Les conseils du champion de France de pose de clôture électrique

Championnat de France 2025 de pose de clôture électrique Patura
Sept éleveurs se sont affrontés pour le titre de champion de France de pose de clôture électrique. Des critères techniques, ainsi que la rapidité d'exécution ont permis au jury de les départager. (©Terre-net Média)

Au Salon de l’herbe, sept agriculteurs se sont essayés à une version très agricole du planté de bâton. Organisé avec humour par Patura, le championnat de France de pose de clôture électrique permet de mettre à l’honneur le pâturage, et de distiller quelques précieux conseils.

Mercredi 21 mai à Villefranche-d’Allier, Simon Dumontet a été sacré champion de France de pose de clôture électrique. Une distinction remise par Pâtura, une entreprise spécialisée dans les équipements de pâturage à l’occasion du Salon de l’herbe.

Si le titre prête à sourire, « la pose de clôture demande un vrai savoir-faire », rappelle Philippe Jolivet, directeur commercial du groupe. Et les visiteurs n’ont fait que souligner l’expertise des éleveurs en lice : « je voudrais bien que le dernier d’entre eux vienne faire les clôtures chez moi ! » entend-on autour de la parcelle.

L’édition a été marquée par des conditions climatiques assez rudes. « Le sol est très sec », constate un spectateur, alors que les compétiteurs s’affairent pour poser le premier poteau d’angle, bêche à la main. Le règlement est strict : aucune aide mécanique n’est tolérée. « C’est peut-être la plus grosse différence avec les installations en ferme, ou les enfonce-pieux sont d’un secours précieux », décrypte Philippe.

90 kg de tension sur les poteaux d’angle

Cette première étape conditionne la robustesse de l’installation tout entière. « C’est très important de l’enfoncer suffisamment », poursuit le conseiller. Sur les 2,50 m de pieu, seul 1,10 m dépasse de terre. « Le poteau de tête conditionne la tenue de la clôture tout entière. Il supporte autour de 90 kg de tension ». Bien installé, il peut rester en place tout une carrière d’éleveur.

Arrive ensuite la pose des fils : un conducteur de 2,5 mm de section. Pour ce faire, les éleveurs fixent d’abord des isolateurs de traction en porcelaine. « Il en existe en plastique, mais la porcelaine vieillit mieux », détaille Philippe. Vient ensuite la pose des ressorts et des tendeurs, ainsi que la mise en place des raccords de fils.

Des raccords plats pour un maximum de contact

Pour chaque opération, une attention toute particulière est apportée aux nœuds. Et la pose de clôture n’a rien à envier aux nœuds marins. « L’objectif, c’est d’avoir des raccords plats pour avoir le plus de contact possible entre les fils ».

Un tendeur rotatif permet de mettre les fils en tension. Un ressort, quelques mètres plus loin, apporte de la souplesse à l’ensemble. « On compte un couple ressort-tendeur par ligne droite de 600 m, ou pour trois angles droits avec 300 m de fil », précise l’expert.

Vient ensuite la pose des piquets intermédiaires. Ici, des piquets en bois très dense. « C’est un matériau spécifique qui ne connaît pas d’infiltration d’eau, et n’est donc pas conducteur ».

En ferme, les agriculteurs optent plus généralement pour des piquets en bois classique et installent des isolateurs plastiques en W. Compter 1 piquet tous les 15 m. Pas besoin de les enterrer trop profonds, ils servent essentiellement à maintenir la hauteur des fils. L’ensemble doit rester souple.

Sur la parcelle, les éleveurs courent pour grappiller quelques secondes, alors que les premiers en sont déjà à l’électrification du système. Les plus avancés relient les trois fils électriques avec un boulon d’assemblage, avant de brancher l’électrificateur sur les fils. Un poteau de terre est installé à quelques mètres.

La qualité de pose s’améliore d’années en années

Les concurrents ont mis un peu moins de deux heures pour réaliser une petite centaine de mètres de clôture. Une performance soulignée par Jean-Paul, président du jury. Le retraité de chez Patura a insisté sur la qualité du travail : « il y a quelques années, nous avons connu des débuts épiques avec de très gros écarts de niveau. Ça fait plaisir de voir que tout le monde a progressé ».

Mètre à la main, il inspecte avec un collègue les sept installations. Nœuds, tension du fil, implantation du poteau d’angle… Tout est passé au crible pendant plus d’une heure pour obtenir une note sur 200. Cette année, seuls 30 points séparent le premier du dernier : « un score serré » qui témoigne de la démocratisation de la pratique.

D’autant que la première place s’est jouée dans un mouchoir de poche. C’est avec seulement un point d’avance que Simon Dumontet a détrôné Michel Pessot, jusqu’alors détenteur du titre. Et si tous concourent pour le folklore, la victoire reste un enjeu après deux heures d’épreuve ! « C’est ma dernière participation, j’aurais bien aimé partir avec le titre », confesse Michel, invaincu depuis plusieurs éditions. Mais Simon savoure sa première place, « je voulais battre Michel. Il était indétrônable ! »

Il faut admettre que Simon a eu de quoi s’entraîner à domicile. Éleveur bovin en Saône-et-Loire, il entretient ses clôtures sur par moins de 105 ha. Chez lui, fini le barbelé, tout est électrique.

Au-delà du folklore, il voit dans le concours une manière de mettre en avant les systèmes herbagers. « On montre que ça n’est pas si compliqué que ça de faire des clôtures ». D’autant que l’électrique apporte de la souplesse. « Il faut un peu de technique, mais une fois qu’on a compris comment ça marche, ça va assez vite. On n’aurait jamais pu faire 80 m de barbelé en moins de 2 h. Et puis pas besoin d’être aussi précis à la maison qu’au concours ».

Le coût est le second avantage de ce type d’installation. « Il faut moins de matériaux », estime Philippe. Un piquet en bois tous les 15 m peut suffire, là où le barbelé est beaucoup plus exigeant. « C’est à peu près trois fois moins cher », estime le commercial. « Ça reste tout de même un investissement », tempère l’éleveur.

Une place pour les championnats du monde

L’aventure n’est pas terminée pour Simon. Sa première place au championnat de France le qualifie pour le championnat du monde de la discipline, organisé par Patura sur un salon allemand. L’occasion de se confronter à la fine fleur des poseurs de clôture étrangers. « Là-bas, ça ne rigole pas : les jurys notent les installations avec des pieds à coulisse », avertit l’ex-détenteur du titre.

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