
C’est en automne que l’on voit les conséquences d’une mauvaise gestion du parasitisme pendant le printemps. La stratégie s’élabore dès aujourd’hui.
N’attendez pas de constater des retards de croissance à l’automne pour revoir vos habitudes de traitement contre les parasites internes ! La mise à l’herbe est aussi l’occasion d’échanger avec votre vétérinaire traitant sur l’utilisation ou non de vermifuges dans le cas de votre ferme car tous les élevages ne se ressemblent pas.
Octobre : appel d’un éleveur pour retard de croissance sur son lot de petites génisses à l’herbe : poil piqué, gros ventre, note d’état corporel moyen à 2 malgré la complémentation alimentaire mise en place, hétérogénéité de gabarit des animaux à âge équivalent. Les principales hypothèses sont parasitaires et/ou alimentaires. La ration ne présentant pas d’incohérence majeure tant qualitative que quantitative, nous explorons l’hypothèse parasitaire. En effet, les pratiques évoquées par l’éleveur « au cul de la voiture » sont erratiques et non structurées. Par ailleurs, des épisodes de toux au pâturage sont rapportés.
Des analyses pour évaluer la pression parasitaire
Il est proposé d’effectuer des examens complémentaires lors de la rentrée à l’étable pour identifier les parasites auxquels est confrontée l’exploitation et évaluer, le cas échéant, la pression parasitaire : dosages de pepsinogènes sur cinq génisses de première année de pâturage (lot à l’origine de l’appel) ; DO (densité optique) Ostertagia dans le lait de tank pour évaluer la pression parasitaire des strongles sur les laitières ; sondage sérologique grande douve sur le lait de tank et sur un échantillon représentatif de la conduite de pâturage du troupeau – cinq animaux par lot : génisses de 1 et 2 ans (G1, G2), primipares, vieilles vaches – car des paramphistomes avaient été mis en évidence au cours d’une autopsie.
Diagnostic : strongles et grande douve
Les dosages de pepsinogènes révèlent un contact parasitaire très important selon la grille d’interprétation de Camuset. Tous dépassent le seuil retenu pour qualifier un contact parasitaire d’excessif, induisant des pertes zootechniques non négligeables. Enfin, il est relevé des traces de grande douve sur le lait de tank (test Elisa). Mais surtout, les sérologies individuelles montrent une présence avérée et marquée (séroprévalence élevée) de grande douve dans le cheptel.
La présence de SGI (strongles gastro-intestinaux) et de grande douve est confirmée. La pression parasitaire, strongles et grande douve, est très, voire trop, importante sur les G1.
Plan d’urgence, puis rendez-vous au printemps
Dans un premier temps, il est décidé de vermifuger en urgence avec un endectocide et un douvicide. Une rapide reprise d’état est notée dans les semaines suivant la mise en place de ce traitement.
Dans un second temps, un rendez-vous est programmé au printemps, avant la mise à l’herbe. L’objectif est de se retrouver autour de la table pour coconstruire avec l’éleveur un plan de gestion global et cohérent du parasitisme au pâturage pour l’année suivante. Le principe de ce rendez-vous est de connaître, le plus précisément possible, la conduite de pâturage que l’éleveur va mener au cours de la saison. Il s’agit d’identifier les différents lots et leur vie (catégories d’âges, mélange de classes d’âges, ré-allotement en cours de saison, sortie en plusieurs vagues dans un même lot, complémentation parallèle…). Il faut aussi caractériser les pâtures : dédiées ou non au pâturage, croisement de lots. Enfin, il est nécessaire d’approcher la durée prévisible de pâturage : dates d’entrée et de sortie prévues par paddock, possibilité de contention, identification des pâtures les plus à risque (joncs, ruisseaux…) et historiques des pâtures (fauche, pâture neuve, après culture, etc.). Au regard de la clinique observée sur les différents lots au cours de la saison de pâturage précédente, les pâtures sont considérées comme très contaminées (nous sommes en Bretagne : la décontamination hivernale liée aux conditions climatiques est minimaliste).
Traitements ciblés à la mise à l’herbe
Un plan de gestion parasitaire est ensuite mis en place. Il est décidé de traiter les G1 avec un endectocide injectable rémanent à l’oreille. En effet, il s’agit d’animaux naïfs qui vont sortir sur une pâture extrêmement contaminée au regard de la clinique observée à la rentrée à l’étable. Celles qui les rejoindront en cours d’été seront aussi traitées mais avec un endectocide injectable classique (le choix de l’injectable s’impose lorsqu’on ne traite pas tout le lot en une seule fois). La grande douve ayant été identifiée dans ce lot, un traitement de rentrée à l’étable est prévu.
Les G2 (le lot qui a souffert et qui est à l’origine de l’appel) seront traitées avec un endectocide injectable en mai (sortie en deux vagues successives : mars et mai). L’objectif est de limiter le recyclage important de printemps. Ce risque est élevé dans la mesure où les animaux ont été blanchis au cours de l’hiver avec le traitement endectocide de janvier. Cela peut en effet être à l’origine d’une immunité antiparasitaire moins performante, cette dernière étant de prémunition.
De plus, au regard des examens complémentaires réalisés à la rentrée à l’étable, il est acquis que la charge parasitaire des pâtures lors de la mise à l’herbe sera encore très élevée et donc favorable à des contaminations massives. Enfin, pour rappel, les larves transhivernantes sont les plus prolifiques pour assurer le recyclage. La grande douve ayant été identifiée dans ce lot, un traitement de rentrée à l’étable est prévu.
Sécuriser les pâtures des vaches
Il n’est pas prévu de traitement systématique pour les vaches laitières. L’hypothèse envisagée est la suivante : la pression parasitaire élevée constatée sur les vaches est consécutive à l’arrivée dans le troupeau de primipares mal immunisées et très parasitées. Aussi est-il décidé de se contenter d’une simple injection d’endectocide pour les seules primipares lors de leur entrée dans le troupeau de laitières afin de sécuriser les pâtures des vaches du recyclage potentiel par les primipares en péripartum (stress avec baisse immunitaire). Ce lot étant aussi contaminé par la grande douve, il est décidé de le vermifuger systématiquement à l’oxyclosanide à leur entrée dans le troupeau des vaches laitières.
À l’automne suivant, l’efficacité des mesures mises en place est contrôlée. La DO Ostertagia a nettement baissé, de 1,05 à 0,6 sans vermifuger les vaches. Au regard de ces résultats zootechniques satisfaisants, il est décidé de reconduire à l’identique le plan de gestion. La seule modification apportée est l’arrêt du traitement de mise à l’herbe des G1. En effet, il s’agit d’animaux naïfs théoriquement non porteurs de SGI car jamais sortis qui vont avoir accès à une parcelle totalement neuve et drainée pour cette nouvelle saison de pâturage.
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