Se préparer à la suppression des quotas

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Vraisemblablement au plus tard en 2015, les quotas laitiers seront supprimés. Il faut s'y préparer sans nécessairement craindre une baisse de la rémunération du lait.


« Les quotas laitiers n'ont plus de soutien parmi les pays de l'Union européenne », présente Vincent Châtellier, économiste à l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) (© N Petit)
La suppression des quotas laitiers est programmée. Il n’est plus question de savoir quelle  date sera retenue, mais vraisemblablement au plus tard en 2015. C’est en ces termes que s’est exprimée la commissaire européenne à l’agriculture Mariann Fischer Boel en janvier dernier, déclarant publiquement que « les quotas ne devront pas avoir un nouveau bail après 2015 », relate Vincent Châtellier (1), économiste à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) lors du dernier congrès de la Sngtv (Société nationale des groupements techniques vétérinaires). Sur la question des quotas laitiers, la France a perdu son soutien ancestral allemand. « Il n’y a plus de pays aujourd’hui en Europe pour soutenir la volonté de maintenir des quotas laitiers », présente Vincent Châtellier. « Les pays du Nord (Danemark, Pays bas) souhaitent les supprimer les quotas, ils renchérissent leurs coûts de production et empêchent les producteurs les plus performants de s’exprimer. Les pays du sud de l’Europe (Espagne, Italie, Portugal, Grèce) et certains pays d’Europe centrale et orientale, qui sont des nations déficitaires en lait, s‘opposent aux quotas qui les maintiennent dans une situation de sous approvisionnement national. Ils estiment que sans limitation, leurs producteurs seraient susceptibles de fournir le marché national. »
Il n’est pas garanti que la France conserve son volume de lait 23,8 milliards de litres.

Les pays excédentaires rémunèrent davantage le lait

Dès 2002, le ministère de l’agriculture avait demandé à l’Inra une prospective sur la suppression des quotas (2). « Trois déterminants principaux sont susceptibles de favoriser la concentration géographique de la production laitière, à savoir la compétitivité des exploitations, leurs coûts de production, les coûts de collecte des industries de transformation laitière, et la position des bassins de production par rapport aux consommateurs», conclu Karine Daniel, de l'Inra de Nantes. « Les Pays Bas, le Royaume uni (centre), le Danemark sont très favorablement positionnés. Viennent ensuite la Belgique et l’Italie du Nord. La production dans ces bassins serait susceptible d’augmenter dans la mesure de leurs possibilités physiques. »

Plus récemment en 2006, deux professeurs d’économie suisses confirment ces tendances dans la revue Eurochoice. La suppression des quotas conduirait à une augmentation générale de la production de lait en Europe (+3%), mais très inégalement répartie : +40 % en Irlande, + 12% au Danemark et aux Pays Bas et de manière moins marquée en Italie et en Espagne. Pas d’évolution véritablement significative pour la France dans un sens ou dans un autre.

En revanche, il ne faut pas nécessairement craindre de la suppression des quotas une baisse des prix du lait. « C’est une idée qui persiste dans l’univers collectif des éleveurs », souligne Vincent Châtellier. La réalité démontre tout le contraire. « Les éleveurs qui obtiennent la meilleur rémunération du lait sont les danois. Or le Danemark est largement excédentaire en production laitière et exporte 70% de sa production. Le pays où a la rémunération au production est la plus faible est le Royaume Uni, déficitaire en production laitière. Il y a une différence de 50€ entre le Danemark et le Royaume uni sur la question de la rémunération du prix du lait. Pour ce qui est de la France, nous sommes dans une situation de la moyenne communautaire. »

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Anticiper la suppression des quotas - Les Français auront intérêt à augmenter la référence (07/09/2007) en cliquant ICI.

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