Un foyer de grippe aviaire H5N8 a été détecté dans un élevage de canards du sud-ouest de la France, haut-lieu de production de foie gras, privant le pays de la possibilité d'exporter hors d'Europe ce met très prisé pendant les fêtes de fin d'année.
Ce virus, « inoffensif pour l'homme » mais « hautement pathogène » pour les oiseaux, a été repéré dans la commune tarnaise d'Almayrac (sud-ouest), a annoncé vendredi le ministère de l'agriculture. Dans l'exploitation concernée, une forte mortalité des canards (2 000 sur les 5 000 élevés sur le site) avait été signalée et a entraîné des prélèvements pour analyse en début de semaine. L'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, a confirmé jeudi la présence d'un « premier foyer d'influenza aviaire hautement pathogène H5N8 », rapporte le ministère. Le virus avait déjà été détecté le 26 novembre dans le Pas-de-Calais sur des canards sauvages.
La présence de la maladie dans un élevage « ne permettra pas à la France de recouvrer le 3 décembre, comme envisagé, son statut indemne d'influenza aviaire », rappelle le ministère dans un communiqué. Un statut indispensable pour exporter volailles et foie gras hors de l'Union européenne, notamment vers le Japon, premier importateur mondial de foie gras. Or, les exportations de volaille représentent environ 6 % des ventes totales de la filière française. « Il y aura du foie gras pour la fin de l'année. La seule chose que ça remet en cause c'est le statut indemne qui permet ensuite de pouvoir exporter sans aucun problème », a tenu à rassurer le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll en déplacement au Mans.
La France, premier producteur mondial de foie gras, a perdu le statut de zone indemne vis-à-vis de la grippe aviaire à la suite d'une épizootie fin 2015 et espérait le récupérer en fin de semaine. Cette épidémie avait durement touché les professionnels du foie gras en causant une perte de 25 % de la production et une hausse structurelle des coûts de production liée aux nouvelles mesures de biosécurité appliquées dans les élevages.
EN lien avec la présence de la maladie chez les oiseaux sauvages, en pleine période de migration
Or ce statut de zone indemne est indispensable pour pouvoir exporter volailles et foie gras dans de nombreux pays hors d'Europe, comme le Japon. « Pour autant, les normes internationales de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), sur la régionalisation des maladies animales doivent s'appliquer, et les exportations des produits de l'aviculture française doivent se poursuivre », soutient le ministère. Pour le président des conserveurs-producteurs à la ferme, Pierre Lava, installé dans le Gers, ne pas retrouver le statut indemne n'aura toutefois « aucune conséquence » pour les petits producteurs car « si certains exportent en Europe, ils ne peuvent pas exporter hors de l'Europe » de toute façon, en raison des coûts que cela représente.
Pour expliquer la résurgence de cette maladie, le ministère rappelle que de nombreux cas ont été déclarés en Europe ces dernières semaines et que « le rôle des oiseaux migrateurs apparaît prépondérant dans la diffusion de ce virus ». Ces nouveaux cas ne présentent toutefois aucun lien avec l'épisode survenu l'an dernier dans le Sud-Ouest de la France, où c'est une mutation d'un virus qui circulait sans provoquer d'hécatombe qui était en cause. « Il n'est pas étonnant d'avoir tous ces cas (de grippe aviaire, NDLR) en ce moment car ils sont tous liés à des oiseaux sauvages et on est en pleine période de migration d'hiver. Pour les pays d'Europe de l'ouest, ce sont notamment les animaux eurasiens qui, avec le froid, se rapprochent de zones où il fait meilleur pour passer l'hiver », avait expliqué cette semaine à l'AFP la directrice générale de l'OIE, le Dr Monique Eloit.
Protection renforcée
La Direction départementale de la protection des populations du Tarn a immédiatement mis en place les mesures de gestion et de protection prévues par la réglementation européenne, pour endiguer cette épizootie. Les canards de l'exploitation infectée vont être abattus. Suite à une enquête de traçabilité en aval, des abattages préventifs d'animaux seront également réalisés dans les exploitations liées épidémiologiquement au foyer détecté. Une surveillance renforcée sera mise en place autour des exploitations, avec l'instauration d'une zone de protection de 3 kilomètres ainsi qu'une zone de surveillance de 10 kilomètres.
En 2015, la France avait exporté près de 5 000 tonnes de foie gras, sur les 19 200 tonnes produites dans l'hexagone. La production a fortement baissé en 2016, en raison d'un arrêt de la production de quatre mois, et moins de 14 500 tonnes de foie gras seront proposées sur le marché en 2016, selon l'interprofession. Sur les six premiers mois de 2016, les exportations de foie gras cru étaient en baisse de 27 % à 725 tonnes et celles de foie gras transformé en recul de 15 % à 263 tonnes, ajoutent les professionnels.
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