
La Ferme de la Tremblaye a investi 800 000 € dans un bâtiment avec deux litières malaxées pour 180 vaches en lactation et une aire paillée pour les taries et celles proches du vêlage.
« Les bâtiments laitiers tout ouverts en litière malaxée cochent les cases de la transition écologique, s’enthousiasme Pierre Alonso, de l’entreprise James, spécialisée dans les charpentes en bois lamellé-collé. Ils consomment moins de béton et de tubulaires que les bâtiments en logettes pour plusieurs raisons. Les murs sont moins hauts pour favoriser l’entrée de l’air et sécher la litière. Il y a moins de murs à l’intérieur du bâtiment et moins de couloirs puisque les vaches sont sur une aire de couchage. » Pierre Alonso a participé à la réflexion pour la construction de la stabulation laitière en litière malaxée de la Ferme de la Tremblaye, dans les Yvelines.
Dans un précédent numéro, L’éleveur laitier a présenté son système de traite robotisée par lots. « Nous voulons une conduite qui limite au maximum les contraintes pour les vaches et favorise leur bien-être. Le système de litière malaxée nous a séduits », dit Baptiste Carrouché, le gérant de la ferme. Elle appartient à une famille d’industriels français de l’agroalimentaire qui souhaite rester discrète. « 165 vaches holsteins et jersiaises sont actuellement sur 1 725 m² de couchage. Elles seront 180 cet été, réparties en trois lots de 60 laitières. » Les vaches taries et en préparation vêlage sont sous le même toit, mais en petits lots sur aire paillée.
La stabulation comporte deux aires malaxées de part et d’autre du couloir de distribution central.
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9,5 m² de couchage par vache
L’une est longue de 100 mètres, l’autre de 50 et toutes deux sont larges de 11,50 mètres, ce qui fait 10,5 m² de couchage par vache actuellement et 9,5 m² à partir de juillet. « Si on rajoute le couloir d’alimentation large de 4 m, chaque vache disposera de 12,9 m². » C’est dans les clous de ce que préconise Stéphane Coutant, conseiller bâtiment à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, qui a suivi plusieurs installations : entre 9 et 11 m2 utiles de couchage par vache. De plus, à la Ferme de la Tremblaye, les vaches ne sont pas toute l’année dans le bâtiment. Elles pâturent de mars à juin puis de septembre à novembre. Les prairies séchantes en juillet et août obligent à les alimenter à l’auge l’été. Pour Baptiste Carrouché, une gestion réussie de la litière malaxée passe par un bâtiment très aéré et ventilé pour évacuer l’humidité. « Sinon, elle risque de rester en surface. » La Tremblaye avait le choix entre deux conceptions : une toiture classique à deux pans terminés par une faîtière ou des toitures décalées. « Nous avons opté pour la première option, jugeant le bâtiment plus harmonieux. La seconde nous faisait craindre une entrée de la pluie. Ici, il ne pleut que 700 mm par an mais en hiver l’air est humide. » Précisons que la charpente est calculée par l’entreprise James à 17 kg/m² de charge pour recevoir à l’avenir des panneaux photovoltaïques.
Mélange de miscanthus et de copeaux de bois
Le bâtiment est orienté sud-ouest. Pour éviter l’entrée de la pluie l’hiver et les rayons solaires sur le dos des animaux l’été, la toiture des longs pans a un débord de 1,80 mètre. Ils ne sont pas équipés de filets amovibles. La stabulation est construite en bois lamellé-collé, ce qui évite une litière jalonnée et bordée de poteaux. « Ils gêneraient le passage quotidien du chisel de 3,5 m attelé à un tracteur de 70 ch. Un salarié y consacre trente minutes matin et soir durant la traite, manipulation des barrières comprise. Les vaches reviennent sur la litière une heure après la traite pour lui laisser le temps de sécher. » Sur les 45 cm de profondeur, l’outil à dents mélange les 20 à 25 premiers centimètres pour composter et sécher, par la chaleur dégagée, la partie supérieure. « Le passage sur 10 cm ne serait pas efficace, estime Baptiste Carrouché. Certains endroits risqueraient de ne pas être malaxés. »

La litière est constituée à 60 % de miscanthus (brins de 2 à 4 cm) et à 40 % de copeaux de bois (plaquettes de 8 à 10 cm). C’est la composition la plus concluante que la Ferme de la Tremblaye ait testée. « Leur granulométrie différente favorise un plus grand drainage et une plus grande absorption de l’humidité et des déjections. » Au lancement des litières en juillet 2023, elle avait également testé un lot de vaches en 100 % miscanthus et un autre en 100 % copeaux de bois. « Au début, le miscanthus était plus absorbant que drainant mais, au fil des semaines, il s’est stabilisé. Les copeaux, eux, étaient satisfaisants les premiers temps mais, au bout de quelques semaines, ils se sont révélés moins confortables. »
Deux curages cet hiver
Au départ, en juillet 2023, il a fallu remplir de ces deux matériaux les 45 cm de profondeur, à raison de 750 m3 à 800 m3 de litière. Les deux litières ont duré quatre mois. Début novembre puis début mars, elles ont été curées et renouvelées. « Avant le deuxième curage, nous les avons prolongées tant que nous l’avons pu. La dernière semaine, elles n’absorbaient plus l’humidité. Des boulettes se formaient au malaxage. Les vaches se couchaient moins. Il était temps de les changer. »

En routine, Baptiste Carrouché estime le besoin annuel de matériaux à 2 400 m3 (145 t de miscanthus et 240 t de copeaux). « Nos 260 ha de forêt nous fournissent déjà la moitié de nos besoins en copeaux et nos 9 ha de miscanthus un quart (3 ha plantés en 2023). Cela revient respectivement à 60 € et 110 € la tonne. Nous achetons le reste pour 50 € de plus la tonne. Nous avons l’intention de doubler la surface de miscanthus dans deux ou trois ans. » Il évalue le coût annuel des 1 725 m² de litière entre 20 000 € et 25 000 €. « Parallèlement, en abandonnant la stabulation vieillotte pour ce nouveau bâtiment, le nombre de mammites est passé de dix-quinze par mois à huit-dix, mais avec 30 vaches traites en plus. De même, le taux cellulaire est passé de 465 000 cellules/ml en moyenne sur le semestre précédant la mise en service de la stabulation à 300 000 cellules aujourd’hui. » Côté boiterie, la maladie de Mortellaro reste présente dans le troupeau. Le soin des pieds par un pédiluve hebdomadaire est maintenu mais ils sont désormais parés deux fois par an, contre quatre fois avant. « Nous épandons 30 t/ha de compost sur 65 ha au printemps, essentiellement avant maïs, à 4,5 kg/t d’azote, 2,75 kg de phosphore et 7,14 kg de potassium. Nous n’avons pas calculé l’économie faite par rapport à un achat d’engrais chimique. Nous n’en utilisons plus depuis 2008. »
Presque deux fois moins cher qu’en logette
La Ferme de la Tremblaye a investi 800 000 € dans la stabulation neuve, soit 3 630 € par vache présente hors gestion du compostage et du lisier. « C’est presque deux fois moins cher qu’une place de logettes », indique Stéphane Coutant. Le remplacement de l’aire paillée des vaches taries et en préparation vêlage par une litière malaxée peut agrandir la capacité de l’exploitation. L’allongement de 50 m du bâtiment des génisses aussi. Il est de l’autre côté du bloc de traite. « Les 11,50 m de largeur du couchage peuvent aussi être transformés en trois rangées de logettes. »



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