« C'est cette course à l'économie qui conduit à des aberrations. » Ainsi parlaient l'artiste et éleveur Jean Rochefort et le vétérinaire Jean-Pierre Kieffer mardi 6 janvier sur France Inter. Les deux invités de l'émission prônent conjointement "l'éducation" des consommateurs et les méthodes d'élevage non intensives. Que l'on soit d'accord ou non, voici une façon de débattre avec un regard constructeur et non dénonciateur sur les agriculteurs. Plusieurs agricultrices ont d'ailleurs témoigné. L'émission est disponible en archive audio sur internet.
Pas question d'attaquer les éleveurs. Pas de sensiblerie non plus. Le ton est donné d'entrée de jeu par Jean Rochefort lors de l'émission « Alter ego » de Patricia Martin du mardi 6 janvier sur France Inter. Bien souvent on impose aux éleveurs des conditions d'élevage qui ne conviennent pas aux animaux mais qui ne plaisent pas aux éleveurs non plus, poursuit le second invité Jean-Pierre Kieffer, vétérinaire et président de l'association Oaba (Oeuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs).
Acteur mais aussi éleveur de chevaux, Jean Rochefort lancera plus tard au cours de l'émission : « Il faut que nous retrouvions nous éleveurs la fierté de ce que nous sommes, de ce que nous faisons. » Et de parler à plusieurs reprises de l'honneur du métier d'éleveur. Pour lui comme pour Jean-Pierre Kieffer, « c'est la consommation, c'est cette course à l'économie qui conduit à des aberrations »
« Jean Rochefort a raison de citer un responsable qui est le consommateur » explique Jean-Pierre Kieffer. Le vétérinaire dénonce ceux qui mangent de la viande deux fois par jour, ou encore les amateurs de viande de veau blanche (alors que cela impose une anémie du veau). Selon les deux invités, il faut que le consommateur soit éclairé, mieux informé.
L'animatrice de l'émission, Patricia Martin, rappelle que le nerf de la guerre est économique : tant qu'il y aura des produits peu chers, le consommateur le moins aisé continuera de les acheter, même s'ils sont "mal produits". Dans ce cas il est aveugle sur les conditions de production.
Mais il n'est pas normal non plus qu'il y ait la nourriture du pauvre et celle du riche. « Nous avons inventé le poulet du pauvre, le porc du pauvre, le porc du riche, le poulet du riche... C'est inadmissible » dénonce Jean Rochefort. « Il n'y a pas de raison que l'on fabrique des animaux pour pauvres et des animaux pour riches. (...) Nous, les prédateurs, nous fabriquons (un animal) qui coûtera moins cher, qui n'aura aucun goût, dont les os sont complètement mous (...). Le monde est à l'envers. »
Si Jean rochefort estime que les éleveurs n'ont pas forcément le choix, il les appelle quand même à changer leurs pratiques. |
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Reste qu'il faut pouvoir changer, économiquement. « Il faut des encouragements économiques pour les éleveurs qui veulent changer de méthode » affirme le vétérinaire. Et d'ajouter qu'il faut selon lui plus de contraintes pour les autres.
Dans cet esprit, l'Oaba remet régulièrement des prix à des éleveurs (voir les agriculteurs primés sur le site de l'Oaba en cliquant ICI). Cela aurait peut-être pu être le cas de cette agricultrice du Lot-et-Garonne, Martine, témoignant par téléphone pendant l'émission de sa production : des volailles de qualité en vente directe. Avec le souhait de faire découvrir aux gens, notamment aux enfants, ce qu'est le poulet de qualité. Le tout avec une bonne qualité de vie. Mais « si je peux me permettre cela c'est parce que mon mari travaille à l'extérieur » précise-t-elle.
Quelques minutes auparavant, Françoise rappelait que l'éleveur est un homme qui connaît et aime ses animaux, qu'il a mal au coeur quand ils souffrent ou qu'ils meurent, comme pendant la sécheresse ou lors de l'abattage de troupeaux entiers pendant la crise ESB... Selon elle on ne le dit pas assez.
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