Eleveur en Haute-Garonne où il a lancé avec d'autres le premier barrage routier des agriculteurs, Jérôme Bayle est devenu une figure de leur mouvement de colère, lui qui a été marqué par le suicide de son père dont il a repris l'exploitation. (Actualisé à 20h45)
A 42 ans, barbe drue et tête le plus souvent couverte d'un bonnet, l'exploitant installé à Montesquieu-Volvestre (Haute-Garonne) est devenu une figure médiatique, enchaînant les plateaux TV depuis le barrage de Carbonne, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de la ville rose. L'homme assume cette nouvelle responsabilité, tout en confiant: « le but du jeu, ce n'est pas que j'en tire une gloire, le but du jeu, c'est qu'on arrive à vivre de notre métier ».
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Jérôme Bayle, l'éleveur inattendu qui porte la colère des agriculteurshttps://t.co/a4OftHCY3d pic.twitter.com/kNsMZuTviQ
A la tête d'une ferme de 90 vaches où il pratique également la polyculture, Jérôme Bayle ne se destinait pourtant pas au métier, puisqu'il avait suivi une formation en maçonnerie-ouvrages d'art.
Mais son parcours a basculé avec les difficultés puis le suicide de son père il y a une dizaine d'années. « Il n'allait plus, il faisait plus le boulot comme il faut, il se laissait aller alors que c'était un très bon éleveur », se souvient-il à propos de son paternel. Son engagement pour défendre l'agriculture date aussi de ce drame : « j'ai quand même trouvé mon père avec une balle dans la tête (à cause) de ce métier », dit-il. Après le décès, « il s'est promis qu'il ferait de l'exploitation une belle ferme », confie Joël Tournier, son ami et camarade de mobilisation à Carbonne.
« Jusqu'au bout »
Les deux hommes se sont connus au rugby vers 27-28 ans, du côté du Sporting club de Saint-Girons, et « quand vous jouez ensemble sur le carré vert, après c'est pas pareil », confie cet éleveur-céréalier, comme son ami. « Jérôme, c'est un meneur, c'est tous derrière lui. C'est quelqu'un qui ne triche pas, qui est entier, honnête et passionné par son métier, il fait tout à fond », explique-t-il.
A La Dépêche du Midi, sa mère qui, du haut de ses 75 ans, l'aide à la ferme pendant qu'il est sur le barrage, le décrit comme « un fonceur qui parle direct et assume toujours ses actes ». « Il lutte pour la survie des paysans. Il ne pense qu'à cela. Il ira jusqu'au bout », a encore confié la vieille dame au quotidien régional.
Jérôme Bayle fera peut-être partie de la délégation d'agriculteurs qui pourrait parler dans l'après-midi au Premier ministre, Gabriel Attal, en déplacement en Haute-Garonne. « J'espère pouvoir le rencontrer et qu'on puisse avoir une discussion entre quatre yeux, qui restera entre grandes personnes », glisse-t-il à l'AFP.
Quinze heures par jour
« Je veux qu'il comprenne un truc, c'est que moi je ne suis pas contre lui. Le seul truc dont j'ai envie, c'est de vivre de mon métier, c'est tout », confie sobrement ce célibataire sans enfant, qui affirme avoir « sacrifié (sa) vie » et « tout mis de côté pour faire avancer la ferme ».
« Quand au bout d'un moment, tu ne t'en sors plus, que tu bosses 15 heures par jour 7 jours sur 7 et que tu finis l'année à moins 7 000 euros sans faire de folie en travaillant bien, ce n'est pas normal », détaille-t-il.
Peu après l'intervention du Premier ministre à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), l'éleveur était interrogé en direct pour savoir s'il allait lever le barrage. « Je sais pas, on va faire une réunion et on va en parler », a-t-il d'abord dit, avant de s'entretenir en tête à tête avec le chef du gouvernement.
Au terme de de l'entrevue, l'éleveur ne cachait pas sa satisfaction et envisageait de lever le barrage de l'A64 où le Premier ministre devait même, a confié l'agriculteur, faire un passage dans la soirée.
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