
Le branchement de la pompe à propylène glycol sur le robot de traite ou le Dac vise à prévenir le risque d'acétonémie. Mais son utilisation devrait se limiter aux animaux à risques et au traitement des situations cliniques.
LA COMPLÉMENTATION SYSTÉMATIQUE EN DÉBUT DE LACTATION, avec des solutions liquides ou des granulés à base de propylène glycol pour prévenir l'acétonémie, s'est généralisée avec l'apparition des robots de traite. « L'acétonémie se traduit par une baisse de l'appétit, plus particulièrement pour les concentrés. Conséquence, les vaches ne fréquentent plus le robot. Dans ces systèmes, la pompe à propylène est alors apparue comme une solution préventive visant à maintenir la régularité de la traite », constate Marc Ennuyer, vétérinaire à Mailly-Maillet (Somme). L'acétonémie est liée à l'amaigrissement du début de lactation, à un moment où la capacité d'ingestion de la vache ne couvre pas ses besoins énergétiques. C'est un phénomène naturel qu'elle sait gérer.
UN PRÉCURSEUR DU GLUCOSE
Pour faire face à ce déficit, elle mobilise ses réserves graisseuses pour produire de l'énergie, du lactose et des lipoprotéines nécessaires à la production laitière. « Ce mécanisme est d'autant plus marqué chez des vaches à fort potentiel qui vont orienter leur métabolisme principalement vers la production de lait. » La transformation des acides gras issus des réserves corporelles exige cependant un apport de glucose suffisant dans l'alimentation. Un amaigrissement trop rapide et/ou un déficit marqué en glucose peut provoquer une accumulation de triglycérides dans le foie (stéatose hépatique) et de corps cétoniques dans le sang qui provoquent l'acétonémie.
Un apport de propylène glycol va permettre la synthèse de glucose dans l'organisme afin de relancer la transformation des acides gras. Son efficacité est indiscutable. À tel point que les formulations d'aliments se multiplient et incitent les éleveurs à les utiliser de façon préventive et systématique.
« Aujourd'hui, il ne se monte pas un Dac sans un distributeur ou une pompe à propylène, souligne Benoît Verrièle, nutritionniste à Avenir Conseil Élevage (Contrôle laitier Nord- Picardie). Le problème est que le propylène est relativement inappétant. Les fournisseurs proposent donc des produits mixtes, contenant du propylène et du glycérol. Le glycérol est très sucré, il rend le concentré plus appétant, mais il est moins efficace. Aussi, l'éleveur doit être vigilant sur la concentration de produits qui dosent de 15 à 90 % de propylène. Pour prévenir l'acétonémie, il faut viser un apport quotidien de 250 ml de propylène. »
Sans remettre en cause l'efficacité du traitement, le conseiller met en garde contre les dérives économiques de cette pratique. « Une vache repérée à temps pourra être soignée avec un apport de propylène régulier pendant quelques jours. Mais le calibrage de la pompe ou du distributeur doit être strictement contrôlé. Il n'est pas rare de voir des vaches vêlées de 100 jours avec encore du propylène programmé au Dac ou au robot ! À 2,60 €/l de l'aliment dosant1,3 UFL, cette utilisation en tant que complément énergétique est aberrante d'un point de vue économique », explique-t-il. Une distribution pendant 45 jours représente une charge de 4 à 5 €/1 000 l et par an.
L'ARBRE QUI CACHE LA FORÊT
La distribution préventive à des animaux à risques doit être appréciée au cas par cas. L'acétonémie étant une pathologie de l'amaigrissement, le risque est plus grand chez des vaches enclines à mobiliser rapidement leurs réserves graisseuses.
C'est le cas des laitières trop grasses au moment du vêlage et des conditions qui engendrent une baisse de l'appétit : « À la suite d'un vêlage difficile, une vache éprouve des difficultés à se déplacer, elle mange mal, explique Marc Ennuyer. Les problèmes d'aplomb, le manque de place à l'auge, l'accès à l'eau et l'ambiance du bâtiment sont autant d'éléments qui pénalisent l'ingestion. Dans ce cas, un dosage des corps cétoniques entre cinq et sept jours permet de détecter le seuil à partir duquel un traitement au propylène glycol est approprié. Précurseur du glucose, il va empêcher la formation de corps cétoniques et donc l'apparition de l'acétonémie.
C'est un traitement de choix de la pathologie à un instant donné, mais il ne réglera pas les problèmes ultérieurs dus à l'amaigrissement excessif de l'animal. Les conséquences portent sur la dégradation des résultats de reproduction liés à des retards de reprise de l'activité ovarienne et de l'involution utérine. » La prévention consiste donc à mettre en oeuvre toutes les mesures qui favorisent l'ingestion, pour limiter le déficit énergétique en début de lactation. L'utilisation systématique du propylène glycol masque un problème, dont l'origine se situe souvent au tarissement. Pour limiter l'amaigrissement post-partum, il faut préparer les vaches à consommer les fourrages et les concentrés de lactation au moins trois semaines avant le vêlage. Cette transition permet aux papilles et la flore ruminale de s'adapter, afin d'optimiser l'absorption de la valeur énergétique de la ration, lorsque la capacité d'ingestion est limitée.
LA PÉRIODE CLÉ DU TARISSEMENT
« Dans la semaine qui précède le vêlage, les bouleversements hormonaux et la place prise par les veaux dans le ventre entraînent une baisse de l'ingestion de 3 à 4 kg de MS, explique le praticien. Si la vache ne dispose pas d'une ration énergétique de lactation à ce moment-là, elle va commencer à maigrir avant le vêlage ». La ration doit donc couvrir au minimum les besoins d'entretien et de gestation. « Au cours d'un tarissement long, huit à neuf semaines, on veillera à respecter un apport minimum quotidien de 6 UFL, pour monter progressivement à 10 UFL au cours des trois dernières semaines de gestation, explique Benoît Verrièle. Les taries doivent recevoir les mêmes fourrages que les laitières trois semaines avant vêlage, voire pendant tout le tarissement quand celui-ci n'est que de six semaines. En effet, lors d'un tarissement court, la phase hypo-énergétique ne dure que quinze jours, le temps d'assécher la mamelle. Pendant les quatre semaines suivantes, il faut viser un apport de 10 UFL. »
JÉRÔME PEZON
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