Faut-il complémenter les veaux sous la mère ? La Ferme expérimentale de Jalogny apporte des pistes de réflexion, avec une expérimentation menée en 2021 et 2022. L’objectif : viser le 1,4 kg de GMQ entre la naissance et la vente de veaux mâles, tout en limitant le recours à la complémentation des animaux grâce au pâturage tournant dynamique.
Les résultats sont contrastés. Si la pratique est plus qu’avantageuse en 2021, portée par un printemps généreux en herbe, elle perd en intérêt l’année suivante qui a connu un second trimestre froid et sec.
Pour ce faire, deux lots d’animaux ont été constitués, avec une conduite différente au moment de la mise à l’herbe. Le premier groupe d’animaux était en pâturage avec un nourrisseur distribuant un mash fermier. Compter 50 % d’orge aplati et 48,5 % de pulpe de betterave, complétés par 1,5 % de minéraux, plafonné à 3 kg par animal et par jour. Le second lot n’a pas été complémenté. Les deux groupes d’animaux étaient conduits en pâturage tournant dynamique, avec un chargement de 35 ares par couple mère/veau.
Résultat : la complémentation a l’avantage de présenter des croissances homogènes d’une année à l’autre, avec un GMQ autour de 1 650 g, au prix de 104 kg d’aliment consommé par tête sur la période au pâturage. De son côté, la non-complémentation est plus dépendante de la pousse de l’herbe. Si elle a permis un GMQ de plus de 1 600 g en 2021 du fait d’une année favorable, elle affiche un gain quotidien de 1 380 g en 2022.
Un écart de marge sur coût alimentaire significatif en année humide
« En 2021, année favorable à la pousse de l’herbe, un écart de 41 € de marge sur coût alimentaire par animal en faveur du lot non complémenté » précise l’étude, et ce même en décalant la date de vente de deux semaines.
Le plus faible GMQ de 2022 a défavorisé la pratique. Avec un écart de marge sur coût alimentaire qui plaide en faveur de la complémentation : compter - 7 € par animal pour les broutards au pâturage.
La non-complémentation est-elle pour autant à éliminer ? Pour les chercheurs, « cette conduite s’inscrit aussi dans une démarche de durabilité favorable à l’économie de la filière et aux attentes sociétales : amélioration de la compétition feed-food, impact environnemental… » D’autant que, bien mené, le pâturage permet une économie de main-d’œuvre et de concentré utilisé.
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