Les chiffres clés pour bien dimensionner son système de pâturage

Vache Holstein eu pâturage
1 cm d'herbe sur 1 ha équivaut à 250 kg MS de fourrage. Reste ensuite à optimiser le stade de pâturage pour améliorer la valeur alimentaire de l'herbe sur pied. (©Terre-net Média)

Dans un webinaire, Maddalena Moretti, conseillère prairies chez Littoral Normand, pose les bases pour bien dimensionner son système de pâturage. Car même avec un petit parcellaire, des solutions existent pour profiter des bienfaits de l’herbe sur pied.

« Le pâturage, c’est l’art de faire se rencontrer la vache et l’herbe au bon moment », écrivait André Voisin en 1957. Aujourd’hui, le principe reste inchangé et Maddalena Moretti, conseillère références prairies chez Littoral Normand nous donne ses astuces pour passer de l’art à la pratique !

Pâturer de l’herbe jeune

« On dit souvent que l’herbe est adaptée aux besoins des bovins, mais en réalité, c’est un peu le contraire » sourit la conseillère. « La physiologie de la vache est adaptée, par des millions d’années d’évolution et de sélection naturelle, à utiliser l’herbe comme aliment ». Bref, la vache est faite pour l’herbe, mais il reste des marges de manœuvre dans les mains des éleveurs. En travaillant sur les stades de pâturage, il est possible de rapprocher le plus possible les valeurs alimentaires du fourrage, aux besoins physiologiques de la vache.

Et pour ce faire, préférer de la petite herbe. « La valeur alimentaire est meilleure lorsqu’elle est utilisée avec une hauteur inférieure à 9 cm ». L’herbe est alors proche des 0,98 UFL et des 17,8 % de MAT. Entre 9 et 12 cm, les valeurs alimentaires se détériorent pour approcher les 0,91 UFL et 16,9 % de MAT. Entre 12 et 14 cm, compter 0,86 UFL et 14,5 % de MAT.

Un délai de retour de 25 jours au printemps

Mais s’il est tentant de toujours pâturer de la petite herbe, attention à bien respecter les délais de retour. « La prairie ne maintient son potentiel de production que si l’on respecte son temps de repos ». Cela s’explique par une relation importante entre la hauteur de l’herbe, et la production de matière sèche. « Au 20 mars, une parcelle avec de l’herbe à 4 cm donne 20 kg MS/j. À la même date, une parcelle à 6,5 cm va donner 55 kg MS/j, soit 2,5 fois plus » précise la conseillère. Autrement dit, plus la parcelle est courte, moins elle produit de matière sèche.

« Après la fauche, l’herbe produit peu. Elle a besoin de piocher dans ses réserves pour former des nouvelles feuilles. Mais lorsqu’elles sont formées, la surface photosynthétisante augmente et propose de plus en plus d’énergie à la plante. On observe une flambée de la croissance, jusqu’à une phase de plateau où la quantité d’herbe plafonne. À partir de ce stade chaque nouvelle feuille produite est compensée par la perte d’une ancienne, qui meurt. Il n’y a plus d’augmentation nette sur la parcelle ».

Tout l’enjeu est d’assurer un temps de retour suffisant pour permettre à la plante de regagner en vivacité, tout en gardant des valeurs alimentaires intéressantes. « Au printemps, on vise un temps de retour de 25 jours. En été, la croissance est plus lente. On part alors sur une période de 50 jours ».

Pas plus de 3 jours par paddock

Le découpage des parcelles dépend du type de pâturage que l’on souhaite mettre en place (continu, tournant, ou encore rationné avec fil avant…), mais aussi du temps que passent les vaches dehors.

« On conseille généralement un maximum de 3 jours par paddock », précise Maddalena. « Si l’on considère un niveau de production à 100 % le premier jour de présence sur le paddock, on observe une légère augmentation le deuxième jour du pâturage, du fait de l’entrée sur la nouvelle parcelle la veille ». Le troisième jour correspond ensuite à un retour aux valeurs initiales, puis une baisse de la production se laisse observer au fur et à mesure, et ce, même si la taille du paddock est proportionnelle au nombre de jours de présence des animaux. « Si l’on reste trop sur une même parcelle, les vaches se focalisent sur les espèces les plus appétantes. Elles les consomment au démarrage, puis en mangent les repousses, ce qui conduit à un surpâturage de ces plantes, et au refus d’autres fourragères ». À terme, cela conduit à dégrader la flore prairiale.

La surface disponible par vache est un autre facteur limitant. « 1 cm d’herbe pâturé, c’est 250 kg MS/ha » rappelle Maddalena. Proposer une parcelle d’un hectare avec 13 cm d’herbe, et ressortir les vaches à 6 cm revient à proposer 1 750 kg MS à ses vaches. Avec un niveau d’ingestion de 17,5 kg MS par jour, on peut donc compter 1 are par vache. « Avec un temps de repos de 25 jours au printemps, il faut octroyer 25 ares par vache pour assurer une rotation. En été, avec un temps de retour de 50 jours, compter 50 ares ».

Découper son parcellaire selon son chargement

Mais pour la conseillère, « il ne faut pas se priver du pâturage, même avec une petite surface ». Si l’on a moins de 25 ares par vache, il faut miser sur la complémentation à l’auge. « Tout l’enjeu est d’éviter le gaspillage ». Pour ce faire, calculer la taille des parcelles selon le temps de repos nécessaire, et non selon les besoins des vaches. « On peut couper le parcellaire en 8 parcelles sur lesquelles les vaches restent trois jours, 13 parcelles pour deux jours… Et surtout, gérer la ration distribuée à l’auge selon des mesures à l’herbomètre pour avoir une complémentation aux petits oignons ».

Avec plus de 25 ares par vache, l’enjeu est de gérer les excès, via la fauche au printemps, et le temps de repos lorsque la pousse ralentie. « On peut faire le choix du 100 % pâturage par période, ou si on le souhaite, maintenir un peu d’apports à l’auge pour ne pas limiter la production laitière ».

Les fauches permettent alors de garder de l’herbe de qualité et d’optimiser la valeur alimentaire de l’herbe pâturée. Encore une fois, l’herbomètre est un précieux allié. « Il peut être couplé à un logiciel de gestion du pâturage, pour effectuer des prévisionnels de croissance et des simulations » précise Maddalena.

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Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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