
Mis en service en 2012, le méthaniseur de la Coop-Cuma de Marcillac-St-Quentin (Dordogne) produit en moyenne 150 kW/h au profit de trois élevages à l'origine du projet. Les éleveurs ne semblent pas regretter leur investissement global de 1,6 million d'euros, aidé à hauteur de 42 %, en raison du revenu et des économies générés.
« Biologiquement, c’est une grosse vache de 1 500 m3, s’amuse Benoît Ramière quand il explique le fonctionnement du méthaniseur installé sur son exploitation. Quand on vient de l’élevage bovin, on comprend vite comment ça marche. Une des clés d’un bon rendement, c’est d’apporter la "ration" la plus stable possible toute l’année, comme pour une laitière. » Une « grosse vache » qui produit depuis 2012 une moyenne de 150 kWh sous forme de co-génération : électricité d’un côté, eau chaude de l’autre. Le projet aura nécessité pas moins de sept ans avant d’être opérationnel, et un investissement de 1 600 000 euros pour les trois exploitations partenaires.
Solutionner le traitement des lisiers
C’est en 2005 que la Scea du Barry (Claude et Benoît Ramière, 733 places de veaux de boucherie), l’Earl La Plaine (Laurent et Thierry Seyral, 450 places de veaux de boucherie, 15 génisses lourdes) et le Gaec du Mas (Pierre et Gilles Trémouille, 190 places de veaux de boucherie, 100 vaches allaitantes) se penchent sur leur problème d’effluents. Les trois fermes, toutes proches, pensent d’abord à une station d’épuration pour traiter leurs lisiers. « Cela représentait vraiment une quantité importante. De plus, le secteur est très touristique, les odeurs commençaient à poser problème. »
Le pôle environnement de la chambre, alors dirigé par Jean-Roland Lavergne, féru de méthanisation, les incite à envisager cette technologie émergente. Un premier voyage est organisé en Suisse, « pour voir ». C’est une déception : « Tout paraissait bricolé, pas très sérieux », raconte Benoît Ramière. Le groupe participe à une seconde série de visites en Allemagne. Cette fois, l’enthousiasme l’emporte : « C’était propre, solide, construit pour durer ». Plusieurs bureaux d’études sont approchés. C’est finalement le breton AEB Méthafrance qui est retenu, en association avec la maison Hochreiter (mécanique et co-génération).
Le projet entre en phase d’étude en 2008, les travaux démarrent deux ans après pour une durée d’un an. « Le début a été difficile. Nous avions l’équipement mais pas assez de matière pour l’alimenter. On a passé six mois à chercher tout ce qu’on pouvait y mettre avant de décrocher un contrat de retraitement de graisses de flottation. A partir de là, ça a marché tout de suite. » Dès 2012, le méthaniseur de la Coop-Cuma génère 115 kWh pour un optimum de 160 kWh et 8 200 heures de fonctionnement.
Les aides à l'investissement diminuent tandis que le prix de rachat de l'électricité est à la hausse.
« Un résultat remarquable, signale Quentin Laurent, ingénieur en projets méthanisation à la Chambre d’agriculture de la Dordogne. En général, la plupart des prévisions sur ce type d’équipement sont basés sur 8 000 heures de fonctionnement par an. Concernant le montage technique, il est vrai qu’on préfère aujourd’hui valider les projets en sécurisant d’abord les gisements de déchets avant de déterminer la puissance la mieux adaptée. » L’investissement (1,6 M€) inclut une aide globale de 42 % (Feader/Ademe). Si en 2013 le montant d’aide était encore conséquent (40 % de prise en charge), il n’est à ce jour plus que de 15 %. « La filière s’étoffant, les financeurs considèrent désormais que les constructeurs doivent proposer des offres accessibles, reprend Quentin Laurent. En contrepartie, le prix de rachat de l’électricité augmente, ce qui constitue une forme de subvention. » Celle-ci est actuellement rachetée à la Coop-Cuma 0,219 € le kWh contre 0,182 € en 2013, soit une augmentation de 20 %.
La production électrique a généré au cours des six années d’exploitation un chiffre d’affaires compris entre 22 000 et 25 000 € mensuels, hors valorisation de la production d’eau chaude : le moteur alimenté par le méthane permet en effet d’assurer le chauffage de six maisons ainsi que l’eau de nourrissage des veaux sur les trois exploitations. Une économie conséquente que Benoît Ramière chiffre autour de 27 000 € par an.
1,2 Km de tuyaux enterrés
Côté technique, l’installation se compose de deux fosses : un digesteur couvert en béton couplé à un post-digesteur, qui stocke à la fois le digestat et le gaz. Le méthane alimente un moteur de 250 cv prévu pour une puissance optimale de 160 kW électriques et 180 kW thermiques. Enfin, l’ensemble des lisiers est acheminé par 1,2 km de tuyaux enterrés, tout comme l’eau chaude produite par la génératrice. « Seul le fumier arrive par benne, mais cela représente un faible pourcentage de nos effluents. Les intrants d’origine extérieure comme les graisses d’hydro-curage sont livrés par camion-citerne, mais l’alimentation en lisier est entièrement automatisée. » Le méthaniseur absorbe chaque année 8 100 t de déchets, dont 7 000 t d’effluents.
10 000 m3 de digestat résiduel sont épandus chaque année. Sur les cultures de printemps, sa haute teneur en azote nitrique lui confère un effet starter garanti (analyses 2017 : 8,3 % de MS, 74 % de MO, Ph 8.2, N total 4,7 unités/m3, P 1,7 unités/m3, K 3,9 unités/m3). Tous les associés ont vu leurs dépenses de fertilisation et de chaulage baisser de façon très significative, en plus de la possibilité de revenir à 50 m des habitations. « On regarde souvent le revenu au bas du document comptable, pointe Quentin Laurent, mais on n’insistera jamais assez sur les économies réalisées. » Un constat partagé par Benoît Ramière, pour qui la production de chaleur et les économies liées aux engrais ont été « le premier retour sur investissement. »
L’épandage reste en revanche coûteux et nécessite quelques précautions : petites tonnes sur terrain portant et emploi de pendillards ou de jets à buses basses pour éviter la volatilité de l’azote. Quant à l’aspect écologique, il reste un des facteurs motivants pour l’ensemble des associés. « On estime qu’une unité de méthanisation de 250 kW réduit les rejets de gaz à effet de serre d’environ 600 t équivalent CO2 », souligne Quentin Laurent.
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