
La notion d'EBE ne pourrait-elle pas être rebaptisée excédent de bien-être ?
La richesse d'un pays se mesure au travers de son PIB (produit intérieur brut), mais à quoi sert un PIB en hausse si l'indice de satisfaction, de bonheur du « vivre ensemble » est négatif ou ressenti comme tel par sa population ? La France est le cinquième pays sur l'échelle du PIB et n'est classée qu'au vingt-neuvième rang sur l'échelle du BIB (bonheur intérieur brut). Cette notion a été inventée au Bhoutan, petit pays entre l'Inde et la Chine. Il apparaît comme un indice englobant le PIB et l'IDH (indice de développement humain). On y mesure l'économie, l'environnement, la santé physique, la santé mentale, le bien-être au travail, le bien-être social et la santé politique. Chacun de ces critères est évalué individuellement par des enquêtes auprès de la population et des analyses statistiques donnant une mesure quantitative du bonheur.
Si l'on reprend trois de ces critères, la santé physique, mentale et le bien-être au travail sont très liés. Certes, tout le monde n'est pas sur le même pied d'égalité face à la maladie ou l'accident. Mais repenser son organisation permet souvent de limiter les risques et leurs impacts en matière de santé. Nos modes de production doivent prendre en compte les effets sur l'environnement. Le bien-être social mesure notre capacité au bien-vivre ensemble. La santé politique mesure l'impact que nous avons sur nos politiques et sur la société civile en général. On peut aussi mesurer notre volonté à nous investir dans les organisations professionnelles et à renforcer le collectif.
Sur nos exploitations, le sentiment de frustration est d'autant plus prégnant que l'on a l'impression de faire des efforts pour améliorer la productivité et la rentabilité, alors que le revenu et la considération ne suivent pas. Le PIB est facilement mesurable au travers des différentes données technico-économiques proposées par les centres de gestion, contrôle laitier... Mais qu'en est-il du BIB ? La notion d'EBE (excédent brut d'exploitation) ne pourrait-elle pas être rebaptisée excédent de bien-être ? Et si en face du taux d'endettement, on inscrivait l'indice de qualité du sommeil. À noter que ces deux indicateurs sont inversement proportionnels. Et si en face des charges opérationnelles, on estimait la charge émotionnelle. Et si en face du revenu, on indiquait le retour sur investissement personnel. Et si en face de la balance commerciale à l'export, on mesurait les aménités positives de l'agriculture dans le milieu rural. Et si en face de l'IFT (indice de fréquence de traitement), on corrélait l'indice de fréquence de troubles musculo-squelettiques.
Une certaine partie de l'opinion prétend qu'il n'y a que les agriculteurs alternatifs (bio, vente directe, système herbager...) qui seraient heureux. Tant mieux pour eux ! Il existe aussi une bonne partie des éleveurs conventionnels, fiers de leurs métiers, qui le vivent bien. Dans le concert de récriminations, personne n'ose affirmer dans une réunion publique qu'il est heureux sous peine de passer pour un vantard et de s'exclure du groupe.
Énumérer tous les matins cinq petites choses positives que l'on a vécues les jours précédents ou qui vont arriver (une visite amicale, l'arrivée des hirondelles, une bonne récolte, un bon résultat technique...) permet de positiver et de voir le verre à moitié plein. La dynamique laitière française passera par la fierté de ses producteurs, une rémunération correcte et la reconnaissance du consommateur. Alors : « Penser le changement plutôt que changer le pansement » pour suivre la devise du bienheureux Francis Blanche.
PASCAL POMMEREUL
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
L’Iddri suggère de briser « l’ambivalence » des chambres d’agriculture en matière de transition agroécologique
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole