
La fièvre Q, souvent asymptomatique, circule de façon cachée dans la population humaine. Les éleveurs de ruminants y sont particulièrement exposés. Mais les formes graves sont rares et une immunité se développe.
En France, le nombre d’hospitalisations dues à la zoonose qu’est la fièvre Q oscille entre 100 et 300 par an. À l’hôpital de Niort (Deux-Sèvres), où officie le médecin Simon Sunder, il va de zéro à vingt selon les années, avec une saisonnalité marquée : les cas apparaissent surtout entre avril et juin, principale période de mises bas dans les nombreux élevages caprins du département. Mais les personnes ayant croisé la bactérie Coxiella burnetii sont bien plus nombreuses que ça... « Il y a une épidémie cachée et très largement sous-diagnostiquée de fièvre Q [chez les humains, NDLR] », affirmait cet infectiologue lors d’un webinaire, le 16 janvier. Car la fièvre Q est asymptomatique dans 60 % des cas. Chez les 40 % développant une forme aiguë, les symptômes apparaissent deux à trois semaines après l’infection. Ils présentent généralement une fièvre prolongée assez intense, souvent accompagnée d’une hépatite révélée par une prise de sang. Elle peut s’accompagner d’atteintes pulmonaires se traduisant par une toux sèche, des difficultés respiratoires et des douleurs thoraciques. De façon rarissime, la littérature évoque des atteintes du système neurologique, du cœur, des yeux, du système ganglionnaire...
De 1 à 5 % de cas graves
Seuls 5 % des cas symptomatiques entraînent une hospitalisation. « La maladie, si elle s’arrêtait là, ne poserait pas de problème en matière de santé humaine », convient Simon Sunder. Il y a malgré tout deux soucis : son impact potentiel sur la grossesse et le risque d’une persistance de l’infection (IPF) avec des symptômes graves. Ce dernier cas ne concerne que « 1 à 5 % des patients ayant croisé la bactérie », tempère le docteur. « Mais ces infections-là ne guériront pas si elles ne sont pas traitées. » La plupart du temps, la forme persistante se manifeste par une endocardite (atteinte du cœur). L’Anses évoque aussi un syndrome de fatigue chronique. Plus rarement, il peut y avoir des infections vasculaires ou ostéoarticulaires, ou des inflammations des ganglions lymphatiques.

Le risque de voir la maladie évoluer vers une IPF serait aggravé par certaines pathologies cardiaques et par des antécédents vasculaires, qui peuvent être passés inaperçus jusque-là. L’âge et le sexe (les œstrogènes auraient un effet protecteur) entrent aussi en jeu.
Quand le troupeau est infecté
La maladie se soigne par un traitement antibiotique, qui dure quatorze à vingt et un jours pour la forme aiguë. Pour la forme persistante, « il peut durer plusieurs années et génère souvent une forte fatigue », indique l’Anses. La doxycycline, l’une des bases du traitement, « n’est pas toujours bien tolérée et est très photosensibilisante, ce qui est gênant pour les personnes travaillant en extérieur », note Simon Sunder. Toutefois, « la plupart du temps, la fièvre Q n’est pas détectée donc pas traitée, et la guérison est spontanée, rappelle-t-il. D’après notre expérience, les formes compliquées surgissent dès le début. Les patients présentant une forme aiguë et que l’on traite ne se compliquent pas par la suite. »
Chez les bovins, la fièvre Q entraîne des avortements, des mises bas prématurées, des métrites et de l'infertilité. Ces manifestations peuvent se limiter à quelques femelles gestantes (parfois en nombre insuffisant pour suspecter cette maladie) ou toucher 90 % du cheptel. La bactérie est excrétée dans les placentas (que la femelle avorte ou mette bas normalement), le mucus vaginal, le lait, les fèces et l’urine. Cette excrétion peut persister plus de dix-huit mois.
Les éleveurs plus exposés
Selon les experts, la prévalence de la fièvre Q chez les ruminants est vraisemblablement sous-estimée. En cas de diagnostic par le vétérinaire, des mesures sont à prendre pour freiner le risque de transmission à d’autres troupeaux et aux humains. La vaccination des animaux est préconisée afin de limiter les avortements et diminuer l’excrétion de bactéries. En plus des précautions pour l’élimination des délivrances, une gestion appropriée des lisiers et surtout des fumiers est recommandée. Stockage à l’abri du vent, bâchage, compostage des fumiers, enfouissement à l’épandage sont autant de moyens pour réduire la dispersion aérienne de la bactérie.
Bien que particulièrement exposés, les éleveurs et vétérinaires développent rarement une fièvre Q aiguë. En même temps, ils sont souvent séropositifs à la fièvre Q, preuve qu’ils ont déjà croisé C. burnetii. D’où leur immunité. « La fièvre Q chez l’homme est considérée comme une maladie immunisante : on n’a pas rapporté de cas de personne ayant fait deux fièvres Q dans sa vie, appuie le médecin. Et, dans notre région où la maladie circule, on ne voit quasiment pas de fièvre Q chez les éleveurs ni les vétérinaires, les rares cas étant des jeunes pas encore immunisés. » À Niort, sur les 59 cas enregistrés en quatre ans, Simon Sunder souligne que « seuls 4 % étaient en contact direct avec un élevage, et 17 % en contact indirect ».
A priori, une femme ayant croisé la bactérie avant de tomber enceinte aurait moins de soucis à se faire : « On peut penser qu’une femme séropositive avant de débuter une grossesse est protégée pendant sa grossesse », avancent les experts vétérinaires du Comité fièvre Q. Le risque de tomber malade, plus ou moins gravement, serait plus élevé pour les personnes exposées ponctuellement. Ainsi, aux élevages accueillant des visiteurs, les GDS préconisent notamment d’éviter les visites pendant les périodes de mises bas et d’isoler les femelles qui mettent bas dans un local interdit aux visiteurs. Or, s’il est nécessaire de connaître les moyens de prévention, il semble illusoire, en élevage, d’éviter toute exposition. D’ailleurs pour une maladie immunisante, ce ne serait pas forcément souhaitable, selon certains experts.
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