Les vaches laitières n’échappent pas aux infections urinaires

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La pyélonéphrite est définie comme une infection, parfois purulente du rein lorsque des bactéries d’origine fécale (fin du tractus digestif) ou vaginale remontent le système urinaire (urètre, vessie puis rein) et colonisent les reins. (© L.Dutheil/ENVT)

Les signes cliniques sont peu spécifiques, d’où un diagnostic difficile. Dans plus de la moitié des cas, aucune anomalie macroscopique de l’urine n’est observée par l’éleveur. Pourtant les reins de la vache sont bien abîmés par les bactéries, avec un risque d’euthanasie.

Marguerite est arrivée à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) « parce qu’elle bricole ». Les signes cliniques ne sont pas flagrants. Elle a maigri avec des signes de déshydratation, sans fièvre. Elle a, par contre, du mal à uriner (strangurie). À la palpation transrectale, à gauche, la consistance du rein est différente avec une dilatation de ce dernier. Une analyse d’urine s’impose qui révèle alors du sang dans les urines (hématurie) et un taux élevé de protéines (protéinurie). Une prise de sang permet de révéler son taux d’urée dans le sang (urémie). Une augmentation de ce taux indique une souffrance des reins et il devient critique, avec un fort risque d’euthanasie, s’il est supérieur 40 millimoles par litre. À l’échographie, le rein apparaît plus gros, avec une accumulation de liquides et de pus qui ne devraient pas être là en temps normal. Il s’agit bien d’une pyélonéphrite, soit une infection bactérienne urinaire grave qui atteint les reins. Ils ne fonctionnent plus et n’ont donc plus leur rôle de filtre évacuant dans les urines l’urée (entre autres), toxique lorsque sa concentration est trop importante, qui s’accumule donc dans son sang, au fil des jours.

À l'échographie, le rein, plus gros que la normale, présente des poches de liquides et de pus (zones anéchogènes) qui ne devraient pas être là. (© L Dutheil/ENVT)

Étant donné la difficulté de détecter les signes en amont, il est fort probable que la maladie soit sous-diagnostiquée ou diagnostiquée trop tard (animal mort).

Des arrivées trop tardives en soin

En effet, une étude a montré que sur les 106 bovins amenés vivants à l’ENVT où ce type de diagnostic a pu être effectué, seuls 43 bovins sont repartis vivants en élevage.

Dans le cas de Marguerite, au vu de son taux d’urée dans le sang, elle a peu de chance de s’en sortir. Une euthanasie est à envisager. En effet, cette même étude a montré qu’une valeur de 40 mmol/l d’urée dans le sang a 6,3 fois plus de chance d’être observée chez un animal qui ne survivra pas. Pour des valeurs d’urée inférieures, un traitement aux antibiotiques pendant une à trois semaines avec perfusion (fluidothérapie) intensive pour corriger la déshydratation et favoriser l’élimination des pathogènes et du pus, pendant cinq jours est nécessaire pour venir à bout de l’infection. Mais les rechutes sont fréquentes, comme en médecine humaine. Si, après deux jours de traitement intensifs, la valeur de l’urée devient inférieure à 20 mmol/l, les chances de survie de la vache augmentent (de neuf chances sur dix de mourir à une chance sur deux).

Le vêlage, propice à l’infection

Souvent les pyélonéphrites se déclenchent après un vêlage, surtout s’il est difficile (dystocie, jumeaux, métrite etc.). Fouiller trop régulièrement les vaches peut aussi être un facteur de contamination. Il est donc indispensable de garantir une hygiène convenable durant cette période et surveiller les vaches plusieurs semaines après. En effet, 5 heures après l’arrivée des bactéries dans le rein, un arrêt de la vascularisation de l’organe se produit, avec un début de destruction des tissus, mais extérieurement, rien ne se voit. En moyenne, les vaches amenées à l’ENVT sont arrivées 38 jours après le début des symptômes, donc très tard, avec une atteinte des reins souvent bilatérale. Il s’agissait plus fréquemment de vaches de race allaitante. Mais les vaches laitières ne sont pas à l’abri. Et le niveau de déshydratation à l’arrivée de l’animal joue aussi pour sa survie.

Marguerite, elle, ne retournera pas dans son élevage.

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