« Un grand jour » : la justice a validé vendredi la reprise par le groupe agroalimentaire Avril de l'usine du biochimiste MetEx à Amiens, pérennisant le seul site d'Europe à produire un acide aminé essentiel de l'alimentation des animaux d'élevage.
La décision du tribunal de commerce de Paris concerne cette usine d'Amiens (Somme), ainsi qu'une partie des activités commerciales et de recherche de Metabolic Explorer (MetEx), et permettra le maintien de 315 emplois au total, a indiqué le groupe Avril dans un communiqué. La reprise prendra effet le 16 juillet.
L’offre de reprise d’Avril retenue par le Tribunal de commerce pour donner un nouvel avenir à la production d’acides aminés en France et en Europe, au service de la souveraineté des filières animales.@Bpifrance @hautsdefrance @AmiensMetropolehttps://t.co/CXDs4WhmEJ#Metex…
— Avril (@Avril) July 12, 2024
« C'est un grand jour, qu'on attend depuis un certain temps. Après plusieurs mois d'incertitude, on va pouvoir tourner la page et regarder vers le futur. On va pouvoir redémarrer les lignes de production à 100 % », a réagi auprès de l'AFP Samir Benyahya, représentant de la CFDT, le syndicat majoritaire chez MetEx.
Le ministre délégué chargé de l'Industrie Roland Lescure s'est dit lui aussi « très heureux de la conclusion d'un processus qui a duré de long mois ».
« Je pense aux salariés de MetEx qui ont tenu bon, à leurs représentants syndicaux qui ont fait preuve d'un esprit de responsabilité hors pair, aux élus et à mes équipes. Et merci au groupe @Avril », a-t-il déclaré sur X.
L'usine d'Amiens s'était retrouvée au centre des attentions des candidats aux élections législatives dans la Somme, devenant un symbole de la souveraineté agro-industrielle française.
Le groupe Avril, associé au fonds d'investissement Sociétés de projets industriels (SPI), géré par la banque publique d'investissement Bpifrance pour le compte de l'Etat français, avait déposé une offre début juin et était seul candidat à la reprise de cette usine.
« Dialogue social »
Avril, connu pour ses marques d'huile Lesieur et Puget mais aussi présent dans les agrocarburants et l'alimentation des animaux d'élevage, porte un projet industriel, avec le soutien de la Région Hauts-de-France et d'Amiens Métropole, qui « permet de préserver le tissu industriel national et de maintenir en Europe une production essentielle à la souveraineté des filières animales françaises et européennes ».
L'incorporation de lysine dans l'alimentation du bétail permet de réduire le recours au soja importé au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol...), selon le groupe, présidé par le cultivateur Arnaud Rousseau, également président du syndicat agricole majoritaire FNSEA.
Outre le site d'Amiens, qui compte 280 salariés, l'offre de reprise inclut « des activités R&D (recherche et développement) indispensables à son exploitation (dont certaines situées dans le Puy-de-Dôme), ainsi que les activités commerciales » à Paris, avait indiqué Avril début juin.
« On va renégocier tous les accords (d'entreprise) en cours, et on se laisse un an pour cela. Mais nous avons vu que le groupe Avril est un grand groupe, qui fait attention au dialogue social », a indiqué le délégué CFDT Samir Benyahya, relevant que cette reprise se faisait avec la suppression de 5 postes à Amiens et de 39 postes (sur 79) au laboratoire de recherche de Clermont-Ferrand.
Le directeur général d'Avril, Jean-Philippe Puig, a souhaité « la bienvenue aux 315 salariés » qui rejoignent un groupe de près de 7.500 collaborateurs, au chiffre d'affaires de 7,9 milliards d'euros en 2023.
L'usine d'Amiens était confrontée depuis plusieurs mois à un environnement économique difficile, ses coûts de production ayant bondi en raison de l'envol des prix des matières premières, notamment le sucre qui représente 50 % du coût de production de la lysine.
L'entreprise dénonçait également un « dumping » de la part des producteurs chinois de cet acide aminé, ce qui a mené à l'ouverture d'une enquête par la Commission européenne.
Fin juin, le tribunal de commerce avait par ailleurs désigné la société belge Maash comme repreneur des actifs de l'autre usine du groupe, Noovista, à Carling (Moselle), avec le maintien de 10 emplois sur 46 de cette filiale spécialisée dans la chimie verte, qui produit des ingrédients par fermentation pour les marchés de la cosmétique, de la nutrition et des matériaux.
MetExt est coté en Bourse depuis 2007. Il n'y aura pas de reprise de la cotation du titre - suspendue depuis le 12 mars - et « Euronext procédera prochainement à la radiation des actions, dont la valeur sera nulle », a indiqué Metabolic Explorer dans un communiqué.
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