Le 28 mai à la tribune du Sénat, Annie Genevard a pris la défense des éleveurs bovins face au loup. Avec la mise en consultation d’un arrêté, la ministre souhaite assouplir le recours aux tirs de défense. Son objectif : les rendre possible dans les zones de prédation avérées pour défendre les troupeaux bovins, asiniens et équins. Noter que les troupeaux caprins et ovins ne sont pas évoqués.
Cet arrêté mettra en application la loi d’orientation agricole, votée en début d’année. « L’État engage 52 millions d’euros de mesures de protection et d’indemnisation. Cet argent je préférerais le mettre sur des exploitations agricoles pour de la production alimentaire », tranche la ministre.
La fin de la consultation publique est prévue pour ce jour. Annie Genevard et Agnès Pannier-Runacher devront ensuite signer le texte pour le rendre effectif.
Des mesures à mettre en place en contrepartie
Jusqu’alors, les troupeaux devaient faire l’objet d’une attaque dans les 12 derniers mois pour bénéficier de tirs de défense. Ces tirs seront maintenant conditionnés à la mise en place de mesures de réduction de la vulnérabilité. Ils pourront uniquement avoir lieu sur les territoires ou la présence du loup est identifiée.
Le ministère a dans la foulée fait connaître les 12 mesures de réduction de la vulnérabilité identifiées :
- « Vêlages en bâtiment ou en parcs renforcés, ou à proximité immédiate,
- Élevage d’animaux de moins de 12 mois en parcs renforcés proches des bâtiments d’exploitation ou en bâtiment,
- Mélange d’âges et de types de bovins et équins (pas d’animaux de moins de 12 mois seuls),
- Présence de bovins à cornes dans le lot concerné,
- Visite quotidienne des lots concernés,
- Regroupement des lots pour constituer des troupeaux plus importants en nombre,
- Utilisation d’un système d’alerte et intervention humaine : colliers GPS connectés sur les animaux ou utilisation des pièges photos, GSM disposés sur les zones de pâturage qui peuvent alerter de la présence des loups,
- Regroupement nocturne dans une enceinte protégée (en bâtiment ou par une clôture électrique),
- Mise en défense (clôtures) des zones dangereuses comme les barres rocheuses,
- Une des mesures de protection au sens de l’arrêté du 30 décembre 2022 susvisé parmi : gardiennage renforcé ou surveillance renforcée, chiens de protection des troupeaux, parcs électrifiés,
- Renforcement du rythme d’inspection des animaux pour atteindre au moins une visite quotidienne pour les lots qui ne seraient pas déjà soumis à cette obligation au titre de l’arrêté du 25 octobre 1982 modifié,
- Toute autre mesure découlant d’une analyse technico-économique territoriale validée par le préfet coordonnateur »
Une recrudescence des attaques sur bovin
Si les données détaillées pour 2024 ne sont pas encore disponibles, les chiffres de la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes font état d’une montée en puissance des attaques sur bovins.
En 2023, 335 dossiers ont été montés pour des attaques sur bovins, contre 283 en 2022. La mortalité est également en hausse, avec 479 victimes, contre 417 en 2022. « En valeur absolue comme en valeur relative, les dommages du loup sur les bovins augmentent régulièrement depuis 13 ans », constatent les services de l’État. Si jusqu’à 2014, les attaques sur bovins représentaient moins de 2 % du total des attaques, elles dépassaient les 7 % en 2023. Et pour les éleveurs, l’augmentation de la protection autour des troupeaux ovins incite le loup à se trouver d’autres proies, plus faciles d’accès. D’autant qu’une part importante (48 %) des dommages constatés en élevages bovins demeure d’origine indéterminée.
Des éleveurs de plus en plus inquiets
Dans le même temps, les éleveurs se sentent de plus en plus concernés par la problématique du loup. Dans un sondage Web-agri réalisé du 3 juin au 10 juin 2025, un éleveur sur deux se dit préoccupé par la question du loup. Les attaques restent toutefois rares, avec 5 % des répondants directement concernés.
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