
La fièvre de lait, ou hypocalcémie, est due à une chute du calcium sanguin au vêlage. D’après le Bureau technique de la promotion laitière, (Btpl), la fièvre de lait atteint généralement 6 % des vaches du troupeau, et particulièrement les bonnes laitières. Pour y remédier, il est possible de faire un foin à base de fléole fertilisée avec du chlorure de calcium. Ce foin distribué durant le mois qui précède le vêlage, présente un Bilan alimentaire cation-anion (Baca) très faible, ce qui limite les risques de fièvre de lait.
![]() Des chercheurs canadien ont prouvé que la fléole des prés avait un Baca beaucoup plus faible que les autres espèces. De même, une fertilisation adaptée, à faible teneur en potassium, réduit également le Baca du foin. (© Terre-net Média) |
De nombreux problèmes métaboliques menacent la vache laitière durant la période entourant le vêlage. Ces problèmes de santé sont inter-reliés et il est souvent difficile d’en déterminer la cause initiale. Chose certaine, l’alimentation joue un rôle important dans l’apparition de ces troubles
L’hypocalcémie se manifeste par la fièvre de lait
L’hypocalcémie sub-clinique (baisse du calcium sanguin), dont la manifestation visible est la fièvre de lait est un de ces problèmes majeurs. La fièvre de lait atteint généralement 6 % des vaches du troupeau, particulièrement les bonnes laitières, plus âgées. Cependant, près des deux tiers des vaches de plus d’une lactation peuvent faire de l’hypocalcémie sans pour autant développer une fièvre du lait.
Suite du vêlage, les besoins de la vache laitière augmentent de manière très importante :
- Ils triplent pour le glucose,
- doublent pour les protéines et l’énergie,
- et quadruplent pour le calcium.
Si ces besoins en calcium ne sont pas satisfaits, le taux de calcium sanguin baisse, et cette baisse du calcium sanguin cause une diminution de l’appétit des vaches.
Cette baisse d’appétit favorise le développement de problèmes métaboliques secondaires comme la rétention placentaire, le déplacement de caillette, l’acétonémie, l’amaigrissement excessif et des problèmes de fertilité.
Il faut donc agir en premier lieu sur l’hypocalcémie pour réduire la fréquence des autres maladies.
La parathormone mobilise le calcium vers la mamelle
![]() (© DR) |
Cette hormone agit à 3 niveaux pour améliorer la mobilisation de calcium vers la mamelle :
1. Elle incite les os à retourner une partie de leur calcium vers le sang.
2. Elle incite les reins à diminuer l’élimination du calcium urinaire et à remettre en circulation ce minéral.
3. Elle stimule aussi les reins pour qu’ils produisent une forme active de la vitamine D qui favorise une plus grande absorption de calcium alimentaire dans l’intestin grêle.
Le Bilan Alimentaire Cation-Anion : « Baca »
Une légère hausse du pH sanguin (alcalinisation) occasionnée par la consommation d’une trop forte quantité de potassium (K+)ou de sodium (Na+) avant le vêlage enraye cette mécanique de régulation du calcium sanguin. A l’opposé, une légère baisse du pH du sang (acidification), en réduisant la consommation de cations (K+ et Na+) et en augmentant l’ingestion d’anions (chlore Cl- et soufre S-2) rend la parathormone plus efficace.
Le «bilan alimentaire cation-anion » (Baca) est un index calculé à partir des 4 minéraux (Na+, K+, Cl-, S).
Il permet de mesurer le pouvoir acidifiant ou alcalinisant de la ration.
![]() (© Btpl) |
Cation (charge +)
|
Anion (charge -)
|
Le Baca = (Na / 22.99 + K / 39.1) – (Cl / 35.45 + S / 16.03) X 1000 est exprimé en mEq/g de MS (milli-équivalents par g de Matière sèche).
La forte activité tampon du bicarbonate de sodium est liée à son Baca élevé de 11 700 mEq/kg. : 1 % de bicarbonate apporte 117 mEq/kg
Pour habituer la vache à mobiliser le calcium de ses os avant le vêlage, il est donc souhaitable de lui servir 3 à 4 semaines avant le vêlage une ration présentant un Baca négatif ( plus riche en CL- et S-2 qu’en K+ et NA+) de -50 mEq / kg de MS.
Produire un foin à Baca négatif
Plusieurs méthodes permettent d’abaisser la valeur du Baca :
- La plus courante est l’ajout de sels anioniques à la ration d'une vache tarie, mais les vaches les trouvent assez désagréables au goût, avec pour conséquence une baisse de consommation de la ration.
- On peut aussi fournir aux vaches des fourrages à faible teneur en potassium. Ceci est difficilement réalisable dans des sols riches en potassium.
Des chercheurs Canadiens ont montré que parmi 5 espèces de graminées cultivées : le dactyle pelotonné, le brome des prés, la fétuque élevée, le brome inerme et la fléole des prés, la fléole des prés avait un Baca beaucoup plus faible que les autres espèces. Ils ont aussi montré qu’une fertilisation adaptée réduisait également le Baca du foin.
Parmi les paramètres mesurés chez les vaches taries par les chercheurs, notons les composants du sang, le pH de l'urine et l'ingestion de matière sèche. Le pH de l'urine indique vite si une vache réagit à un régime à faible Baca. Dans cette recherche, le pH de l'urine est passé de 8,21 à 5,89 quand du foin à faible Baca était ingéré plutôt que le régime témoin.
Les chercheurs ont confirmé qu'en donnant du foin à faible Baca, on diminue vraiment le Baca de la ration. En choisissant une graminée ayant un faible Baca, et en la cultivant dans un sol à basse teneur en K avec de l'engrais chloré, on devrait atteindre le Baca cible pour la ration qui convient le mieux aux vaches taries. Ce fourrage mobilise rapidement, à la suite du vêlage, la mécanique de contrôle du calcium sanguin et atténue l’impact de cette maladie sournoise.
Comment faire un foin de fléole à faible Baca ?
- utiliser la fléole comme espèce fourragère;
- déterminer la superficie nécessaire pour obtenir la quantité de foin suffisante pour alimenter les vaches sur un minimum de trois semaines de préparation avant le vêlage;
- choisir un champ reconnu pour donner des fourrages à faible contenu en potassium (de préférence moins de 2 % en potassium) et dont l’analyse de sol se situe à 150 kg/ha de potassium et moins;
- ne pas utiliser de lisier ou de fumier, favoriser plutôt l’utilisation des engrais azotés minéraux (34-0 0 ou 27,5-0-0), la fertilisation azotée étant importante pour assurer un bon rendement;
- fertiliser avec 160 kg/ha de chlorure de calcium pour atteindre un faible Baca;
- récolter un foin d’excellente qualité nutritive au stade début épiaison, sans moisissures ni poussières;
- identifier ce foin avec des cordes de couleurs différentes lors de la récolte et l’entreposer dans un endroit spécifique facile d’accès;
- alimenter les vaches en préparation au vêlage avec ce foin et des ingrédients permettant d’obtenir une ration dont le Baca est de 50 mÉq/kg ou moins.
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