O. Bouchonneau, éleveur : « On agit en faveur de l’indépendance énergétique »

L'unité de méthanisation valorise 17 000 tonnes d’effluents, 6 à 7 000 tonnes de déchets alimentaires.(©Agribiométhane)
L'unité de méthanisation valorise 17 000 tonnes d’effluents, 6 à 7 000 tonnes de déchets alimentaires.(©Agribiométhane)

Éleveur dans le Maine-et-Loire, Olivier Bouchonneau est un pionnier de la production de biogaz. Une activité qui montre encore plus d’intérêts dans le contexte énergétique actuel.

« Si l’hiver est rigoureux, la France peut devoir faire face à des pénuries d’énergie », prévient Jean Jouzel, climatologue et ancien membre du Giec, lors d’une conférence organisée au Space par CER France Énergie.

Certes, cette année est particulière du fait de la guerre russo-ukrainienne mais cette tension ne fait que souligner notre forte dépendance aux énergies fossiles. « Si nous n’étions pas en retard sur le développement des énergies renouvelables, notre situation serait moins délicate et ça aiderait à limiter le réchauffement climatique, souligne le climatologue. Il est possible de concilier la production énergétique avec l’autonomie alimentaire. »

Ce que nous faisons aujourd’hui en matière d’énergies renouvelables et de neutralité carbone décidera du climat sur la 2e moitié du XXIe siècle.

Intérêt pour l’agriculture et le territoire

C’est ce que montre Olivier Bouchonneau. Producteur de porcs dans le Maine-et-Loire, il s’est associé avec trois exploitations laitières pour produire du biogaz. Leur structure commune, Agribiométhane, a été créée en 2010 et les injections de biogaz ont débuté en 2014.

« Notre premier objectif était de mieux gérer nos effluents d’élevage, retrace Olivier Bouchonneau. Avec la vente du biogaz, on voulait juste arriver à l’équilibre financier. On en a aussi tiré un intérêt pour nos cultures avec le digestat qui nous a permis de fortement diminuer nos achats d’engrais minéraux ».

Leur unité de méthanisation valorise 17 000 tonnes d’effluents, 6 à 7 000 tonnes de déchets alimentaires. « On valorise des déchets issus des cantines, explique l’éleveur. C’est un moyen de montrer les différents rôles de l’agriculture pour le territoire ». Le hangar où sont stockés les intrants a été couvert de panneaux photovoltaïques qui fournissent 25 % des besoins électriques de l’unité de méthanisation.

La valorisation du biogaz par l’injection a été complétée, en 2017, par une station de bioGNV. « Nous avons développé des partenariats avec des collectivités et des entreprises régionales pour leur fournir du carburant vert ».

À l’avenir, les quatre agriculteurs pensent aussi à une valorisation du CO2. « Avec la méthanisation, on renforce l’agriculture par de la création de valeur et d’emploi. Ça joue aussi sur l’attractivité pour la reprise et l’installation, apprécie Olivier Bouchonneau. On agit en faveur de l’indépendance énergétique. On est utile à notre territoire. Franchement, le jeu en vaut la chandelle ».

80 % du biogaz est fourni par le monde agricole.

C’est d’autant plus vrai à l’heure où les approvisionnements en gaz russe sont remis en question. « En France, 17 % du gaz que nous utilisons est d’origine russe, chiffre Vincent Jean-Baptiste, responsable des affaires agricoles à la direction biométhane de GRDF. Il serait possible de le remplacer par du biogaz. Si je prends l’exemple de l’Ille-et-Vilaine, sur l’été, le gaz renouvelable représente déjà 14 % de la consommation. »

Aujourd’hui, le monde agricole fournit 80 % du biogaz. Une récente étude de FranceAgriMer estime à 1 900 le nombre total d'unités de biogaz (1065 déjà en activité et 840 projets en attente de validation), et qu’il y a assez de disponibilité de biomasse - en respectant les 15 % de plafond maximal d’incorporation de cultures principales - pour que le biogaz représente, en 2030, 20 % de notre consommation. De plus, la valorisation des biodéchets sera obligatoire à partir de 2023. « Les collectivités et les agriculteurs pourront trouver des synergies pour une valorisation en biogaz », encourage Vincent Jean-Baptiste. Avec une meilleure lisibilité sur les tarifs de rachat, nul doute que la filière biogaz a de beaux jours devant elle.

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