L’alimentation pèse de tout son poids dans la consommation énergétique agricole

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L’alimentation pèse de tout son poids dans la consommation énergétique agricole

Quel est actuellement le poids des postes de consommation énergétiques dans les exploitations allaitantes et laitières ? L’institut de l’élevage s’est penché sur la question et a présenté les résultats le 13 octobre dernier, à l’occasion de la journée ‘Performances énergétiques des exploitations d’élevages herbivores’, organisée conjointement par l’Institut de l’élevage et l’Ademe.


« Comparativement à nos voisins européens, la France a besoin en
moyenne de 4 MJ/kg lait pour son système de production herbe/maïs,
derrière les Pays-Bas à 5 MJ/kg lait pour son système conventionnel,
mais devant l’Irlande (3,1 MJ/kg lait) et le Royaume-Uni (1,4 MJ/kg lait)
avec leur système herbager pâturant. » (© Terre-net Média)
80/20. C’est la répartition annoncée de la consommation énergétique agricole d’après l’enquête réalisée par les réseaux d’élevage en 2007. 80% de la dépense énergétique est à imputer à l’électricité (hors habitation), aux produits pétroliers (fioul, lubrifiant, gasoil, essence, gaz), aux fertilisants minéraux N-P-K et aux aliments achetés (fourrages, concentrés et prélevés). Les 20% restant sont du fait du matériel (8%), des bâtiments (6%) et autres dépenses (6%).

« Nous avons réalisé cette enquête auprès de 570 exploitations viandes, dont 453 bovins viande, et 625 exploitations laitières, dont 445 exploitations bovins lait », expliquait à la mi-octobre Emmanuel Beguin, de l’Institut de l’élevage, à l’occasion de la conférence sur les performances énergétiques des exploitations d’élevages herbivores, organisée conjointement par l’Institut de l’élevage et l’Ademe.

Atelier bovin viande

Dans la filière allaitante, l’énergie indirecte représente 60% des dépenses énergétiques globales. L’alimentation, avec 35%, est le premier poste en poids, devant les produits pétroliers (34%) et la fertilisation (entre 20 et 25%). « La caractéristique est une forte hétérogénéité rencontrée entre les élevages », expliquait Emmanuel Beguin. Ces écarts atteignent entre 0,6 et 1,2 giga joules (GJ) pour 100 kg de viande vive (Graphique 1), soit un écart variable de 25 à 45% dans tous les systèmes « en fonction essentiellement du type de fourrages récoltés » (Graphique 2).


Tableau 1 (© Réseau d'élevage)


Tableau 2 (© Réseaux d'élevage)

L’alimentation explique donc entre 30 et 70% les écarts observés par l’enquête menée en 2007 via le réseau ‘Elevage bovin viande’. « On note un manque d’autonomie fourragère en système ‘naisseur foin’ ; une surconsommation de concentrés en système ‘naisseur herbe-maïs’ et l’on peut enfin observer que les naisseur-engraisseurs jeunes bovins herbe sont très consommateurs de concentrés pour l’engraissement sans maïs, par rapport au système NE JB herbe-maïs. » 

Atelier bovin lait

Dans les filières laitières, l’énergie indirecte représente entre 55 et 70% des dépenses énergétiques globale, avec un poids prépondérant de l’alimentation (de 40 à 55%, 41% en moyenne), devant les produits pétroliers (24% en moyenne), l’électricité (19% en moyenne) et la fertilisation minérale (16%) en moyenne.

« L’alimentation pèse surtout en termes d’énergie pour produire et acheminer les concentrés achetés et pour produire les concentrés fermiers », précisait Emmanuel Beguin.

Dans ces exploitations enquêtées, il a fallu en moyenne 3,5 GJ/1000 litres de lait produit, avec « là-aussi des écarts liés aux systèmes fourragers, mais également et à la localisation » comme l’indique le Graphique ci-dessous.


Tableau 3 (© Réseaux d'élevage)

Entre les exploitations situées dans la moyenne et celles considérées comme ‘efficaces’, l’écart varie de 25 à 30%, soit 0,75 à 1 GJ/1000 litres. « En d’autres termes, 86% des écarts sont dus à l’énergie indirecte, entre 50-60% pour la part alimentation et entre 30-40% pour la part fumure. »
Comparativement à nos voisins européens, la France a besoin en moyenne de 4 MJ/kg lait pour son système de production herbe/maïs, derrière les Pays-Bas à 5 MJ/kg lait pour son système conventionnel, mais devant l’Irlande (3,1 MJ/kg lait) et le Royaume-Uni (1,4 MJ/kg lait) avec leur système herbager pâturant.

Interactions

« On voit bien à travers ces données que les marges de progrès sont très importantes, dans toutes les filières et pour tous les systèmes : en effet, entre les exploitations dites ‘efficaces’ et celles dites ‘moyenne’, l’écart moyen est déjà de 25 à 30% », détaillait Emmanuel Beguin.
Par ailleurs, que ce soit en bovin lait ou en bovin viande, l’énergie indirecte pèse de façon prépondérante dans ces marges de progrès, puisqu’elles représentent entre 55 et 85% de ces écarts ! « Toutefois, il faut moduler ces derniers car les postes ‘carburant’, ‘alimentation’ et ‘fumure’ ne sont pas sans interagir entre-eux, en fonction des systèmes fourragers et d’alimentation choisis par les éleveurs. »
Le positionnement des exploitations par rapport à ces moyennes françaises doit ainsi permettre « d’identifier les facteurs de variations des consommations d’énergie liés aux pratiques des éleveurs », et donc les leviers d’action. « Le fait notable est que les exploitations les plus économes en énergie par unité produite sont également les plus efficaces sur le plan économique. » Ceci devrait donc inciter les plus récalcitrants à se pencher sur la question…

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