
L'hypomagnésie compte parmi les problématiques de santé animale au pâturage. Bien que rare, elle est difficile à soigner tant la maladie progresse vite. Causée par une carence en magnésium, elle touche particulièrement les vaches au moment de la mise à l’herbe.
Qu’est-ce que la tétanie d’herbage ?
La tétanie d’herbage est le résultat d’un déséquilibre entre les apports et les besoins en magnésium. Comme tout minéral, il est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme. Système nerveux, musculaire ou encore synthèse des protéines… Difficile de s’en passer ! D’autant que les bovins ont une capacité toute relative à le stocker. « Chez l’adulte, les réserves ne permettent pas d’assurer les besoins pendant plus de 4 à 5 jours », explique l’Anses dans une note dédiée. Sans apport constant, le taux de magnésium sanguin peut rapidement chuter. Les animaux en fin de gestation et en début de lactation sont d’autant plus vulnérables, avec des besoins en magnésium accrus par la croissance du fœtus, ou le début de production.
L’hypomagnésie entraîne des conséquences en cascade, car le métabolisme du magnésium est en partie lié à celui du calcium. « La régulation de la magnésémie est sous le contrôle des mêmes hormones que celle de la calcémie », détaille l’Anses. Ainsi, dans 80 % des cas, une hypocalcémie est associée à une hypomagnésie. En cas de carence grave, les désagréments se déchaînent. Spasmes musculaires voire convulsion, détresse respiratoire, collapsus… Pour aboutir à la mort de l’animal lorsque les concentrations restent trop longtemps en deçà des 10 mg/l de plasma sanguin. À noter qu’un taux normal se situe entre 18 et 24 mg/l.
La mise à l’herbe, une période critique
Les vaches au pâturage sont particulièrement vulnérables, et la mise à l’herbe est une période à risque. Absorbé directement par la paroi du rumen, le magnésium dispose de facteurs inhibiteurs. Parmi eux : le potassium. L’herbe de début de printemps présente le double inconvénient d’être pauvre en magnésium, et riche en potassium qui bloque les canaux d’absorption du magnésium.
L’herbe jeune, très digestible, a également pour effet d’accélérer le transit des vaches, et donc de limiter le potentiel d’absorption du précieux minéral. Bref, c’est la double peine.
Le mauvais temps peut être un facteur aggravant. On le sait, le stress met le métabolisme à l’épreuve, et le changement d’environnement couplé à un temps froid et pluvieux joue en défaveur de l’absorption de magnésium. Un léger stress thermique perturbe le fonctionnement du rumen, et le changement de ration n’arrange rien à l’affaire. Pendant ce temps, le climat froid génère une réduction du diamètre des vaisseaux sanguins qui limite la circulation des minéraux dans l’organisme.
La flore prairiale joue aussi sur le risque de tétanie. Les graminées sont plus pauvres en magnésium que les légumineuses (comme les trèfles blancs et autres dicotylédones). Une prairie à flore variée présente donc moins de risque qu’une parcelle de ray-grass.
La fertilisation peut également influencer la teneur en magnésium de l’herbe. L’apport d’azote aura tendance à favoriser la présence des graminées au détriment des légumineuses. La parcelle sera alors plus propice aux tétanies d’herbage. Mais paradoxalement, l’apport d’azote, sur des sols à forte teneur en magnésium peut améliorer la concentration en magnésium des graminées. Attention toutefois, si le sol est pauvre en magnésium, et riche en potassium, l’apport d’azote pourrait favoriser l’absorption de potassium, au détriment du magnésium. Les analyses de sol peuvent être un bon indicateur du risque de la parcelle.
Quels sont les symptômes ?
Si la tétanie d’herbage peut causer la mort de l’animal, il est possible d’identifier des symptômes avant-coureurs.
Les symptômes précoces :
- Nervosité inhabituelle
- Tremblements musculaires
- Démarche raide
Ils peuvent être confondus avec les symptômes de la fièvre de lait.
A un stade avancé les vaches présentent :
- Rigidité musculaire
- Mâchoire crispée
- Chutes
- Convulsions
La maladie progresse très rapidement. La mort peut survenir dans les 6 à 10 h suivant l’apparition des premiers symptômes.
Un animal mort au pâturage présentant de l’écume autour de la bouche, et un sol fouillé autour de lui peut être symptomatique d’une tétanie d’herbage. Mieux vaut alors redoubler de vigilance sur l’ensemble du troupeau, car d’autres animaux peuvent être en hypomagnésie.
Comment la soigner ?
La tétanie d’herbage est une urgence vétérinaire, soignée par l’administration de sulfate de magnésium.
Mais la fenêtre de traitement est d’autant plus réduite que le trouble métabolique évolue vite. Comme souvent en santé animale, mieux vaut prévenir que guérir.
Comment prévenir la tétanie d’herbage ?
Effectuer une transition alimentaire est un moyen d’habituer le rumen au nouveau fourrage, et ainsi éviter la mise en place d’un transit trop rapide peu propice à l’absorption du magnésium.
Adapter sa fertilisation est un plus, en privilégiant les apports de potassium sur prairie à l’automne plutôt qu’en début de printemps.
Adapter sa complémentation minérale
L'alimentation est sûrement le plus grand des leviers. Une complémentation minérale adaptée doit être mise en place, car l’herbe jeune ne suffit pas forcément à combler l’intégralité des besoins des vaches. Le besoin en magnésium diffère selon le poids de l’animal et son niveau de production, mais on estime que les apports doivent osciller entre 15 et 20 g/j. Grâce au tableau suivant, calculez les besoins en magnésium absorbable de vos bovins (additionner les besoins d’entretien, de lactation et de gestation).
Attention, le magnésium absorbable correspond à la fraction du minéral qui peut être réellement absorbé par l’organisme après digestion. Il dépend de la teneur en magnésium de la ration, mais aussi d’un coefficient d’absorption réelle. Ce dernier dépend de la teneur en potassium du mélange. En l’absence de donnée, on estime que 80 % du magnésium total peut être absorbé par l’animal.
Une vache de 650 kg à 40 kg de lait a besoin de 10,6 g de magnésium absorbable par jour (4,6 + 6,0).
La quantité de Mg absorbable est obtenue en appliquant un coefficient d’absorption réelle. Par défaut, on utilise un coefficient proche de 80 %.
Compter alors un apport journalier de 13,25 g de Mg (10,6 x 80 %).
Le minéral utilisé varie alors selon la modalité de distribution choisie. L’oxyde de magnésium est généralement utilisé en mélange dans les rations. Elle permet une complémentation à un coût modéré. La mise à disposition d’un bloc à lécher peut également être un moyen de complémenter les animaux qui en ressentent le besoin. Si l’éleveur recherche une réponse plus rapide, le sulfate de magnésium (MgSO4) ou le chlorure de magnésium (MgCL2) présente une biodisponibilité rapide, et sont généralement utilisés dissous à l’eau. Enfin, le bolus est une solution permettant un apport constant durant les périodes de transition, bien qu’un peu plus onéreux que le minéral en poudre.
Sources : L’encyclopédie du pâturage, l’Anses, Maisons-Alfort et Alliance élevage.
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