UNE PREMIÈRE EXPÉRIMENTATION MENÉE PAR LE PÔLE LAITIER DE BOURGOGNE, au cours de l'hiver 2011-2012, avait tenté de mesurer l'intérêt des extraits naturels de châtaignier. Ils sont réputés protéger les matières azotées et valoriser l'azote soluble des rations riches en protéines. Deux rations maïs-herbe excédentaires en azote soluble (écart PDIN-PDIE de 10 g par kg de MS) corrigées l'une avec du tourteau de colza, l'autre avec du Protensil, avaient été comparées sur le troupeau de la ferme du lycée agricole de Fontaine (Saône-et-Loire). Plutôt prometteurs, les résultats bruts (+ 0,8 kg de lait, + 0,6 TP) n'étaient pas suffisants statistiquement pour objectiver les qualités attribuées au produit par certains éleveurs utilisateurs : effet positif sur les bouses et sur la santé des vaches, et action sur le TP. Il avait donc été décidé de prolonger l'essai au pâturage. C'est ce qui a été fait au printemps 2012 sur deux lots de 22 montbéliardes à 7 500 litres en phase descendante de lactation (6e mois). Du 6 avril au 4 mai 2012 (quatre semaines), elles ont pâturé 8 heures par jour et reçu le reste du temps la moitié de la ration de base hivernale à base d'ensilage de maïs et d'ensilage d'herbe. Du 4 mai au 22 juin (sept semaines), les montbéliardes étaient 100 % à l'herbe.
Alors que le lot témoin était complémenté avec 400 g de blé par jour, le lot expérimental Protensil* recevait en plus 100 g de tanins de châtaignier par jour. Aucun concentré azoté n'était distribué.
TAUX D'URÉE DANS LE LAIT TROP FAIBLE POUR JUGER DE L'EFFET DU PROTENSIL
Alors qu'on attendait que les résultats de cette nouvelle expérimentation éclairent le débat, il n'en a rien été. Malgré l'excès azoté de la ration sur le papier (+ 39 g de PDIN sur PDIE en moyenne par kg de MS ingéré au pâturage), la teneur en N fécal (34,8 g N/kg MO) n'a pas varié significativement. Aucune différence n'a été mise en évidence sur les paramètres zootechniques (lait, TB, TP, urée). Les deux dernières semaines de l'expérimentation, mi-juin, seul un écart de production entre les deux lots a été constaté, concomitant avec une remontée brutale de la valeur azotée de l'herbe (de 17 % de PB le 1er juin à 24 % le 20 juin) et du taux d'urée dans le lait. Il n'est toutefois pas statistiquement significatif car trop court en durée.
Malgré une valeur de l'herbe élevée en azote (23,8 % de protéines brutes en moyenne), le taux d'urée dans le lait est resté bas (226 mg/l pour le lot expérimental contre 219 mg/l pour le lot témoin sur les onze semaines). Les conditions de préconisation du produit - un taux d'urée du lait d'au moins 280 mg par litre - n'ont donc pas pu être respectées. Dans ces conditions, les vaches n'ont pas exprimé d'excès d'azote soluble. « À l'herbe, les vaches peuvent réguler l'urée de manière naturelle, comme l'ont montré les travaux de Faverdin et Al (2003) », observe Denis Chapuis, animateur du pôle laitier de Bourgogne. La clairance rapide de l'azote soluble pourrait expliquer ces faibles taux d'urée dans le lait. Le calcul de ration qui prouve l'excédent d'azote soluble ne suffit pas à justifier l'utilisation du Protensil. Le niveau du taux d'urée du lait semble être un instrument mieux adapté.
ANNE BRÉHIER
* Issu de la mélasse de bois de châtaignier, le Protensil contient 25 à 30 % de tanins hydrolysables et 11,5 % de xyloses. Ce produit est commercialisé par la société Caribou TG.
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