Le premier colloque sur les fromages au lait cru de janvier 2020 s’était déroulé dans un contexte tendu. La filière des AOP fromagères sortait de deux années d’accidents sanitaires dus à une souche pathogène d’Escherichia coli. Même si le risque de contaminations plane quotidiennement au-dessus des éleveurs et des fromagers, l’ambiance était apaisée à Aurillac (Cantal) au deuxième colloque sur le sujet en novembre. Certes, le ministère de l’Agriculture continue de déconseiller la consommation de fromages au lait cru aux enfants de moins de 5 ans (depuis 2019, ils sont interdits dans les cantines pour cette tranche d’âge). De même, l’Anses maintient son avis de juin 2019, qui porte à dix ans l’âge à partir duquel leur consommation est considérée sans risque majeur. Quitte à ce que les enfants passent à côté de leurs bénéfices à long terme sur la santé (moins de diabète, d’allergies, etc.). « Même si les instituts de recherche et les AOP déploient beaucoup d’efforts pour avancer dans la maîtrise sanitaire, il reste un risque résiduel, a déclaré Laurent Guillier, de l’Anses, à Aurillac. En l’état actuel des connaissances, il n’est pas raisonnable d’encourager les enfants à consommer des fromages au lait cru. »
La lutte contre les germes pathogènes quitte progressivement le champ hygiéniste, à l’origine d’un appauvrissement de la biodiversité microbienne, pour une approche plus globale via un équilibre des différents microbiotes.
1 230 espèces bactériennes dans les laits
Le séquençage de leur ADN dans 44 AOP fromagères met en évidence leur richesse. L’Inrae, France Génomique et le Cnaol ont identifié 1 230 espèces bactériennes et 1 367 espèces fongiques dans les échantillons de laits, et 820 espèces bactériennes et 333 fongiques dans les fromages. « L’objectif est de comprendre à quel moment l’équilibre microbien vacille, permettant l’émergence d’un germe pathogène », explique Carole Ly, directrice de l’Inao. Cette lutte par la diversité a déjà débuté dans les fromageries. En Normandie, les fromagers de l’AOP Camembert testent, à partir de janvier, un complexe de trois bactéries anti-salmonelles mis au point par l’Université de Caen.
Les producteurs aimeraient, eux, mieux comprendre en quoi leurs pratiques favorisent les « bons » et « mauvais » micro-organismes. Des recherches sont en cours.
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