l’affouragement va de trente minutes par jour à une heure.
« La principale difficulté est toujours de savoir si je fauche trop ou pas assez, précise-t-il. Si je constate que les vaches au pâturage (0,7 ha pour deux jours) consomment mal leur paddock, je réduis les quantités apportées à l’auge. » L’objectif est de produire sans correcteur, simplement avec un apport d’orge aplati en début de lactation. Cette nouvelle approche du rationnement ne donne pas encore sa pleine mesure sur le coût alimentaire 2017-2018. « En effet, cette première année de passage en bio obligeait les associés à consommer tout leur stock de maïs et de concentré avant de commencer la conversion des animaux, souligne Pierre Bescou, leur conseiller BCEL Ouest. Le vrai effet se fera surtout ressentir sur la campagne 2019-2020 pour laquelle nous misons sur un coût inférieur à 50 €/1 000 l. En revanche, on constate déjà que les pâtures se sont nettement améliorées, induisant une meilleure qualité des stocks qui serviront pour l’hiver prochain. »
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