Découplage partiel des aides, maintien des prairies permanentes, la réforme de la Pac va imposer aux éleveurs allaitants de s’adapter. Vincent Gravet, conseiller bovins viande à la chambre d’agriculture de l’Oise livre ses impressions sur les évolutions possibles des systèmes.
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Vincent Gravet travaille sur le réseau d’élevage Haute Normandie Nord Picardie : « Les exploitations ont beaucoup évolué en taille, en surface et en système de production. De nombreux éleveurs ont augmenté en taille de cheptel et en surface en herbe. Nous avons vu aussi un développement de valeur ajoutée par la mise en place de la vente directe. Ce n’est pas de la diversification mais bien de la valeur ajoutée à une production initiale. » Il s’intéresse aux évolutions des systèmes allaitants avec la réforme de la Pac : « Nous avons mené 2 réunions de prospectives avec l’Institut de l’élevage et des éleveurs. Le souci reste le couplage et découplage des aides, qui risque de mener à la diminution des ateliers d’engraissement ». |
« Les éleveurs naisseurs ne sont pas prêts à perdre des vaches. Maintenant qu’il est interdit de retourner les herbages, il faudra que les surfaces en herbes présentes aujourd’hui le soient demain. Les naisseurs pourront augmenter leur nombre de vaches si les prix des brotuards restent au cours actuel ». Pour la question de la reprise d’herbage, plusieurs hypothèses sont envisageables suivant les régions et les systèmes. Les éleveurs de zones herbagères pourraient être tentés de reprendre des surfaces. Dans les zones de grandes cultures, sur lequel se situe le réseau d’élevage Haute Normandie Picardie, la situation est plus complexe : « S’il y a des primes sur des surfaces en herbes, oui, sinon les éleveurs ne sont pas intéressés pour reprendre des herbages pour une démarche allant vers l’extensification qui plus est, sans compensation financières ». La prime à l’extensification étant découplée, la reprise de surfaces en herbes non primées ne serait pas rentable.
L'engraissement aujourd'hui : c'est l'incertitude totale
Pour les naisseurs engraisseurs, le raisonnement change en fonction du type d’engraissement : « Les éleveurs naisseurs-engraisseurs sont prêts à augmenter leur cheptel : si les cours se tiennent, ils peuvent se permettre de diluer les primes en augmentant le nombre d’animaux. Ceci est tout à fait jouable. Pour les naisseurs engraisseurs de jeunes bovins, le découplage n’est pas un problème, le marché est très porteur. » Pour l’engraissement de bœufs, les éleveurs se retrouvent dans la même situation que les naisseurs. D’après Vincent Gravet, « il faut jouer la carte de l’autonomie alimentaire, avec une remise en cause de la gestion de l’herbe et des dates de vêlages adaptées ».
Le conseiller est plus inquiet quant à l’avenir de l’engraissement : « La prime bovin mâle va être découplée. Il n’ y a pas de certitudes sur la durée du paiement de ces primes découplées en l’absence de production, il faut être prudent. L’engraissement aujourd’hui : c’est l’incertitude totale ! »
Jouer la carte de l'autonomie alimentaire
Il dresse un bilan de la situation : « Si l’on veut du résultat technique et économique en élevage allaitant, on ne peut se baser que sur de la réflexion à moyen et long terme à cause des fluctuations du marché. Désormais, on va raisonner à la marge, qui on le sait, est directement dépendantes de la technicité de l’éleveur. Les éleveurs qui ne sont pas techniques en matière de sélection, de génétique, d’alimentation, de gestion de l’herbe et de gestion du marché ont des questions à se poser sur le pérennité de leur atelier. Les aides compensatoires ne seront plus l’élément essentiel de décision dans la bonne gestion d’un atelier. C’est l’opportunité de retrouver une vraie dynamique de production de viande bovine ».
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