
Bertrand Carpentier, ingénieur maïs fourrage chez Arvalis-Institut du végétal, donne quelques conseils pour la nouvelle campagne de cette culture, qui peine à démarrer.
![]() Bertrand Carpentier, spécialiste du maïs fourrage chez Arvalis-Institut du végétal. (© Terre-net Média) |
Web-agri : les sols sont encore froids et humides, quand faudra-t-il semer ?
Bertrand Carpentier : Les précipitations ont été importantes dans de nombreuses régions d’élevage au cours de l’hiver 2012-2013. Les sols sont aujourd’hui froids et gorgés d’eau. Il faut donc attendre le ressuyage avant d’intervenir. L’objectif est d’obtenir un profil sans semelle, sans lissage par les outils et sans compaction, ce qui facilitera la mise en place des racines. De plus, un sol ressuyé se réchauffe mieux.
Depuis quelques années, les semis précoces ont montré leur intérêt. Mais semer tôt ne se décide pas sur un calendrier. Il faut attendre le ressuyage du sol avant d’intervenir dans la parcelle. L’objectif du travail du sol est d’obtenir un profil favorable à l’enracinement et un lit de semences propice à une levée homogène et si possible rapide.
WA : Est-ce envisageable de semer la semaine prochaine ?
B.C : Semer dès le 15 avril, c’est bien… Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation ! Un bon travail du sol en conditions ressuyées apportera plus de résultat qu’un semis réalisé quelques jours plus tôt en sol non ressuyé. Tout dépendra de la météo des jours à venir.
WA : Comment assurer l’homogénéité de la levée ?
BC : La moitié du rendement du maïs se joue au semis. En maïs, la qualité du semis est essentielle à la réussite de la culture. Une graine semée donne une plante, qui elle-même donne un épi. Tout défaut de densité entraîne une baisse du rendement, en maïs grain comme en maïs fourrage. A densité optimale, plus que la régularité des plantes sur la ligne, c’est l’homogénéité de la levée, et donc la profondeur régulière de semis, qui fait le rendement. (Voir tableau ci-dessous).
WA : Les engrais starter sont-ils nécessaires ?
BC : En végétation, le développement des plantes est rapide et nécessite une bonne disponibilité des éléments fertilisants et de l’eau. Aussi, la fertilisation starter a un effet positif sur la vitesse de démarrage des plantes. Elle trouve sa place en cas de semis précoce, car une plante qui démarre vite est moins sensible aux attaques des ravageurs et s’implante mieux. Mais son coût n’est pas négligeable et le résultat n’est pas systématique. Les meilleurs résultats s’observent pour des semis précoces, dans des parcelles froides avec un potentiel de rendement élevé. L’azote apporté par l’engrais starter est à prendre en compte dans le raisonnement de la fumure de la parcelle.
Une fois que la culture a levé, mieux vaut éviter de faire l’impasse en fumure azotée, simplement parce que le potentiel de nos variétés augmente. Même si la minéralisation des sols peut être importante, l’apport de 30 tonnes de fumier ne suffit généralement pas. Il est recommandé d'apporter 50 à 80 unités d’azote minéral (ou de lisier) au printemps. L’idéal serait de les incorporer dans l’inter-rang au stade 5/6 feuilles. Les besoins du maïs en azote sont situés entre le stade 6 feuilles et le stade 3 semaines après floraison. Autrement dit, de la fin mai à début août, sous réserve que la plante trouve de l’eau pour valoriser les éléments nutritifs.
WA : Et contre les ravageurs ?
BC : Par ailleurs, la protection insecticide de la semence est aussi une assurance contre les ravageurs souterrains comme le taupin. Traitement de semences ou micro-granulés dans la raie de semis protègent la jeune plante et sécurisent le peuplement.
Tableau : pertes de rendements liées à une hétérogénéité de levée.
Variété précoce
Zone précoce
|
En situation de levée homogène
|
En situation de levée hétérogène
|
Observations
|
Semis précoce
vers le 15 avril
|
15 tMS/ha
32 %MS
0,91 Ufl/kgMS
|
|
Levée rapide et homogène
Valorisation des degrés - jours
Avance conservée
|
Semis fin avril
Avril sec, avant
retour des pluies
|
Perte de :
- 1 tMS/ha
- 3 %MS
- 0,01 Ufl/kgMS
|
Perte de :
-2 à -4 tMS/ha
-3 à -5 %MS
-0,03 Ufl/kgMS
|
Selon les situations :
Levée homogène / hétérogène
Parfois perte de densité
Présences de plantes dominées
|
Semis tardif 15 mai
pendant période
pluvieuse
|
Perte de :
- 3 tMS/ha
- 6%MS
- 0,03 Ufl/kgMS
|
Perte de :
- 4 à - 6 tMS/ha
-6 %MS
-0,04 à -0,06 Ufl
|
Difficultés de démarrage et d’implantation
Retard accumulé non rattrapé
Parfois mauvais choix de précocité
|
Tableau : Influence de la date de semis et de la qualité de levée sur le rendement (tMS/ha), la précocité à la récolte (%MS) et la valeur énergétique (UflgMS) du maïs fourrage. Synthèse d’observations au champ en 2007 et 2008. Nord-Ouest. Source : Arvalis Institut du végétal
![]() Cliquez sur l'image pour accéder au Dossier Spécial Maïs fourrage (© Terre-net Média) |
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