
L’été humide et l’automne doux sur une grande partie de la France ont été très favorables à l’infestation des prairies en parasites. Les strongles provoquent des diarrhées et des toux accompagnées d'une baisse des performances laitière et de croissance. Faut-il vermifuger maintenant ? Quand ? Quels animaux ? Avec quels produits ? Le Bureau technique de la promotion laitière (Btpl) y répond, d’autant que la nouvelle réglementation sur les produits antiparasitaires restreint leur utilisation systématique sur le troupeau laitier.
Le double effet strongles
L’ostertagiose de type I :
Ostertagia est un ver de la caillette des bovins. Il infeste les animaux pendant le pâturage entraînant diarrhée, poil piqué, baisse de croissance ou même amaigrissement : c’est l’ostertagiose de type I.
L’ostertagiose de type II :
En fin de saison de pâturage, les larves d’ostertagia, s’enkystent dans la paroi de la caillette pour passer l’hiver. A la fin de l’hiver, suite à un stress tel que vêlage, changement de temps, transition alimentaire, elles sortent de la muqueuse provoquant une diarrhée très grave : c’est l’ostertagiose de type II.
Les mesures de prévention et les traitements doivent donc porter sur ces deux formes : les vers dans la caillette et les larves enkystées.
Un principe majeur : développer l’immunité des animaux
En contact avec les parasites, le jeune bovin va peu à peu s’immuniser contre leurs effets néfastes. Cette immunité s'acquiert et s’entretient par de petites infestations régulières et nécessaires tous les ans : il faut deux à trois années de pâturage pour que les génisses développent une immunité correcte.
- L’utilisation excessive d’antiparasitaires peut supprimer cette immunité.
- Le défaut d’utilisation à l’inverse va pénaliser la croissance de l’animal.
- Le traitement doit donc être raisonné sur les deux années de pâturage des génisses.
Traiter ou non ? Quels animaux ?
La décision de traiter ou pas dépend :
- de l’âge des animaux,
- de leur état général,
- des risques de contamination des parcelles.
Génisses en première année de pâture :Le traitement est généralement nécessaire sauf si le contact parasites-animal a été limité durant la première saison de pâturage (a évaluer selon le résultat des analyse).
Génisses sorties tardivement en première pâture : Avec l’étalement des vêlages il est de plus en plus fréquent de sortir des génisses en pâture en fin d’été, et de les ressortir au printemps suivant souvent à plus d’un an.
Dans ce cas :
- La première sortie courte doit être réalisée sur pâture faiblement contaminée : repousses, ou après pâturage d’adultes qui excrètent moins de parasites. Ce pâturage n’aura pratiquement pas d’impact sur l’immunité.
- La sortie au printemps suivant sera la véritable première année de pâturage, avec la même stratégie de déparasitage que pour les génisses sorties au printemps précédent, mais avec des animaux plus résistants.
Génisses de 2ème année de pâture : Leur traitement est plus discutable. On peut ne pas les traiter si les mesures de prévention ont bien été conduites en première année (acquisition d’une immunité correcte) et sur le pâturage de deuxième année, si leur aspect est correct, ou si un diagnostic individuel ou par lot confirme le faible niveau d’infestation.
Vaches : Elles ne doivent pas être vermifugées systématiquement, mais uniquement si des symptômes sont observés (toux au pâturage, diarrhée en début d’hiver), ou si un diagnostic confirme la nécessité de traiter.
Quel diagnostic pour estimer le taux de contamination ?
- Sur les génisses la coproscopie est un bon indicateur pour contrôler les excrétions en milieu de première saison de pâturage. Après, seul le contrôle des pepsinogènes à la rentrée à l’étable est interprétable pour juger de la nécessité du traitement de rentrée.
- Sur les adultes, on ne retrouvera pas forcément des œufs dans les bouses même si la vache a des vers car une immunité se met en place. La présence d'oeufs montre un défaut d'acquisition de l'immunité durant les premières années de pâturage. Le dosage du pepsinogène n’est plus interprétable chez les vaches adultes.
Mesurer et gérer les risques au pâturage
Le choix de traiter ou pas dépend également de la pression en parasites sur les pâtures : cette pression peut être considérablement diminuée par une conduite raisonnée du pâturage :
- Ne pas mélanger des lots d’animaux d’âges différents sur les mêmes parcelles.
- Gérer le pâturage : rotation des parcelles, chargement, durée de repos pour éviter que les jeunes animaux pâturent une herbe trop rase (moins de 5 cm), les parasites étant concentrés au pied des plantes.
- Passage sur parcelles de repousse pour limiter et retarder le pic de larves infestantes sur les pâtures.
- Alterner d’une année sur l’autre pâture et fauche en première coupe pour « assainir » les pâtures.
- Sortir les animaux des parcelles de bonne heure à l’automne.
Effet du type d'animaux, et de la date de retrait de la parcelle sur le niveau d’infestation des pâtures :
Catégorie de bovins | Niveau de contamination | ||
| avant octobre | octobre | après |
Génisses 1ere année | +++ | +++ | +++ |
Génisses de 2 ans | + | ++ | ++ |
Génisses de 3 ans | = | = | + |
Vaches laitières | - | - | = |
Vaches allaitantes et veaux | + | ++ | +++ |
Traitements : 3 types de produits possibles
1. Les strongylicides à action immédiate (Benzimidazoles) :Ces produits agissent sur les strongles gastro-intestinaux et pulmonaires aussitôt après leur administration, mais au-delà de 3 à 70 heures après l’injection, leur action est terminée.
Ils sont intéressants pour "nettoyer" les animaux à la rentrée à l’étable mais déconseillés quand l’on cherche une action longue sur la saison de pâture.
Les produits à base de lévamisole utilisés à l’automne sont moins actifs sur les larves enkystées que les autres familles.

2. Les strongylicides à action rémanente (Endectocides) :
Agissent sur les strongles gastro-intestinaux et pulmonaires sur une durée de deux à cinq semaines, après administration du produit selon les molécules.
Ce sont les produits les plus couramment utilisés pour :
- leur facilité d’administration (Pour-On),
- leur action sur les parasites externes (Varron, poux, gale…)
- la rémanence qui couvre une longue durée sur la pâture.

Produits utilisés au printemps :

La matière active contenue dans des bolus se libère de deux façon:
- Les bolus à libération continue libèrent le stronglylicides en continu durant 90 à 140 jours.
- Les bolus à libération séquentielle libèrent une dose de produit cinq fois d'affilé à intervalle régulier d’environ trois semaines. Le contact parasites-animal nécessaire pour acquérir l'immunité est ainsi possible.
L’infestation des bovins et l’excrétion dans les bouses sont interrompues pendant la durée d’activité de ces médicaments.
Ces produits ne peuvent être utilisés chez les vaches productrices de lait de consommation, en lactation ou en période de tarissement ni chez les génisses gestantes futures productrices de lait de consommation et ont un long délai d’attente pour la viande.
Remarque :
En cas de symptômes d’infestation par des strongles respiratoires (toux sur de nombreux animaux), ne pas conclure trop tôt qu’un produit n’est pas efficace car la toux ne disparaît généralement qu’au bout d’un mois après le traitement.
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