Florent Cotten (éleveur et co-fondateur de Pâturesens) conseille aux éleveurs (laitiers et allaitants) qui souhaitent s'initier au pâturage dynamique d'y réfléchir dès cet hiver. Selon lui, « ça laisse le temps de se former, de revoir les bases, de préparer le matériel et de monter les clôtures pour entamer la saison d'herbe en tout sérénité ».
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« Pour se lancer dans le pâturage de précision, il faut être capable de remettre en question ses pratiques et les connaissances qu'on a actuellement sur l'herbe. Il faut être ouvert d'esprit et motivé pour avancer. » Ce sont les premiers conseils de Florent Cotten, éleveur et cofondateur de l'entreprise Pâturesens qui accompagne les éleveurs désireux d'améliorer leur exploitation de l'herbe.
L'hiver vous laisse le temps de découvrir des systèmes déjà en place, se former et installer les clôtures.Selon lui, l'hiver est la bonne période pour réformer son système : « Les éleveurs peuvent se rendre à quelques portes ouvertes et découvrir des élevages qui sont déjà en pâturage tournant dynamique. Il participent ensuite à des formations pour revoir les bases botaniques et agronomiques, les notions de stades d'entrée et de sortie, le temps de séjour et de retour, etc. Cela leur permet de maîtriser la théorie et de passer à la pratique. Ils auront alors le temps de monter les clôtures et de préparer le matériel pour être enfin prêts dès la mise à l'herbe. Ensuite, on leur propose un accompagnement personnalisé pendant la saison. »
Une bonne gestion et du matériel adapté
Dans la mise en place du matériel, il faut penser au réseau d'eau, aux chemins d'accès et aux clôtures. Pour ces dernières, l'expert est formel : il faut se tourner vers des clôtures électriques facilement déplaçables. Pour l'eau, plusieurs options sont envisageables : déplacer les bacs d'un paddock à un autre ou avoir des bacs fixes. « La position de l'abreuvoir a un rôle conséquent sur la répartition des bouses. Celle-ci doit être homogène. Le bac dans le couloir n'est par exemple pas la bonne option. »
Concernant les chemins d'accès, Florent est partagé : « La stabilisation n'est pas systématique : ça dépend de la taille du troupeau, du nombre de paddocks desservis, si on est en sortie de la stabulation, etc. On stabilise le chemin quand on est sûr de sa position. Ça permet d'aller chercher l'herbe quand on en a besoin sans être dans la gadoue, ce qui pourrait poser de sérieux problèmes. Certains stabilisent en béton, d'autres avec du bitume ou encore des caillebotis ; on fait avec ce qu'on a ! »
Le potentiel de la prairie et la gestion de l'herbe définissent le chargement.« Si le matériel a son importance, il ne fait pas tout. C'est la gestion de l'herbe qui prime. Le chargement, question qui revient souvent, dépend du système qu'on veut monter. On a par exemple des éleveurs qui ont 15-20 ares/vache et qui les valorisent très bien et d'autres qui peuvent être à 60 ares mais qui les valorisent mal. Ça dépend du potentiel de la prairie et de la gestion qu'on applique pendant la saison. En général, entre 10 et 15 ares/vache, on est sur de la mi-ration et à partir de 25 ares/vache, on peut aller vers du dynamique. »
Exploiter l'herbe sur pied mais ne pas oublier de faire du stock
Si la sécheresse a impacté beaucoup d'éleveurs cette année, Florent estime : « Tous n'ont pas été pénalisés. Ces risques climatiques peuvent s'anticiper : il faut voir ça au niveau de la surface mise à disposition, du chargement et indirectement au niveau des flores qu'on implante. On se tourne vers des flores plus estivales dans certaines zones : luzerne, chicorée, plantain... L'objectif de ces plantes est bien de pousser l'été, c'est un aspect sur lequel on essaie de travailler davantage avec les éleveurs que nous suivons. »
S'il est économique d'exploiter l'herbe sur pied, le stock n'est pas à négliger : « Dans la gestion au jour le jour, il est fréquent de devoir débrayer certains paddocks, même s'il s'agit petites quantités (1,5 - 2 t/ha). Cela permet de faire du stock de qualité pour l'hiver. On a fréquemment recours à la fauche, même en pâturage dynamique. »
Des Vaches allaitantes à l'herbe à peser plus fréquemment
De façon générale, on met souvent en avant des systèmes laitiers basés sur l'herbe mais les allaitants parviennent eux aussi à sortir de bons résultats. « On accompagne plusieurs fermes et groupes de formation en systèmes allaitants et on observe des performances tout à fait satisfaisantes avec des GMQ importants mais cela ne se remarque que par la pesée. »
Florent conseille aux éleveurs allaitants de peser davantage pour être plus pointus dans leur gestion : « Les systèmes laitiers au pâturage ont vite progressé car on a un indicateur deux fois par jour avec la traite ; on se rend vite compte de la conséquence de l'alimentation sur la production animale. En allaitants, on est un peu plus en retard car on ne fait qu'une à deux pesées par an. Il faudrait qu'on pèse davantage pour mieux se rendre compte et être plus rigoureux. »
Selon l'expert, « les marges de manœuvre sont importantes en bovins viande car on sous-estime les performances animales qu'on peut faire à l'herbe. » Sur des animaux très conformés avec des besoins supérieurs, il explique : « Ils peuvent eux aussi être conduits à l'herbe mais pour la finition, il faudra sûrement se tourner vers la "croquette". La question à se poser est plutôt : "est-ce que les schémas de sélection actuels correspondent à mon système ?" Il y a d'autres races aujourd'hui qui sont mieux adaptées à une finition à l'herbe. Certains commencent à changer de races et partent sur des plus petits gabarits afin d'avoir une ration plus typée herbe. »
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