Les exploitations d’élevage représentent les deux-tiers des disparitions de fermes entre 2010 et 2020, soit 63 500. Pourquoi une telle désaffection ? Le Conseil économique, social et environnemental, qui a rendu le 16 janvier un avis sur l’avenir de l’élevage en France, identifie deux causes principales à ce déclin.
D’une part, l’impact environnemental d’un secteur souvent pointé du doigt pour les émissions de gaz à effet de serre qu’il entraîne, sa responsabilité dans la pollution de l’eau aux nitrates, et parfois la déforestation liée à l’importation d’aliments pour animaux, des considérations qui modifient la consommation. D’autre part, la pénibilité et les contraintes du métier, associées à un faible revenu, freinent l’installation de jeunes éleveurs alors que les départs à la retraite s’accélèrent dans la profession.
Face à ces problématiques, le Cese a voté le 16 janvier un avis, « relever les défis de l’élevage français pour assurer sa pérennité », riche de 12 propositions. « Un défi majeur pour nous est de réussir à maintenir le plus grand nombre de fermes de polyculture-élevage en France, en particulier là où d’autres productions ne sont pas possibles, alors qu’un tiers des surfaces agricoles françaises sont des prairies, et de réintroduire ce modèle dans les territoires où il a disparu », expliquent les deux rapporteurs de l’avis, Marie-Noëlle Orain et Anne-Claire Vial. En parallèle, mieux faire comprendre les enjeux de l’élevage aux citoyens français apparaît comme un levier, notamment pour réduire les importations de viande, ajoutent-elles.
Mobiliser la recherche
Les propositions de l’avis sont structurées autour de trois axes, le premier volet étant celui de la recherche. Les rapporteurs insistent notamment sur l’importance de la relation entre chercheur et éleveur, et la nécessité de développer « la démarche éleveur-innovateur », pour mieux associer les professionnels aux travaux de recherche.
La co-construction avec les éleveurs s’avère par ailleurs importante pour la mise au point de méthodes d’évaluation des impacts climatiques et environnementaux des différents modes d’élevage afin de « parvenir à des données systémiques fiables et partagées et, ainsi, de déterminer et privilégier les types d’élevage vertueux à encourager », indique le Cese qui pointe les limites de l’approche ACV (analyse du cycle de vie). « Voir que le calcul de l’ACV est identique pour un camion ou pour une vache nous a profondément frappées », souligne les rapporteurs.
Plus globalement, le Cese préconise la construction d’un « métaprogramme pluriannuel de recherche, fondamentale et appliquée »
Faire de la polyculture-élevage une priorité de la Pac 2027
Le rôle des politiques publiques est évidemment incontournable pour pérenniser l’élevage, et l’avis préconise ainsi de réfléchir à une réforme de la Pac 2027 qui accorde une priorité « au soutien de la polyculture-élevage, de la durabilité des élevages et de la lutte contre le changement climatique ». Le rôle des programmes d’action régionaux devrait également être renforcé pour un meilleur accompagnement des transitions de l’élevage.
Par ailleurs, le Cese insiste sur l’importance de la mise en place de clauses miroirs dans les accords commerciaux.
Un consommateur mieux informé
Enfin, dernier axe de l’avis, celui portant sur l’information et la sensibilisation du consommateur, dès l’école où l’enseignement de la place de l’élevage « au sein des cycles naturels » pourrait être abordée, mais aussi dans les lieux de consommation grâce à un étiquetage efficace de l’origine des viandes et des produits laitiers.
L'avis a été adopté à 115 voix pour, et 2 abstentions.
Il intègre 5 % de pommes de terre dans son silo de maïs ensilage
Fermeture de l’export de bovins : « les acheteurs vont en profiter pour faire baisser les prix »
Tendances saisonnières : l’hiver 2025-2026 sera-t-il pluvieux ou sec ?
Récolte 2025 : « une situation particulièrement alarmante » pour les producteurs de maïs grain
Y a-t-il vraiment un plafond de verre pour le prix de la viande bovine ?
Le Grand Ouest met la main à la poche pour la recapitalisation bovine
Logettes ou aire paillée ? Comment sont logées les vaches laitières françaises
Après la Prim’Holstein, la Génétique Haute Performance débarque en Normande
Avec 1 % de marge nette, l’industrie laitière française « fragilisée »
À Versailles, les agriculteurs de la FNSEA/JA veulent interpeler Emmanuel Macron