Du choix du mélange jusqu’à l’auge, sept conseils pour réussir son méteil

Commençons par rappeler ce qu’est un méteil : il s’agit d’un mélange céréalier (une ou plusieurs céréales) combiné avec un ou des protéagineux, qui sont généralement des légumineuses fourragères riches en azote. Cette culture présente des atouts, mais également quelques limites. Pour bien la maîtriser, sept conseils :

Choisir le bon mélange

Que le mélange soit récolté en grain ou en ensilage, le triticale s’impose comme la céréale principale la plus régulière et robuste.

Les protéagineux les plus communément utilisés sont :

- La féverole : pour sa bonne adaptation au sol,

- Le pois fourrager pour sa compétitivité,

- La vesce pour sa capacité de remontaison et d’étouffement des adventices

- Les trèfles pour leur teneur en azote et leur couverture de sol

Le mélange triticale — pois fourrager — vesce a fait ses preuves lors d’essais à la ferme de Thorigné d’Anjou. À raison de 300 grains/m² de triticale + 15 g/m² de pois fourrager + 15 g/m² de vesce, l’ensilage récolté le 15 juin a permis d’atteindre de bonnes valeurs alimentaires :

- 34,3 % MS
- 9,9 % MAT
- 0,77 UFL
- 60 g de PDIN/kg MS
- 65 g de PDIE/kg MS

Intégrer la féverole est une pratique pertinente pour augmenter la valeur azotée de l’ensilage récolté. Le mélange peut alors être de 30 kg de triticale + 15 kg d’avoine + 50 kg de pois fourrager + 20 kg de vesce + 50 kg de féverole. Ce type de mélange permet d’atteindre 17 % de MAT.

Substituer le triticale par du seigle est possible, d’autant plus que la productivité et les valeurs énergétiques sont légèrement plus élevées avec du seigle. C’est l’inverse pour la substitution du triticale par de l’épeautre.

Semis à la bonne date et à la bonne profondeur

Le semis du méteil fourrager a lieu à l’automne entre le 1er et le 15 octobre, comme pour une céréale d’hiver précoce et un protéagineux tardif. La profondeur de semis est comprise entre 3 et 4 cm pour convenir à la fois à une céréale semée en surface et aux protéagineux semés plus profond. Semer en ligne en un passage, suivi d’un passage pour rouler garantit la réussite de la levée.

Intégrer de la féverole au mélange nécessite de réaliser un semis en 2 passages, dû aux grosses graines qui ont besoin d’être mises en terre plus profondément. La féverole est lente au démarrage. N’ayez crainte si vous ne la voyez pas sortir de terre en premier. Pour limiter la verse, la part de protéagineux doit être de 30 grains par m² au semis.

Des semences fermières peuvent être utilisées, à condition qu’elles soient bien conservées. Cela permet de réduire le coût de la culture.

Maximiser les valeurs en MAT et en énergie

Pour maximiser la valeur en MAT d’un méteil fourrager, il n’y a pas de secret : il faut récolter tôt, c’est-à-dire début mai. Mais attention, dans ce cas de récolte très précoce, le rendement est largement diminué. Si l’on tient compte de la perte de biomasse et du faible gain en valeurs alimentaires, il y a peu d’intérêt à récolter un mélange à dominante céréales de manière très précoce.

Le compromis réside dans l’incorporation de protéagineux au semis. En intégrant de la féverole au mélange à raison de 20 grains/m², le gain en valeurs alimentaires est net : + 6 % de MAT et +0,03 UFL pour un rendement identique et une date de récolte précoce.

Récolter au bon stade

La récolte en ensilage a généralement lieu en mai-juin dans le Grand Ouest de la France, en coupe directe. Il est aussi possible de récolter le méteil fourrager sous forme enrubanné. Plus la date de récolte est précoce, plus le semis d’un maïs sera possible après récolte du méteil.

Le rendement moyen atteint les 8,8 t MS/ha. Le méteil fourrager permet de sécuriser le système fourrager, dans les systèmes maïs/herbe mais aussi dans les systèmes tout herbe.

Organiser un chantier supplémentaire

La mise en place d’un méteil fourrager nécessite l’organisation d’un chantier de semis, d’entretien et de récolte supplémentaire.

Il est recommandé un apport de fumier fin septembre d’environ 20 tonnes par hectare, ainsi qu’un apport d’azote de 30 unités en sortie d’hiver fin, au stade 1 nœud, pour aider la céréale.

Si l’organisation de la ferme le permet, l’intégration d’un méteil fourrager trouve tout son sens dans les parcelles à faible potentiel où le rendement de maïs serait faible et aléatoire.

Distribuer à bon escient

Lors de la récolte, il est conseillé de confectionner un silo étroit afin de favoriser la vitesse d’avancement sans que le fourrage ne chauffe et soit donc gâché.

Le méteil est un fourrage équilibré et plus riche en protéines qu’une céréale pure. Pour autant, ses valeurs énergétique et azotée ne permettent pas de corriger une ration à base d’ensilage de maïs.

C’est pourquoi il est recommandé de réserver le méteil fourrager :

- au sein des troupeaux laitiers : aux vaches taries, aux animaux en croissance, aux vaches nourrices,

- au sein des troupeaux allaitants : aux vaches mères.

Envisager la prairie sous couvert de méteil

L’option de semer une prairie multi-espèces sous couvert d’un méteil est intéressante dans les systèmes herbagers. Le principe est de semer simultanément une prairie et un méteil qui sera récolté en grain (juillet) ou en ensilage (mai-juin). La prairie s’installe doucement mais efficacement pour être pâturée ou récoltée dès l’automne suivant, voire même l’été dans de bonnes conditions météo.