Depuis ce printemps, la Cuma sarthoise des Cinq Charmes a remplacé l’interface de sa bineuse par un quatrième point hydraulique d’Hydrokit. Rencontre avec un adhérent et le chauffeur de l’ensemble.
« Je pratique du binage sur maïs depuis 2009, explique Nicolas Haubert, éleveur laitier bio à Bouër, dans la Sarthe. J’adhère à la Cuma des Cinq Charmes, sur la commune voisine du Luart, qui effectue la prestation avec tracteur et chauffeur. Nous avions jusqu’à présent une bineuse classique de marque Monosem, attelée sur une interface à déplacement latéral, guidée par une cellule photoélectrique. Ce principe est intéressant, mais il n’était pas toujours efficace à 100 % . Dans les parcelles en dévers par exemple, la précision ne correspondait pas aux attentes des adhérents. La Cuma réfléchissait donc à renouveler son matériel. Le choix s’est porté sur le système de quatrième point hydraulique proposé par Hydrokit. »
Vérin double effet
C’est le chef d’atelier de la Cuma qui a découvert cet équipement lors du Sima 2022 et l’a présenté aux adhérents. Séduits par le principe, ils ont opté pour un guidage par caméra couleur, complété par des palpeurs mécaniques. L’ensemble a été livré et installé au printemps 2023. Le fonctionnement du quatrième point est assez simple : il s’agit d’un bras qui vient se fixer sous le tracteur au niveau de la trompette gauche de l’essieu arrière. Il est positionné en diagonale sous les bras de relevage. L’autre extrémité est reliée directement à la bineuse, sur un support spécifique boulonné juste à côté du point d’attelage droit. Un vérin double effet permet de faire varier la longueur de ce quatrième point et ainsi de décaler l’outil attelé vers la droite ou vers la gauche. Il faut pour cela démonter les deux stabilisateurs afin de laisser les bras de relevage totalement libres. Grâce à cet investissement, la Cuma a revendu son interface, et a pu conserver l’ancienne bineuse. Il s’agit d’un modèle à 6 rangs, doté d’un repliage manuel des deux éléments extérieurs afin de s’adapter aux différentes exploitations qui utilisent des semoirs de largeurs différentes.
Le vérin du quatrième point hydraulique est asservi à un écran de contrôle en cabine qui reçoit les images de la caméra. Celle-ci est placée sur un mat fixé à la bineuse et filme deux rangs en même temps. Sa sensibilité permet de distinguer les nuances de couleurs. Si la plante a par exemple des reflets violets en raison d’une carence, le chauffeur ajuste le réglage de l’appareil afin de bien distinguer les adventices et le maïs. La Cuma a choisi d’installer également des palpeurs mécaniques au niveau de la bineuse. Ces capteurs prennent le relais de la caméra, notamment pour les passages les plus tardifs quand les feuilles sont plus fournies et que l’analyse d’images ne permet plus de déterminer l’axe du rang avec précision.
Moins de pieds arrachés
Dès les premières semaines d’utilisation, l’intérêt de cet équipement s’est fait sentir : «La conduite demande désormais moins d’attention, souligne Guillaume Siron, le chauffeur habituel de la Cuma. La caméra est précise et l’hydraulique réagit instantanément pour recaler les outils dans le bon axe. Par rapport aux années précédentes, je retrouve moins de pieds de maïs arrachés par inadvertance. Ce guidage apporte un vrai confort pour la conduite, car cela demande moins d’attention. Je le ressens en fin de journée, avec moins de fatigue qu’auparavant. »
Dans les parcelles en dévers ou bien aussi dans les virages, l’effet du quatrième point hydraulique est intéressant car le décalage se fait par pivotement autour d’un axe situé au centre du tracteur. L’ensemble tracteur outil forme donc un arc légèrement courbé qui suit bien la trajectoire des rangs. Avec l’ancienne interface de conception classique, le suivi était moins performant. En effet, dans le dévers, le tracteur a tendance à rouler en crabe pour compenser la pente et le châssis de la bineuse, qui reste perpendiculaire à l’axe d’avancée, se retrouve alors en léger décalage. C’est d’ailleurs un des arguments souvent mis en avant par le constructeur Hydrokit pour montrer l’intérêt de son système.
À l’usage, l’avantage de cet équipement ne fait aucun doute pour l’éleveur, notamment pour peaufiner le programme de désherbage mécanique : « Avant de biner, je passe généralement deux fois la herse étrille, d’abord à l’aveugle avant la levée, puis une autre fois quand les plants sont suffisamment ancrés au sol, explique l’éleveur. Les années précédentes, je ne pouvais réaliser le plus souvent qu’un seul binage, car il fallait attendre que la culture soit suffisamment développée pour que les cellules photoélectriques de l’interface détectent bien les rangs. Grâce à la précision de la caméra, je peux demander une intervention plus précoce, ce qui laisse de la place ensuite pour un second binage avant que les feuilles ne recouvrent tout l’inter-rang. Avec quatre interventions en début de cycle, le maïs est plus propre et cela devrait se retrouver, je l’espère au niveau de toute la rotation.»
Travail à 7 km/h
Le tracteur employé est un T6010 New Holland d’une puissance de 101 ch. Dans de bonnes conditions, il atteint généralement les 7 km/h pour un rendement d’environ 2 ha/h. Un seul distributeur à simple effet avec retour libre suffit à alimenter le vérin. Ce dernier est en effet équipé d’une vanne à trois voies qui envoie l’huile dans un sens ou dans l’autre, selon les besoins.
Le tout est piloté électriquement par le boîtier en cabine. Ce principe est apprécié par les utilisateurs. En effet, le tracteur de la Cuma étant relativement ancien, le chauffeur estime qu’employer en continu un distributeur à double effet ferait circuler davantage d’huile avec un risque de surchauffe. « La pose du quatrième point hydraulique n’entraîne pas de contraintes particulières, précise Guillaume Siron. Pour dételer la bineuse, par exemple, j’ai juste une broche supplémentaire à retirer, puis je peux avancer le tracteur. Pour raccrocher l’ensemble en revanche, il faut vraiment reculer bien droit sinon les fixations ne tombent pas en face des trous. Si je suis seul, je dois remonter en cabine une ou deux fois avant de trouver la bonne position, mais cela reste assez facile. »
Le quatrième point hydraulique ne nécessite pas beaucoup d’entretien. Le chauffeur de la Cuma estime qu’il faut tout de même graisser régulièrement les axes des bras de relevage car, du fait des mouvements latéraux plus fréquents, ils sont plus sollicités qu’avec un matériel standard. « La bineuse est légère et elle travaille en superficie, ajoute Nicolas Haubert. Quand le vérin agit c’est donc elle qui se décale. Avec un outil qui serait davantage ancré dans le sol, je pense que c’est le tracteur qui pourrait bouger. Après une année d’utilisation, cet investissement nous paraît bien adapté aux besoins de la Cuma. Le coût global était de 22 000 €, caméra comprise. Conserver l’ancienne bineuse était aussi un élément important dans la décision, car elle correspond bien à la demande des adhérents. Nous avions étudié l’achat d’une nouvelle interface avec un guidage plus performant que l’ancien équipement, mais cela revenait toujours plus cher. »
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