Pourquoi H5N1 est-il inquiétant ?

L'expansion géographique de la grippe aviaire asiatique jusqu'en Russie et au Kazakhstan, quasiment aux portes de l'Europe, rend encore plus inquiétant l'agent H5N1, à chaque fois en cause dans ces foyers épidémiques dont le front s'étend dans le monde.

C'est cette expansion géographique qui préoccupe les épidémiologistes. Plus la circulation du virus H5N1 de la grippe aviaire se prolonge, plus le risque d'infection humaine augmente, de même que le risque de voir le virus acquérir la capacité de se transmettre facilement d'humain à humain, et déclencher une pandémie (épidémie mondiale), selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'organisme humain n'aurait aucune défense immunitaire (anti-corps) contre ce nouveau virus, inconnu de lui.

La grippe aviaire (grippe du poulet, peste des oiseaux), provoquée par une souche A du virus grippal (H5, H7, H9..) a été identifiée il y a plus de 100 ans en Italie. Mais les premiers cas connus de passage direct d'une souche H5N1 à l'homme sont survenu à Hong Kong (18 cas d'infection respiratoire, 6 morts) en 1997. Ces virus aviaires sont excrétés par les oiseaux infectés au niveau respiratoire et digestif. Plumes souillées par les fientes et poussières contaminées par des particules de fèces sont des sources potentielles de contamination de l'homme.

Jusqu'à présent les flambées de grippe aviaire ont été causées par des virus hautement pathogènes pour la volaille, H5 et H7. En 2003, aux Pays-Bas, une épidémie due à une souche H7N7 a conduit à l'abattage d'environ 30 millions de volailles. 83 cas bénins (conjonctivites) ont été décelés chez des personnels d'élevages ou d'abattage et un vétérinaire est décédé.

Mais pour l'heure parmi les virus de grippe aviaire, « le H5N1 est le plus inquiétant », selon les experts. Les variants de H5N1 ont montré leur capacité à infecter directement l'homme en 1997 et ont récidivé au Vietnam en janvier 2004. Le H5N1 a déjà entraîné plus de 60 décès d'êtres humains depuis 2003. Aucun cas humain n'a été rapporté en Russie.

La propagation de l'infection chez les oiseaux augmente les possibilités d'infection directe de l'homme. Les oiseaux sauvages ou aquatiques servent de longue date de « réservoir » de virus grippaux. « L'émergence d'un virus pandémique a plus de chance de survenir en Asie, en Asie du Sud-Est, que dans des pays industrialisés », remarque cependant Jean-Thierry Aubin, directeur adjoint du centre national de référence de la grippe (Institut Pasteur, Paris). L'Europe apparait mieux armée que l'Asie, selon les experts. On trouve en effet en Asie du Sud-Est des conditions correspondant à des « bouillons de culture » avec des relations entre différentes espèces (canards, volailles, cochons) et l'homme, ce qui favorise le brassage génétique du virus, explique-t-il. « Il n'y a pas un mais plusieurs virus H5N1, différentes sous-espèces », dit-il. La souche en Russie semble appartenir à la lignée chinoise, qui a provoqué la mort de milliers d'oiseaux migrateurs dans le centre de la Chine sur le lac Qinghai, et non à celle du Vietnam, relève-t-il.

« On n'avait pas l'habitude de voir mourir des oiseaux sauvages de la grippe », remarque François Moutou, vétérinaire de l'Afssa (agence française de sécurité alimentaire). Le porc ou l'homme grippé pourraient aussi servir de « creuset de mélange » (des virus aviaires et humains) d'où pourrait émerger un virus mosaïque, nouvel agent potentiel d'épidémie humaine. Si un tel virus pandémique apparaissait, il n'est cependant heureusement pas acquis « qu'il provoque une mortalité aussi grande que celle de la grippe espagnole de 1918-1919 qui a tué de 20 millions à 40 millions d'humains », relativise M. Aubin.

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