La Bazadaise ne fera pas grise mine au Salon de l’agriculture

Cerise, vache bazadaise venue des Landes, sera l’égérie du Salon de l’agriculture du 27 février au 6 mars 2016. L’occasion de tirer le portrait de cette vache bouchère vêtue d’une jolie robe grise. Une race à faible effectif, mais aux grandes qualités.

Vache bazadaise
140 éleveurs sont inscrits au herd-book bazadais pour un effectif de 4 000 vaches. (©OS Bazadaise)

Avez-vous déjà entendu parler de la Fête des bœufs gras de Bazas ? Cela fait 733 ans, que chaque jeudi qui suit le mardi gras, au début du mois de février, les bœufs bazadais défilent couronnés de fleurs devant la cathédrale de Bazas. Cette tradition remonte au Moyen-âge et fait encore aujourd’hui la renommée de la Bazadaise qui régale les palais des fins gourmets du Sud-Ouest.

Pour Emile Ribatet, éleveur d’une trentaine de Bazadaises à Ancizan en Hautes-Pyrénées (65) et président de l’Organisme de sélection (OS) Excellence Bazadaise, cela ne fait aucun doute : « du point de vue gustatif, la Bazadaise fait partie des toutes meilleures races à viande avec son grain très fin et son gras persillé. C’est une race de petite taille, bien conformée, avec de la finesse d’os et d’excellents rendements de carcasse. Mais surtout, elle présente de la viande aux bons endroits, c’est-à-dire au niveau du filet, de la cuisse ou de la côte. » 

Veau bazadais
AVec des muscles aux bons endroits et un squelette fin, les rendements carcasse sont très bons : de 68 à 75 % pour un veau de boucherie, de 63 à 65 % pour un taurillon.  (©OS Bazadaise)

Rustique jusqu’au bout des cornes

Cette race de trait, devenue au fil des dernières décennies race allaitante, a vu ses effectifs descendre en-dessous des 1 000 vaches dans les années 1960-1970. Aujourd’hui, l’OS compte 4 000 mères inscrites au herd-book et 140 éleveurs adhérents, dont certains détiennent plus d’une centaine de Bazadaises. La Gironde compte le principal cheptel avec 1 200 vaches, puis les Hautes-Pyrénées avec 700 mères.

Rustique jusqu’au bout des cornes, la Bazadaise semble s’adapter aussi bien à l’humidité des marais du Libournais, à la chaleur torride des Landes, qu’aux flancs sauvages et escarpés du massif du Vignemale. Sa plasticité lui permet de s’adapter aux fourrages grossiers, et d’être capable de puiser sur ses réserves pour nourrir son veau sans compromettre sa fertilité.

« Il y a quelques troupeaux en race pure en Belgique, Angleterre ou Espagne, mais c’est principalement l’Australie qui achète des embryons pour croiser avec des Brhaman. La Colombie achète des semences, explique Yann Darrieu de l’OS Excellence Bazadaise. Ces pays chauds apprécient son petit gabarit, sa résistance à la chaleur et son poil court que n’ont pas d’autres races françaises, car les poils longs deviennent vite des nids à parasites en conditions tropicales. »

Forte demande en génisses

Quelques noyaux d’éleveurs se sont créés en dehors du Sud-Ouest, et la race s’étend vers le Nord notamment en Poitou-Charentes avec des éleveurs sélectionneurs. « Le problème aujourd’hui, c'est que nous avons du mal à satisfaire la demande d’éleveurs qui souhaitent monter un troupeau, notamment d’anciens laitiers qui se reconvertissent dans l’allaitant », fait remarquer Emile Ribatet. Il peine à trouver suffisamment de génisses disponibles à la vente. « Nous devons travailler à créer des "pépinières" pour fournir des génisses de qualité et promouvoir l’utilisation de la semence sexée femelle ».

Le schéma de sélection bazadais s’appuie notamment sur la coopérative Midatest et la station d’évaluation Blonde d’Aquitaine de Cateljaloux. Une petite dizaine de jeunes mâles bazadais entrent en station chaque année et la race sort un ou deux taureaux d’insémination par an.

La race a gagné en homogénéité et en conformation ces dernières années. « Auparavant, nous étions tentés de développer le gabarit et le format des animaux, mais aujourd’hui on se rend compte que la petite taille de la bazadaise s’avère plutôt un atout car la demande des consommateurs et des bouchers se porte désormais sur des pièces de viande plus petites qu’autrefois. C’est une vraie question d’orientation raciale sur le long terme », indique le président de l’organisme de sélection.

Vache bazadaise
Une vache bazadaise atteint environ 450 kg de carcasse et 530 à 600 kg pour un bœuf de trois à quatre ans.  (©OS Bazadaise)

Le pied montagnard

A côté de cela, les éleveurs bazadais poursuivent leur travail de sélection sur la facilité d’élevage qui fait sa renommée avec trois qualités essentielles : sa fertilité, sa facilité de vêlage et son bon comportement maternel. Les veaux naissent plutôt légers (35 à 42 kg) ce qui contribue à vêler sans difficulté.

Dans les Hautes-Pyrénées, à 800 mètres d’altitude, les Bazadaises d’Emilie Ribatet quittent l’étable dès la fonte des neiges au printemps pour monter en estive. « Elles vêlent dehors, en montagne, au mois de septembre-octobre. Il faut qu’elles se débrouillent seule. La bonne facilité de vêlage est donc essentielle car la montagne peut être très difficile d’accès si le vétérinaire doit intervenir. » La Bazadaise est maternelle et attentive à son veau tout en restant docile avec son éleveur et méfiante vis-à-vis des étrangers, notamment des randonneurs en montagne. « Quelle que soit la race, les vaches se comportent comme elles ont été éduquées », fait remarquer l’éleveur pyrénéen.

Veaux sous la mère

Veaux sous la mère
Les veaux sous la mère sont recherchés (©DR)

Là où la Bazadaise excelle, c’est en production de veaux sous la mère. Pour Emile Ribatet : « c’est la meilleur de la région ! Les veaux bazadais sont très demandés par les négociants, c’est eux qui partent les premiers avec un prix fixé pour l’année. » En effet, un veau de quatre mois élevé sous la mère (et des vaches tantes) se négocie généralement 1 200 à 1 300 euros, et parfois beaucoup plus !

« Le prix au kilo contribue au développement d’une race, c’est pourquoi nous devons poursuivre nos efforts de communication auprès du grand public. Car notre revenu vient des choix des consommateurs vers les produits de qualité parfois un peu plus chers. » La Bazadaise est actuellement commercialisée sous l’IGP Bœuf de Bazas et bœuf de Chalosse ainsi que sous le Label rouge veau sous la mère ? Une marque collective « race bazadaise » est en projet, une association d’éleveurs est prêt à commercialiser sous ce nom.  

#Cerise

Cerise, vaches Bazadaise
#Cerise, l'égérie du Sia 2016 âgée de huit ans vit chez Joël Sillac, dans les Landes. (©DR)

« Etre la race à l’honneur du Salon de l’agriculture 2016 sera donc pour nous une grande fierté, une formidable occasion de présenter la race à des publics très divers. » 22 animaux seront attendus sur le ring pour le concours bazadais le vendredi 4 mars. Cerise, la nouvelle égérie du 53e Sia, a été choisie pour son bon caractère, capable de supporter la foule parisienne, et pour ses propriétaires Angélique et Joël Sillac, qui élèvent 60 mères et une douzaine de bœufs à  Perquies dans les Landes (40). Pour Joël, « c’est une fierté de faire découvrir la Bazadaise, mais aussi une manière de rendre hommage aux "pères" de la race qui l’ont maintenue dans une période d’uniformisation, et qui ont su transmettre aux générations suivantes l’envie de la développer. »

Emile Ribatet, président de l'OS Excellence Bazadaise

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