
Négliger un apport de foin de qualité pour de jeunes génisses au pâturage a conduit à des acidoses très dommageables.
FIN JUIN, L'APPEL TÉLÉPHONIQUE D'UN ÉLEVEUR concerne son lot de veaux de l'année au pâturage. Cet élevage laitier en race montbéliarde élève tous ses veaux, les génisses en renouvellement du troupeau laitier et les mâles pour la production de boeufs. Depuis la mise à l'herbe au printemps, il constate un amaigrissement progressif et important des animaux associé à une diarrhée. Les veaux, âgés de six à dix mois, ont reçu avant le lâcher un traitement curatif contre les coccidies et un traitement préventif à longue action contre les strongles avec une moxydectine injectée à la base de l'oreille. De plus, un bolus d'oligo-éléments adapté à la mise en pâture a été administré au lâcher. Dans un premier temps, tous les éléments étant réunis pour une mise à l'herbe réussie, l'éleveur a mis la diarrhée et la perte d'état corporel de son lot de veaux sur le compte d'un printemps particulièrement frais et pluvieux. Me faisant part de son inquiétude, je questionne l'éleveur longuement pour compléter les commémoratifs. Les veaux reçoivent également un vieux foin dans un râtelier à balles rondes et un concentré à volonté dans un nourrisseur. Il n'y a pas de pierre de sel à leur disposition et l'abreuvement est assuré par un abreuvoir raccordé à la concession. Rassuré sur la qualité de l'eau mise à disposition, j'interroge l'éleveur sur l'appétence et la quantité de foin réellement consommée puisqu'il est relativement difficile pour de jeunes animaux de tirer les brins de foin sur une boule non déroulée. La réponse est vague, mais ils en mangent d'après l'éleveur « et puis ça ne peut pas être la cause du problème ». Je lui explique alors qu'un concentré distribué à volonté, une climatologie fraîche et humide moins favorable à l'ingestion, une herbe jeune, peu fibreuse et riche en azote, le tout associé à une consommation de foin aléatoire, pouvaient expliquer le phénomène.
DEUXIÈME VISITE APRÈS LA MORT D'UN VEAU
En effet, si les veaux ingèrent essentiellement du concentré, classiquement très appétent, la faible ingestion de foin, associée à l'herbe très jeune, ne permet pas de tamponner le milieu ruminal, entraînant une acidose chronique du rumen avec amaigrissement et diarrhée. L'éleveur n'est pas convaincu et m'apporte des prélèvements de bouses pour mener des recherches parasitologiques. Les résultats s'avèrent négatifs pour les strongles digestifs et les coccidies, ce qui est cohérent avec les traitements mis en oeuvre au lâcher. Nous sommes au début de la saison de pâture, l'absence d'oeufs de grande douve et de paramphistomes dans les fèces est logique.
L'éleveur sollicite notre intervention quinze jours plus tard à la suite de la mort d'un veau. Sur place, nous observons un lot de veaux rentré à l'étable dont les animaux les plus sévèrement touchés sont cachectiques (d'une maigreur alarmante) avec un remplissage du rumen quasi nul et une diarrhée chronique. Le concentré utilisé est de type amidon, donc potentiellement très acidogène, ce qui conforte notre hypothèse. La mise à disposition de foin de bonne qualité, associé à un apport pendant quelques jours de bicarbonate dans l'eau de boisson et d'une pierre de sel, a permis un retour à la normale, mais le retard de croissance ne sera jamais comblé.
Les animaux les plus touchés sont d'une maigreur alarmante et le retard de croissance du lot de génisses ne sera jamais comblé. © P.K.
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