Irriguer les cultures fourragères, est-ce pertinent ? La question est un brin triviale, mais les résultats des trois années d’essais pratiqués sur plusieurs sites en France par Arvalis apporteront peut-être un élément de réponse. Ils devraient permettre de savoir combien une espèce fourragère peut produire de matière sèche en plus selon un volume d’eau apporté.
Les résultats préliminaires étaient présentés lors des récentes journées de l’Association francophone pour les prairies et les fourrages (AFPF) à Angers. Il en ressort que d’une fourragère à l’autre, l’efficience de l’eau d’irrigation se situe entre 18 et 29 kg MS/ha/mm d’eau apportée. « Avec un tour d’eau de 30 millimètres, on va produire 600 kg de matière sèche en plus », résume Pierre Larsonneau, ingénieur agronome chez Arvalis. « Ce ne sont pas des niveaux très élevés ».
Sur-irriguer n’entraîne pas de hausse de rendements
Les essais ont été pratiqués pendant toute la période d’exploitation des fourrages, printemps et été. L’irrigation était déclenchée en fonction des indications des sondes capacitives et des préconisations des tensiomètres, en partant des seuils tensiométriques du maïs. Quatre régimes hydriques étaient testés avec des apports d’eau allant de 50 % à 130 % des besoins en eau estimés de la plante, autrement appelés évapotranspiration maximale (ETM).
Sur les parcelles les plus irriguées (130 % ETM), dans la majorité des essais, il n’y a pas de différence significative avec les parcelles bien irriguées (ETM). Autrement dit, arroser trop n’a pas d’utilité. « Cela signifie qu’à l’ETM, il n’y a pas de sous-irrigation », précise Pierre Larsonneau.
Déclencher l’irrigation en pleine chaleur a un effet de climatisation, cela avait été démontré par de précédentes études. Cela permet à la plante de revenir à des niveaux de température plus exploitables pour elle, où elle n’est plus en situation de stress thermique. Mais cette baisse induite par l’irrigation n’est que de quelques degrés.
Impact du stress hydrique sur le stress azoté
Les essais ont permis de constater que sur les parcelles les plus irriguées, les rendements avaient fléchi d’une tonne de MS/ha l’année suivante par rapport aux systèmes en sec. Pour la fétuque, cela pourrait s’expliquer par un manque d’azote. Le stress hydrique conduit à un stress azoté. « La plante a énormément fourni, utilisé les ressources du sol, et sur la seconde année elle disposait de réserves réduites ».
En luzerne, le nombre de pieds était en diminution dans la parcelle. « Sur-irriguer de la luzerne pousse la plante à taller, cela a pour effet de diminuer le nombre de pieds, ce qui fait qu’en l’absence d’irrigation l’année suivante, la plante a moins de capacité de rendement que celles qui étaient le plus stressées », explique Pierre Larsonneau.
Sur toutes les espèces, c’est sur les modalités les moins irriguées que l’indice de nutrition azotée (INN) était le plus faible, systématiquement inférieur à 1. « Cela montre le lien entre stress hydrique et stress azoté ».
Sur la qualité alimentaire du fourrage, le régime hydrique n’a aucun impact, la plante garde les mêmes propriétés énergétiques ou azotées.
Ces essais vont être consolidés par une dernière année d’expérimentation. « La question est aussi de regarder combien d’eau il faut apporter et cela va beaucoup dépendre du matériel d’irrigation de l’agriculteur, de ses pratiques, de l’eau disponible et de ses connaissances, ajoute l’ingénieur agronome. Pour nous le but sera d’affiner cela dans un futur assez proche ».
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