Prix. La variabilité impose d’être compétitif, moins dépensier en charges de structure et de gérer sa trésorerie pour que produire à perte à certaines périodes soit sans risques pour l’entreprise.
« La variabilité des cours est aujourd’hui une donnée “normale” de l’environnement des producteurs de lait. Il convient donc d’adapter la gestion de l’exploitation à ce nouveau contexte », affirme Jean-Marie Séronie, agroéconomiste. Cela peut être choquant, mais la réalité s’impose, avec des variations du prix du lait allant jusqu’à 100 €/1 000 litres.
Pourtant l’adage « C’était mieux avant » ne tient pas : le revenu agricole a doublé entre 1980 et 2015, certes au prix d’une restructuration importante : + 2,5 % de SAU/an et + 5,5 % de lait par an par exploitation.
Malgré ce mouvement, la productivité du travail n’est pas exceptionnelle chez nous, comparée à nos voisins : 220 000 l/UTH. Or, en agriculture, c’est bien cette productivité qui conditionne l’augmentation du revenu. Si, depuis 2005, les courbes du revenu font le Yo-Yo, le prix d’équilibre (pour assurer le paiement des charges, des emprunts et la rémunération) augmente régulièrement : + 70 €/1 000 l, avec d’énormes écarts entre exploitations. « La valeur ajoutée(1)/UTH variait en 2014 de 20 000 à 60 000 €. Un rapport de 1 à 3 qui se retrouve dans toutes les régions. S’il y a crise, elle est aussi là », explique Jean-Marie Séronie. Des écarts énormes s’affichent aussi sur d’autres critères : les coûts de production s’étalent de 250 € à plus de 380 €/1 000 l. « Le métier est devenu beaucoup plus complexe. Il demande plus de compétences techniques. On ne peut plus gérer une exploitation comme il y a vingt ans. »
« Un pousse-au-crime »
« Avec des variations de prix aussi fortes, il faudra admettre de produire à perte certains mois et d’autres, de gagner beaucoup. Les producteurs de porcs connaissent cette variabilité. Cela réclame de l’anticipation (connaître l’économie de sa filière) et une exploitation capable de s’adapter à la variabilité : quel est mon coût marginal selon les places dans le bâtiment et les fourrages disponibles ? Mes annuités, donc mes charges de structure, sont-elles maîtrisées ? Ces charges de structure participent au tiers du coût de revient. Or, la fiscalité actuelle est un pousse-au-crime. Il faut davantage réfléchir à l’intérêt qu’il y a à louer du matériel ou à “faire faire” plutôt qu’à s’équiper. Cela apporte de la souplesse. »
Le raisonnement de la trésorerie est un élément clé pour résister aux périodes de prix bas. « Il faut garder du cash. Ce que j’appelle la trésorerie de sérénité pour passer une crise moyenne de douze mois. Jusqu’à combien ma trésorerie peut-elle baisser et combien de mois faudra-t-il pour la reconstituer ? Certains éleveurs ont besoin de trois ans pour se refaire, ce n’est plus possible dans ce nouveau monde. »
(1) Produit moins charges de fonctionnement hors travail.
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