Aujourd’hui, il faut aller plus loin dans la réduction de la consommation d’antibiotiques. La notion de One health-une seule santé, pour les hommes, les animaux et l’environnement, est de plus en plus fondée scientifiquement. Réduire l’usage global des antibiotiques est une nécessité pour éviter de futures impasses thérapeutiques en médecine vétérinaire et humaine.
Identifier le ou les germes en cause
Les mammites sont les pathologies qui entraînent le plus l’utilisation d’antibiotiques en élevages laitiers. Bien étudiées et connues, ces maladies constituent une urgence vétérinaire lorsqu’elles sont sévères. Sans fièvre et sans abattement de l’animal, elles sont considérées comme peu sévères. Les coliformes sont les deuxièmes agents responsables de mammites cliniques non sévères, après Streptococcus uberis. En cas de mammites non sévères à coliformes, le taux de guérison bactériologique spontanée est extrêmement élevé, en particulier avec E. coli (80-95 %) ; il est plus bas avec Klebsiella (25 à 65 %).
Traiter toutes les mammites cliniques « à l’aveugle » occasionne un préjudice économique inutile, surtout en lait jeté (lait qui ne doit pas non plus être distribué aux petits veaux). De la même façon, au tarissement, traiter des animaux qui n’en ont pas besoin engendre une dépense et du travail inutiles, en même temps qu’un supplément de pression de sélection de résistances.
Approche sélective du traitement
Il existe aujourd’hui des tests fiables et rapides, dont certains réalisables au chevet de l’animal, qui permettent d’identifier le germe ou les germes en cause dans une mammite. En lien avec le vétérinaire de l’élevage, l’action thérapeutique pourra être adaptée : antiinflammatoire seul pour les mammites à E. coli ou sans Bactéries, complété par un antibiotique dans les autres cas. Ces mêmes tests bactériologiques peuvent être utilisés au tarissement, à la place ou en complément des comptages cellulaires individuels (CCI), pour juger de la pertinence d’un traitement.
Cette approche raisonnée du traitement des mammites illustre aussi l’orientation que pourraient prendre les relations entre éleveurs et vétérinaires : un partenariat pour la santé animale, basé sur le conseil, la prévention et le maintien du capital santé du troupeau. Le vétérinaire serait rémunéré pour garder les animaux en bonne santé, plutôt que pour les soigner.
Dans ce livre blanc, vous retrouverez des témoignages des acteurs de la filière laitière, de vétérinaires et d’un éleveur autour de cette approche sélective et précise des traitements des mammites.
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