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Paroles de lecteurs « Dans 10 ans, 50 % d'élevages en moins et non 30 % ! »

« Les éleveurs français sont les plus pressurés en Europe par la grande distribution, les normes écologiques, l'agribashing (...) et j'en passe. Nos amis européens se demandent comment on survit », fait remarquer Pierre Lepage. (©Terre-net Média)

- 31 % de fermes d'élevage en 10 ans, selon le recensement agricole de 2020. Dans la prochaine décennie, « ce sera plutôt 50 %, dont 35 à 40 % en lait ! », estiment les lecteurs de Web-agri. « La diminution ne peut que s'accélérer », insistent-ils, « puisqu'on ne veut plus d'élevage en France... »

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« Dans les 10 prochaines années, ce sera plutôt 50 % puisque 58 % des éleveurs ont plus de 50 ans », lance Denis Bruand en référence au titre de l'article ci-dessus.

« Dont 37 % de fermes laitières en moins », précise Thomas Tessier.

« La diminution du nombre d'élevages va continuer de s'accélérer », confirme Jocelyn Vialla.

« Triste réalité », déplore Manuel Liquidano.

« On ne veut plus d’élevage en France », martèle Jean-Marc Patricia Fosse.

« Cette triste réalité vous surprend ? »

« Ça fait déjà 10 ans que ça s'accélère !, s'exclame Romain Bail. Zéro soutien des pouvoirs publics, pression sociétale, augmentation des prix des matières premières... Mais faut pas que les Français s'inquiètent ! Au contraire, y a de la bonne viande américaine qui va venir remplacer le bœuf français... »

« Vous jouez les surpris, s'étonne steph72. En fait, cette baisse est normale : les revenus en élevage diminuent, faute de prix suffisants pour couvrir les charges. La responsabilité revient aux industriels, qui ne pensent qu'aux bénéfices à court terme au lieu d'accepter de payer plus cher les éleveurs pour qu'ils puissent poursuivre leur activité, puis transmettre leur élevage à un jeune. »

Serge Amis, sur le même ton : « En quoi cela vous surprend ? C'est la réponse à la politique menée depuis plus de 10 ans. Bruno Lemaire, ministre de l'agriculture, a rétabli une forme d'esclavage en livrant les producteurs de lait à l'industrie, avec des contrats qu'ils n'ont pas eu le droit de négocier. »

« + de charges, travail, pression sociétale... Mais 0 soutien de l'État ! »

« Et les esclaves vont encore remettre la droite au pouvoir ! (...) », renchérit Lisa Israel.

Josette Hollandts, elle, pointe la charge de travail en élevage laitier : « La traite, c'est 2 fois par jour, 365 jours par an, avec le reste de la journée consacrée à l'alimentation et aux soins des animaux, à l'entretien des bâtiments, aux cultures, etc. »

La même chose, dit d'une autre manière, par Denis Bruand : « C'est la seule profession à être d'astreinte 730 fois par an, sans aucune compensation par rapport à ceux qui travaillent les weekends et jours fériés. (...) ».

La traite : une astreinte 730 fois/an, sans compensation.

Pierre Lepage témoigne : « J'ai été producteur de lait pendant 40 ans et mon fils a repris la ferme au début des années 2010. J'ai gardé des contacts avec des amis éleveurs dans toute l'Europe : en France, nous sommes les plus pressurés par la grande distribution, les normes écologiques, l'agribashing (...) et j'en passe. Nos amis européens se demandent comment on survit. »

Et « lait et viande toujours - payés !! »

« De meilleurs prix du lait et de la viande changeraient le cours des événements pour les paysans et paysannes, estime Dominique Teyssedre. (...) Nous demandons seulement une dizaine de centimes par kilo. Ramené à la tonne, cela représenterait une centaine d'euros, ce serait déjà ça. Quant aux retraites, avec l'inflation, il va falloir les augmenter de 200 ou 300 euros (...). »

Si l'élevage était rentable, ça se saurait !

« Le problème, c'est que depuis 50 ans, on n'a jamais pensé à augmenter les prix du lait et de la viande alors que ceux de toutes nos fournitures progressent en permanence. Les maquignons négocient toujours nos veaux en francs et le tarif est le même qu'il y a 40 ans !! », rappelle Denis Bruand.

 « (...) Si l'élevage était rentable, ça se saurait ! », selon Bruno Perrin.

« Heureusement la viande brésilienne et argentine compense notre baisse de production ! Une évolution éthique... », ironise Jean-Marc Lacouture.

« Ouf, il y a la viande du Mercosur !!! »

« Avec l'accord Mercosur, vaut mieux vendre des Peugeot ! », suggère Laurent Claude. « Ou des Rafales », ajoute Seb Gicquel.

 « (...) On déforeste l'Amazonie pendant qu'on supprime l'élevage français !?, enchaîne Jean-Marc Lacouture. Certaines régions de montagne et de piémont retournent à la friche car 30 % des terres ne sont pas cultivables. »

« Adieu forêt tropicale pour nous faire bouffer du soja en plus !? », fait remarquer Ramequin Fermier D'Indrieux.

La fin des prairies, des arbres, de la biodiversité : les écolos sont-ils idiots ?

« Et quand les éleveurs auront disparu, nos enfants n'auront plus à manger que du bœuf piqué aux hormones ! À ce moment-là, tous les petits crétins qui ont voulu la fin de l'élevage en France se diront : "mince alors". Il n'y aura plus ni prairie, ni haie, ni arbre. Fini toute la biodiversité qui y vivait ! Bon sang, tous les écolos sont-ils idiots ? », se demande Rémi Blon.

« "Mince alors", diront ceux qui voulaient voir l'élevage disparaître... »

« Aucune victoire, non plus pour les végans !, constate Grégory Clay. L'élevage est simplement délocalisé dans des pays où le bien-être animal n'est pas une obligation, et où une ferme de 1 000 vaches est un micro élevage... »

« Dans un pays laitier, qui maltraite économiquement ses éleveurs maltraités, on importera bientôt du lait, se désespère Thierry Le Hête. Coluche disait : "Mettez un énarque dans le Sahara, au bout de 5 ans, il importera du sable". Eh bien, ils vont y parvenir avec le lait. De plus, transformer des prairies en terres à céréales est tout le contraire de ce que l'on doit faire pour lutter contre le réchauffement climatique. (...) »

La France maltraite économiquement ses éleveurs...

« Il n'y a pas de marge en élevage !, résume Denis Bruand. Quand on voit l'investissement et le boulot qu'il faut pour sortir un litre de lait, et ce que ça rapporte par rapport à un kilo de blé où tout est mécanisé, y a pas photo ! »

« Le savoir-faire de générations d'éleveurs partira avec lui »

Gregory Péron est du même avis : « Va y avoir un paquet de prairies à retourner si les cours des céréales restent aussi haut ! »

« Encore faut-il avoir le droit de les retourner !, s'écrit Grégory Clay. On empêche les éleveurs de vivre et on les oblige à conserver leurs prairies... Une honte !! »

« (...) Et qui dit + de grandes cultures sans élevage, dit + d'engrais chimiques. Faut-il s'en réjouir ? », s'interroge Laurence Lyonnais.

« Le métier d’éleveur est beau mais dur. S’il ne devient pas rémunérateur, le nombre d’élevages va encore baisser. Et impossible de revenir en arrière à cause du manque d’organisation de la filière, qui disparaîtra dans les zones abandonnant l’élevage, et parce que les jeunes installés n'auront pas envie de s'embêter. L’État doit réagir vite. La pyramide des âges des éleveurs joue contre nous. Signé : une éleveuse qui espère que ses enfants et petits enfants pourront toujours manger de la viande française et voir, en France, des prairies aux nombreux atouts ! », conclut Anne-Sophie Courty.

« Quand l'élevage sera rayé de la carte, le savoir-faire de générations de paysans partira avec lui pour laisser la place aux Chinois », prévient en outre Caro Floing.

Vu l'investissement et le boulot : produire 1 kg de blé plutôt que 1 kg de lait ou de viande !

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