Par ses intérêts agronomiques et sa richesse en protéines, la luzerne a des cartes à jouer. Pourtant, quasiment disparue de la rotation de la plupart des exploitations d’élevage, elle peine à retrouver sa place dans les rations.
Le monde a faim. Pour assouvir cette faim, en produits animaux notamment, les agriculteurs doivent produire toujours plus de protéines végétales, dont le premier pourvoyeur est le soja. En 50 ans, la production mondiale de soja a été multipliée par 10 et d’ici à 2030, ce sont 150 millions d’hectares supplémentaires qui seraient nécessaires. Mais ce modèle a des limites. Non seulement pour répondre aux demandes croissantes d’exportation, les pays d’Amérique du Sud augmentent leurs surfaces arables par la déforestation, mais à cela s’ajoutent aussi des interrogations sur l’itinéraire technique du soja (pesticides, OGM…), son empreinte environnementale et sanitaire. L’Europe veut et doit donc trouver des alternatives au soja.
Pour retrouver une certaine autonomie, la France a lancé son « plan protéines » pour la période 2014-2020. Doté de près de 150 millions d’euros, dont 97 M€ pour l'élevage, ce plan ambitionne de développer la production nationale de protéines et de renforcer l’autonomie fourragère. Parmi les légumineuses, la luzerne a, bien évidemment, toute sa place dans cette reconquête de l’autonomie protéique. Des aides couplées (autour de 125 €/ha) ont été instaurées et l’équivalent de surface d’intérêt écologique (SIE) d’un hectare de légumineuse est dorénavant de 0,7.
10 fois moins de luzerne qu’après-guerre
En France, la luzerne occupe 300 000 ha, 240 000 pour l’autoconsommation, 60 000 pour la vente de luzerne déshydratée. Ces surfaces ont été divisées par 10 en 50 ans. Pour intéresser de nouveaux producteurs, la filière met en avant les atouts de cette plante. « Nous voulons redynamiser la filière luzerne », affiche Philippe Etienne, président de la coopérative de déshydratation de Domagné (Ille-et-Vilaine). « La luzerne a de nombreux atouts, depuis sa culture jusqu’à son impact sur la santé humaine ». Si elle permet de produire des protéines d’origine française, la culture a aussi des intérêts pour la diversité de la rotation et pour son effet bénéfique sur la structure des sols. Cette légumineuse pluri-annuelle ne demande pas d’apport d’azote et est économe en intrants.
Depuis longtemps, la luzerne est reconnue pour son effet bénéfique sur la santé des animaux. « Depuis que je suis passé de 2 à 6 kg de luzerne par vache, produite sur l’exploitation puis déshydratée, mes animaux ont de meilleurs résultats de reproduction, apprécie Philippe Etienne, éleveur en Ille-et-Vilaine. Je suis passé de 1,8 à 1,4 paillette par gestation. De même, elle rend la ration moins acidogène, donc moins source de problèmes métaboliques et de pattes. La première valeur ajoutée de la luzerne, c’est la santé de mon troupeau ». C’est jusqu’aux produits transformés que la luzerne apporte ses bienfaits par sa forte teneur en Oméga 3. Elle améliore notamment la qualité du lait et sa "fromagabilité".
Forte de ses atouts, la filière luzerne doit maintenant conforter ses modes de conservation. Si le foin, l’enrubannage et l’ensilage sont efficaces, la déshydratation facilite généralement l'utilisation au quotidien de la luzerne tout en conservant une bonne valeur nutritionnelle. Reste à développer les procédés de déshydratation moins énergivores et à base d’énergies renouvelables. Le tout à un coût raisonnable.
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