Le sursemis de trèfle blanc chez Christophe Hervy est une pratique courante d'entretien de la prairie depuis plus de dix ans. Sa recette : un matériel simple, 5 kg de semences et du compost.
TOUT EST PARTI D'UN GROUPE D'UNE DIZAINE D'ÉLEVEURS, réunis au sein d'un GDA (Groupement de développement agricole), qui a choisi d'axer sa réflexion sur l'amélioration de la conduite des prairies, dans une optique de réduction des coûts alimentaires. « Dans le cadre de ce groupe d'échanges, nous avons constaté que l'herbe était mal valorisée sur nos exploitations, car c'est un aspect du métier que nous n'avions pas abordé au cours de notre formation, explique Christophe Hervy, éleveur à Ansac-sur-Vienne. Nous avons donc repris les fondamentaux à travers des cessions de formation sur la pose des clôtures, l'aménagement des points d'eau, le déprimage, la flambée de croissance, le découpage des parcelles en paddocks, les temps de repousse, la tenue du calendrier de pâturage... »
Tous ne sont pas, comme Christophe, des producteurs laitiers bio, « ni des antimaïs, précise-t-il. Nous nous retrouvons au sein du groupe des sélectionneurs, des allaitants ou des éleveurs ovins ». Via le réseau agriculture durable, le groupe s'est inspiré du système « Pochon » : mise en place du pâturage tournant avec des temps de présence par paddocks de trois jours au printemps et des temps de repousse entre deux passages de cinq à six semaines, sur des prairies à base de ray-grass-anglais très tardif et de trèfle blanc (TB).
« 5 KG DE TRÈFLE EN SEPTEMBRE, DERRIÈRE UN NETTOYAGE RAS »
Dans ce système, la présence du TB est déterminante. D'une part, il assure le rôle de moteur azoté de la prairie et, d'autre part, préserve la valeur alimentaire de l'herbe pâturée sur une plus longue durée, ce qui permet de miser sur des temps de repousse plus longs et de faire du stock sur pied pour le pâturage d'été. En effet, le TB passe de 1,1 UFL au stade végétatif à 1 UFL au stade début floraison, là où le RGA passe de 1 UFL au stade feuillu à 0,85 UFL au stade début épiaison. « L'objectif est de 30 % de TB au printemps et 50 % en été. » Pour y répondre, Christophe a recours au sursemis. C'est lors de ses tours de parcelles réguliers qu'il prend la décision : « S'il y a des trous dans la pâture qui ne sont pas colonisés, le sursemis va permettre de regarnir le couvert à moindre coût. Je ne sème que du TB à une dose de 5 kg/ha pour sécuriser la levée. Il n'y a pas d'intérêt à semer autre chose ! La présence du TB va profiter aux bonnes graminées. Mais si le chiendent est envahissant ou que la prairie a besoin d'être regarnie en graminées, c'est qu'elle est trop dégradée. Il faut alors passer par le renouvellement total. » Le surpâturage en périodes sèches, fréquentes en été au nord-est de la Charente, occasionne des ouvertures dans la prairie qui peuvent être colonisées par des espèces indésirables. Dans ce cas, le sursemis entre septembre et octobre permet d'occuper rapidement ces espaces vides.
Concrètement, Christophe met en oeuvre des pratiques qui visent à favoriser l'accès à la lumière de la jeune plantule pour permettre son développement :
- idéalement, avant le sursemis, un pâturage ras avec un lot de génisses, sinon un passage de gyrobroyeur ;
- le sursemis avec un semoir à petites graines Delimbe devant une herse à prairie réglée de façon agressive (dents droites) pour ouvrir le sol et recouvrir légèrement la graine ;
- suivi d'un épandage de 5 à 6 t de fumier composté vieux de six mois et plus ;
- après un délai de trente jours, un pâturage avec des vaches ou des génisses pour rappuyer le sol, puis un bon nettoyage de fin d'automne (5 cm hauteur sortie) pour laisser l'accès à la lumière et faciliter le démarrage du TB au printemps suivant.
« LA PRAIRIE EST RENOUVELÉE SANS SORTIR DU CYCLE DE PÂTURAGE »
Si la pratique du sursemis n'est pas une nouveauté, Christophe et le groupe d'éleveur Opti'Pâturage ont su la mettre en oeuvre de façon à minimiser les coûts : utilisation de TB à petites feuilles (huia, haïfa...) le moins cher du marché, achat d'un semoir Delimbe à quatre à 800 € et d'un épandeur à fumier d'occasion à 2 000 €. Le TB et le compost autorisent également l'éleveur à faire l'impasse sur la fertilisation NPK. Christophe importe en effet 30 t de paille sur sa ferme pour restituer un fumier très pailleux. « Économiquement, lorsque la surface fourragère est limitée, le sursemis permet surtout d'améliorer la prairie sans la sortir du cycle de pâturage. » Parallèlement, via des analyses de sol, il veille à maintenir le pH à 6 avec des apports de dolomies. Cette approche globale de la prairie lui permet de prolonger, jusqu'au 15 juillet, la période de plein pâturage, là où antérieurement le silo de maïs n'était jamais fermé.
Fort de cette expérience, le groupe a rédigé un guide, en partenariat avec la chambre d'agriculture : Quand le pâturage est un art... de vivre.
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