De plus en plus sophistiquée, la cuve à lisier compte parmi les équipements d’élevage les plus onéreux. Frédéric Lavalou, animateur à la FD Cuma de l’Ouest, nous donne ses conseils pour réussir à rentabiliser ces engins dont les prix comportent maintenant six chiffres.
Il y a quelques années, une cuve à lisier coûtait dans les 70 000 €. Aujourd’hui, avec le retrait progressif des buses à palettes, les prix ont presque doublé. En cause, des équipements de plus en plus sophistiqués. « Faire passer le lisier dans des petits tuyaux, c’est technique et ça coûte cher », explique Frédéric Lavalou, animateur agro-équipements à la Fédération des Cuma Ouest. « Cela implique généralement un compresseur de grosse cylindrée, un accélérateur de flux, une tête de répartition… », autant d'options qui font gonfler les prix.
Limiter la volatilisation
Pour rentabiliser l’investissement, le conseiller propose de travailler sur la valorisation des effluents afin de limiter les pertes. « Lorsqu’on épand du lisier bovin, 35 % de l’azote est potentiellement évaporable ». En bref, épandre 40 m3/ha en plein soleil ou en conditions venteuses avec une buse à palettes, peut revenir à épandre 26 m3/ha dans des conditions plus favorables. Et le constat est encore plus criant lorsqu’il s’agit d’épandage de lisier porcin ou de digestat, où la volatilisation de l’azote peut avoisiner les 60 % en cas de mauvaises conditions d’épandage.
Limiter la volatilisation permet ensuite d’adapter son plan de fumure. « Il faut faire analyser ses lisiers, faire des analyses de sols, et voir si les économies en engrais minéral permettent de compenser l’investissement », poursuit Frédéric Lavalou. Avec en moyenne 2 à 3 unités d’azote par tonne de lisier bovin, le calcul est à faire. Et l’investissement est d’autant plus rentable lorsque les engrais sont chers.
Epandre toute l’année
« Avant, il y en a qui épandaient 60 à 70 m²/ha en cachette pour se débarrasser du lisier. Maintenant il commence à y avoir une économie des effluents. On ne met que ce qui est vraiment nécessaire au moment le plus opportun ».
Les différents outils permettent d’épandre toute l’année, notamment sur des cultures implantées. Une manière d’apporter de l’azote aux stades clés de la culture. « Le pendillard est par exemple adapté pour les apports sur céréales au moment du tallage ».
Miser sur le collectif
« Pour rentabiliser une tonne, on dit généralement qu’elle doit faire 750 chargements par an », estime Frédéric Lavalou. Cela revient à valoriser 13 500 m3 de lisier (avec une cuve de 18 m3). Pour atteindre ces volumes, autant miser sur le collectif. « Au-delà de 1 200 voyages, la Cuma est moins chère que l’ETA ».
Question dimensionnement, il peut être tentant d’aller vers de gros modèles. « Une tonne à lisier passe les ¾ de son temps sur la route, il est naturel de vouloir optimiser les trajets ». Mais attention à ne pas voir trop grand. « Au-delà de 18 m3, on commence à être limite sur le plan réglementaire, comme agronomique », avertit le conseiller. Entre le poids du chargement, et celui de l'enfouisseur, il est parfois aisé de dépasser le poids total autorisé en charge (PTAC). Ce dernier est de 29 t pour un outil à deux essieux, et 32 si l'équipement bénéficie de trois essieux ou plus. A noter que les ensembles roulant ne doivent pas dépasser les 38 t. Au delà du risque de surcharge se pose la question du tassement du sol. « Plus la cuve est lourde, et plus il est difficile d’intervenir au champ toute l’année ».
Penser au tracteur
Car si la cuve à lisier permet d’économiser sur les épandages d’engrais minéral, elle peut aussi coûter à l’éleveur si elle entraîne l’achat d’un tracteur de puissance supérieure. « Souvent, lorsqu’on change de génération de tonne, on se pose la question du renouvellement ou de l’achat d’un tracteur », insiste l’expert. Compter 180 cv (puissance nominale) pour tracter une cuve de 18 m3 en pendillard ou patin, et plus de 200 cv si la cuve est munie d’enfouisseurs à disques.
L’enjeu est donc de savoir si le tracteur est capable de tirer la cuve, en termes de puissance, mais aussi de débit hydraulique, du système de freinage, ou encore d’intégration du pupitre de commande. « Généralement, dans les Cuma, cela aboutit à l’achat d’un nouveau tracteur », précise Frédéric Lavalou. Et comme l’outil a vocation à tourner toute l’année, le tracteur finit par faire des heures.
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