Des outils de décompactage de sol à utiliser en connaissance de cause

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Didier Touraine, chargée agronomie et environnement a la chambre d'agriculture du Doubs-Territoire de Belfort devant la herse régénératrice de prairie Quivogne (HRP). Elle est issue d’un partenariat entre le constructeur franc-comtois, la chambre régionale d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté et la CUMA du Bémont dans le Doubs. Elle se compose à l’avant d’une rangée de disques ouvreurs, suivis de deux rangées de dents couteaux scarificateurs, de deux rangées de dents niveleuses et d’une hers (© A. Brehier)

Les herses régénératrices de prairies ou les décompacteurs peuvent se révéler utiles pour remédier au tassement et à la compaction des sols, à condition d’être employé à bon escient.

Trombes d’eau, sécheresses, foins faits dans de mauvaises conditions, etc., avec l’effet du changement climatique, les sols sont de plus en plus souvent soumis à rude épreuve. Outils d’intervention intermédiaires, les herses régénératrices et les outils de décompaction permettent d’éviter de labourer un peu trop systématiquement les prairies naturelles dégradées. Dans certains types de sols plus résilients, du fait de leur teneur élevée en matière organique et de la présence d’argile en quantité ni trop élevée ni trop faible, la nature peut d’elle-même réparer certains dégâts.

Dans le cas d’une très importante dégradation, comme une forte compaction avec des racines coudées ou une ancienne semelle de labour bien marquée, l’effet du climat et de l’alternance gel-dégel en particulier ne suffira pas. Le recours à une intervention mécanique devra être envisagée. «Labourer une parcelle de pré est toujours un constat d’échec, estime Didier Tourenne, chargé agronomie et environnement à la chambre d’agriculture du Doubs-Territoire de Belfort. L’investissement en semences et en matériel effectué pour réimplanter une nouvelle prairie est parfois décevant. Au bout de quelques années d’exploitation, la flore se dégrade de nouveau. » Avant toute décision, l’agriculteur devra identifier la nature du problème (feutrage racinaire en surface ou compaction plus profonde). À cet effet, un profil de sol est vivement recommandé. Il est aussi possible de lever une motte de terre à l’aide d’une fourche télescopique.

Un profil de sol à réaliser

« La réponse de la parcelle à l’amélioration mécanique est liée au choix du matériel adapté selon le diagnostic préalablement établi par un examen du profil du sol », explique Didier Tourenne. La présence de blocs ou de zones compactées en profondeur (20-25 cm), liée à une ancienne semelle de labour ou à du tassement, pourra être traitée avec un décompacteur de type Herbasol (Actisol).

Si la dégradation de prairie n’est pas liée à des pratiques inappropriées en matière de fertilisation, de fauche ou de conduite du pâturage, l’agriculteur peut alors s’interroger sur l’outil le plus adapté. Ici, le décompacteur de type Herbasol (Actisol) fissure et aéré le sol en profondeur. (© A. Brehier)

Un tassement du sol entre 5 cm et 10-15 cm avec du feutrage racinaire sur les premiers centimètres nécessitera un outil équipé d’un disque pour couper les racines superficielles, suivi d’une dent pour fissurer la zone dégradée en évitant de remonter des cailloux et pouvoir « glisser » sur une zone rocheuse plus superficielle dans la parcelle. Selon les années, l’intervention pourra se faire à l’automne ou en février.

Le matériel devra être passé dans de bonnes conditions, quand le sol est essuyé et pas trop humide. Il faudra ensuite laisser s’écouler plusieurs semaines avant de revenir sur la parcelle, le temps que les racines et les vers de terre complètent le travail. « Le respect de ces bonnes conditions d’utilisation est essentiel si l’on veut éviter que l’outil reste sous le hangar de la Cuma », souligne Didier Tourenne.

Des pratiques d’avenir

D’après les études réalisées en Bourgogne-Franche-Comté, les effets visibles sur la structure ne s’accompagnent généralement pas d’augmentation spectaculaire de rendement. La réponse de la flore à l’amélioration mécanique n’est pas instantanée et reste dépendante du climat et des pratiques, notamment de la fertilisation.

Au bout d’un an, une augmentation du chevelu racinaire en profondeur est constatée, condition nécessaire à une meilleure résistance au changement climatique. « Compte tenu des dégâts qui peuvent être provoqués par des pratiques agricoles dans des conditions pédoclimatiques difficiles, les herses régénératrices et les outils de décompaction sont des outils d’avenir, pointe Didier Tourenne. Cette année 2023, avec un printemps très pluvieux, de nombreuses parcelles ont été matraquées. Le tassement risque d’être aggravé en cas de canicule et de sécheresse. »

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo
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