Il fait 30 degrés dans la plaine du sud de la Vendée. Une rampe d'irrigation de 120 mètres de large surplombe la parcelle vert foncé. Montée sur roues et autonome, elle diffuse un rideau d'eau sur son passage.
« Le but n'est pas de recréer un orage » qui meurtrirait la plante et le sol « mais de reproduire la qualité de la pluie », explique Emmanuel Sagot, 35 ans.
L'agriculteur est beaucoup plus serein que l'an dernier, quand la sécheresse a conduit à limiter l'irrigation. Son maïs avait produit 20 % de moins que d'habitude.
« Je sais qu'on va passer le coup de chaud à l'aise, c'est une parcelle qui va faire beaucoup de fourrage », apprécie l'exploitant à la tête de 200 hectares de cultures (dont 70 de maïs) qui permettent notamment de nourrir la centaine de jeunes bovins qu'il engraisse dans des bâtiments à proximité, et dont les déjections fertilisent les champs en retour.
Souvent décrié car gourmand en eau l'été, le maïs est sa « plante fétiche » : elle produit beaucoup, capte du carbone avec ses grandes feuilles, reçoit « peu de phytos »...
Emmanuel Sagot désigne l'extrémité de la parcelle qui n'a pas été irriguée, près de la route. Les plants sont moins hauts, « un peu flétris ». C'est « trois fois plus beau à côté ».
« Pas pour le plaisir »
Les rampes fonctionnent souvent « 24 heures sur 24 », même sous le cagnard. Mais le trentenaire assure que l'évaporation est limitée.
Il s'en remet à des sondes qui mesurent l'humidité des sols. Les besoins en eau s'affichent en temps réel sur son téléphone. Il dit voir ainsi que la culture absorbe l'essentiel de l'irrigation.
« Je n'arrose pas pour le plaisir. L'eau qui tombe est en train de me coûter de l'argent », autour de 45 000 euros par an (redevances, énergie, remboursement du matériel...).
Le cultivateur est soumis à des quotas, mais épargné cette année par les restrictions préfectorales décrétées en cas de sécheresse, par exemple l'interdiction d'irriguer par aspersion entre 8h00 et 20h00.
Lui prélève l'eau dans la nappe et dans une « réserve de substitution » mise en service en 2014, remplie l'hiver par pompage dans la nappe quand elle rechargée. Il déteste le terme de « bassine » utilisé par les opposants à ces installations.
« Récolter le plus possible »
La digue enherbée de la réserve d'eau, partagée avec trois exploitants, est visible au bout d'un champ. « Si je n'irriguais pas, je diviserais par trois le rendement » du maïs, estime Emmanuel Sagot, qui assume de vouloir « récolter le plus possible ».
Depuis ses débuts en 2017, il a doublé la taille de l'exploitation. Il va s'agrandir encore avec un nouveau bâtiment : il pourra engraisser 280 bovins à l'année contre 150 aujourd'hui.
Le maïs occupe une place de choix dans la ration de ces animaux, nés ailleurs, et qui partiront à l'abattoir autour de 600 kg.
Il pourrait ne donner que de l'herbe à ces ruminants, mais celle-ci « ne pousse plus au-dessus de 25 degrés ». Et sans maïs, « il faudrait beaucoup de temps et d'herbe pour arriver au poids souhaité ».
Il cultive aussi un peu de sorgho (cinq hectares), une plante souvent présentée comme alternative car plus résistante au manque d'eau. Il l'irrigue à peine moins que le maïs pour bénéficier de tout son potentiel. Il a testé les cultures de haricots verts et petits pois destinés aux boîtes de conserve, mais « cela consomme beaucoup d'eau ».
Sur les réseaux sociaux aussi, le trentenaire défend l'irrigation et le stockage d'eau en prévision des périodes sèches. « Pour moi, c'est logique. On a 30 ans de recul, ici les nappes se remplissent toujours au même niveau l'hiver », balaie-t-il.
Avec le réchauffement climatique, deux fois plus rapide en France que la moyenne mondiale, les besoins en eau sont toutefois appelés à augmenter, notamment parce que les températures élevées favorisent l'évaporation et aggravent la sécheresse des sols.
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