Moins de comptages cellulaires qu’en Holstein, mais plus lentes à traire

Les Brunes ont une vitesse de traite de 2,62 litres/minute en moyenne, moins rapide
que les Holsteins. (2,74 l/min) (©Bgs)

Christian Chemin, Gaec Rocbrune (©Bgs) 

Gaec Rocbrune – Troupeau de 75 vaches brunes et prim’holsteins (Ille-et-Vilaine)

« Depuis 2006, les vaches sont traites grâce à deux stalles Rms.  Hormis sur la vitesse de traite, les Brunes ont plusieurs avantages sur les Holsteins au robot. Elles sont plus calmes, plus indépendantes dans leurs déplacements à la traite et ont une meilleure santé de mamelle. Les problèmes de branchement sont plus fréquents chez les Holsteins à cause de l’implantation des trayons arrière qu’il faut beaucoup plus sélectionner. »

Depuis l’installation du premier robot de traite en Europe en 1992, la traite robotisée a fortement évolué et avec près de 13.000 robots répertoriés dans le monde vingt ans plus tard, on peut assurer qu'il est aujourd’hui fiable. Avec 15 % du marché mondial, les éleveurs français l’ont compris et investissent de plus en plus dans cette nouvelle technologie. En 2012, 3.500 robots sont répertoriés en France sur 2.800 exploitations. L’occasion de nous pencher sur les aptitudes de la Brune au robot de traite dans un contexte ou la quasi-totalité des références sont basées sur la Holstein malgré une utilisation du robot possible dans toutes les races avec les points forts et faiblesses de chacune.

Troupeaux mixtes Brune/Holstein

Pour évaluer la Brune dans le système robotisé, les données informatiques des robots de cinq exploitations ayant des troupeaux mixtes Brune/Holstein ont été analysées. Ce sont donc 432 vaches dont 276 Brunes et 156 Holsteins qui ont été comparées sur différents paramètres : production, fréquence de traite, problèmes de branchement, temps d’occupation de la stalle et facteurs annexes. En plus de ces élements, la parole a été donnée à une quinzaine d’éleveurs à travers une enquête afin de prendre en compte leurs opinions.

Vitesse de traite et production

Dans tout système de traite robotisée, le temps d’occupation de la stalle par l’animal est économiquement important et la vitesse de traite est probablement l’un des facteurs les plus influents.

Avec un débit moyen de 2.62 l/min, la Brune reste dans la norme des 2 à 3 l/min annoncés dans les études publiées mais les variations intra races sont assez importantes et son débit reste légèrement inférieur à celui de la Holstein qui est de 2.74 l/min en moyenne.

De plus, malgré un écart de production intra troupeau inférieur entre les races à celui annoncé au niveau national, les Holsteins de notre échantillon produisent tout de même environ 4.5 kg de lait en plus quotidiennement comme le montre le tableau en bas de page.

Cependant, à vitesse de traite plus lente et production inférieure, la balance s’équilibre face à la Holstein plus forte productrice et le temps d’occupation de la stalle est donc équivalent pour les deux races à 6.5 minutes en moyenne.

Si la vitesse de traite n’est pas le point fort de la Brune, elle bénéficie d’une meilleure santé de mamelle. De plus, la vitesse de traite se sélectionne facilement. Au final, la quantité de lait délivrée par la Brune dans le même laps de temps que sa congénère est certes légèrement inférieure mais il est plus riche en protéines et en matière grasse et mieux rémunéré.

Qualité de ses membres

La qualité de ses membres est très appréciée par les éleveurs qui rencontrent plus de soucis avec les Holsteins. La Brune a une très bonne mobilité qui, associée à sa faculté d’adaptation et sa curiosité, offre une fréquence de traite tout à fait convenable même en condition de pâturage associé. A 2,5 traites/jour en moyenne, elle talonne la Holstein à 2,7 traites/jour dont la plus forte production pousse à un nombre de passages parfois supérieur. De même, le nombre de refus (passages dans la stalle sans traite) est plus important en Holstein (1,9/j) qu'en Brune (1,7/j).

Hormis pour les quelques têtues toujours présentes dans un troupeau quelle que soit la race, la faculté d’adaptation de la Brune due notamment à son caractère docile vaut également moins de problèmes au moment du branchement.

Des trayons de couleur claire et mieux implantés à l’arrière facilitent le branchement

La couleur parfois noire des trayons des Holsteins influence ce paramètre puisque les capteurs détectent moins bien les trayons dans ces conditions. La mauvaise implantation des trayons arrière est également un problème pour le branchement que l’on rencontre beaucoup moins chez la Brune que la Holstein.

Moins 25 % de comptages cellulaires

Enfin, en termes de santé de mamelle, les éleveurs s’accordent pour nous dire que les Brunes sont généralement plus saines car plus résistantes. Sur l’échantillon, on observe une moyenne cellules systématiquement inférieure chez la Brune et donc moins de vaches à dévier du circuit pour cause de cellules ou mammites.

En somme, malgré une faiblesse sur la vitesse de traite, la Brune est donc tout aussi adaptée à un système de traite robotisée que l’est la Holstein. Sa robustesse et son tempérament sont ces points forts et l’on note très peu de modification des objectifs de sélection des éleveurs sur des critères « robotiques » avec la Brune, là où ces objectifs sont plus couramment revus avec des Holsteins, notamment au niveau de la qualité des membres et des placements des trayons arrières.

Les éleveur de Brunes n'ont pas à modifier leurs objectifs de sélection à cause de la traite robotisée.(©Bgs)

Comparaison des performances au robot