Abonnée aux croissances à deux chiffres, la consommation de produits laitiers bio marque le pas depuis la fin du confinement (+ 3 % en 2020). Dans le même temps, la France franchissait le milliard de litres collecté. Au rythme des conversions, les projections de l’interprofession sont de 1,35 milliard de litres pour l’année 2022. Soit une collecte qui aura doublé en moins de six ans.
Dès le mois de mars, les principaux opérateurs appelaient à modérer les volumes et optaient pour une pause des conversions : Agrial, Sodiaal, Lactalis… Comme lors des deux printemps précédents, Biolait réactivait son incitation à réduire les volumes. Mais avec une année favorable à l’herbe, difficile de fermer le robinet. La collecte nationale progresse de 11 % au premier semestre, + 16 % en mai et + 17 % en juin. « Face à cette hausse, on assiste à une baisse de la demande en GMS pour la plupart des produits, observe Benoît Rouyer, directeur économie du Cniel. C’est une situation nouvelle qui s’explique difficilement : sur douze mois glissants, la consommation de lait liquide recule de 3 %, et l’ultra-frais de 6 %. » Résultat : une part croissante de la collecte écoulée sur le marché Spot, voire vers les filières non OGM. Lactalis évoque 20 % de déclassement, mais maintient un prix bio à 100 %. S’il ne s’agit que d’un acompte avant régularisation, le prix de base Biolait est descendu très en deçà de 400 € au printemps, provoquant des demandes de départ d’adhérents.
Un consensus : le frein sur les conversions
Les laiteries dont la collecte est déficitaire sont bien sûr moins concernées. L’appel à freiner les conversions est pourtant un constat partagé, assure Benoît Rouyer : « Tous les acteurs sont en alerte. L’enjeu est de préserver la valeur de la bio, une filière très attractive pour l’installation des jeunes. »
La communication autour d’un cahier des charges « maison » vise à réaffirmer l’excellence de la bio vis-à-vis de la concurrence. Le retour de la RHF ou l’objectif de 20 % de bio dans les cantines devront aussi être un relais de consommation. Ivan Sachet, coordinateur de l’OP transversale Seine & Loire (433 fermes livrant à six laiteries), tempère d’ailleurs l’alerte : « Comparer la première partie d’année 2021 à 2020, où l’on a observé une surconsommation, fausse un peu l’analyse. Comparée à 2019, elle croît. »
Pour prévenir les phénomènes de surproduction, l’OP ne s’interdit pas le débat sur la faisabilité d’un plan de limitation des volumes contraignant, en contrepartie d’un prix garanti.
Jérôme Pezon
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