« Le sans antibiotiques, on est dans les pionniers, le sans antibiotiques grâce aux algues, on est les premiers au monde », explique sous un beau soleil Thomas Pavie, un des directeurs de Breizh Algae Invest, le fonds d'investissement lancé par le groupe Olmix, spécialiste des biotechnologies marines, pour accompagner le développement de la filière algues dans l'Ouest. Certains éleveurs, face à l'attente des consommateurs mais aussi par conviction, se sont mis aux médecines alternatives pour soigner leurs animaux, comme l'homéopathie, l'aromathérapie ou les huiles essentielles, mais encore aucun n'avait utilisé les algues.
D'autres solutions sans antibiotiques existent également, mais à base d'acides organiques, et donc chimiques ou à base d'OGM. Les poulets proposés gratuitement à la dégustation ne sont pas exclusivement nourris aux algues, la base de leur alimentation restant les céréales, auxquelles ont été ajoutés des additifs alimentaires à base d'algues brunes, rouges ou vertes. « Nous avons extrait des algues des composants que nous avons identifiés comme stimulant le système immunitaire », précise Pi Nyvall Collen, responsable Recherche et Développement chez Olmix.
Viser le marché chinois
La laitue de mer contient en effet des antioxydants, des protéines et des minéraux à même de renforcer le système immunitaire des animaux, qui, du coup, n'ont plus besoin de recevoir des antibiotiques, administrés souvent de manière préventive et dont l'usage intensif peut conduire à une antibiorésistance. Breizh Algae Invest, la Chambre de commerce de Morlaix et le Britannique MS Food ont sauvé de la faillite en décembre dernier l'abattoir de volailles Tilly-Sabco, situé à Guerlesquin (Finistère) et qui emploie désormais 200 personnes, en le rachetant avec le projet de produire du poulet sans antibiotiques grâce aux algues. Depuis début mars, « 3,2 millions de poulets sont sortis de l'abattoir dont 500.000 nourris aux algues », indique M. Pavie, précisant travailler avec une dizaine d'éleveurs, un nombre appelé à croître selon lui.
« On a de la demande », assure-t-il, indiquant viser les marchés asiatiques et plus spécifiquement le marché chinois, tout en disant s'intéresser au marché de la grande distribution en France. « On est sur un marché de niche », reconnaît le dirigeant, soulignant cependant que la Chine, « ce sont dix millions de millionnaires en dollars, et Shangai 500.000, soit autant que la population de Lyon, donc, moi, la niche shanghaienne m'irait très bien ! » s'amuse-t-il. « En Chine, la problématique des antibiotiques est bien réelle », explique Qijun Wang, un investisseur de la région de Qingdao, en affaires avec le groupe Olmix, une assiette de poulet aux algues devant lui. « Il y a une importante classe sociale en Chine qui peut et veut acheter des produits de qualité », poursuit-il, mettant en avant la « réputation de la cuisine française ».
« C'est un bon poulet et le fait qu'il soit sans antibiotiques c'est un bon principe », témoigne, une casquette vissée sur la tête, Serge Viviand, venu de Morzine, en Haute-Savoie. « Je ne sais pas si au niveau du goût, en revanche, il y a une différence avec un poulet normal... », concède-t-il. « Si vous vous attendez à trouver un goût d'iode, non, ce n'est pas le cas », prévient M. Pavie, qui espère dans un second temps parvenir à nourrir exclusivement ou quasi exclusivement les poulets avec des algues.
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