Rennes, 15 sept 2015 (AFP) - L'alimentation industrielle à destination des animaux d'élevage représente une part importante des coûts de production des agriculteurs, en particulier pour les producteurs de porcs, et est en outre soumise à la volatilité des prix des matières premières agricoles.
La crise de l'élevage porcin, dont les coûts de production sont supérieurs au prix de vente des animaux, est ainsi aggravée par la hausse du prix de l'alimentation animale, qui représente entre 60 et 70 % de ses frais. « Début août, les aliments ont pris 8 à 10 euros par tonne », témoigne le président de la Fédération nationale porcine, Paul Auffray, en marge du Salon international des productions animales (Space), qui s'est ouvert mardi à Rennes.
« Un élevage représentatif consomme entre 20 et 25 tonnes d'aliments par semaine », explique-t-il. Ce qui fait une augmentation moyenne des coûts de 200 euros par semaine. « Une augmentation de 10 euros, ça ne paraît rien, mais c'est quasiment le revenu de l'exploitant qui part en fumée sur l'année », assure Paul Auffray.
Du côté des fabricants d'alimentation animale industrielle, on explique que la hausse est due à une envolée des prix du blé durant l'été. « Nous, on répercute les hausses et les baisses » des matières premières sur les marchés, explique Jean-Luc Cade, responsable de la branche alimentation animale à Coop de France, la Fédération nationale des coopératives agricoles, qui assure 75 % de l'activité en France. « Par contre, on fait un lissage via des contrats de 3 à 6 mois, car quand on achète des matières premières on ne les achète pas aujourd'hui pour demain », ajoute-t-il. Pour se garantir de la volatilité des prix, les coopératives passent des contrats d'achat à un prix fixé à l'avance pour un temps donné. « Donc, si le marché se retourne, il faut qu'on assume nos contrats », dit Jean-Luc Cade. « On peut aussi faire des contrats avec des éleveurs qui s'engagent sur une durée donnée, un volume et un prix. On sait faire. Sauf que ça ne se développe pas beaucoup », raconte-t-il, « en porc, moins de 5 % des éleveurs ont des contrats aliments ».
Des éleveurs "tétanisés"
« En pratique, les éleveurs sont tétanisés à l'idée de prendre des contrats aliments car ils n'ont pas de visibilité sur les contrats aval (avec les acheteurs, Ndlr), et pourtant ils devraient prendre des positions pour se prémunir d'une volatilité importante », selon Jean-Luc Cade. Un contrat aliment « c'est un pari », assure en effet Paul Auffray. Il faut faire « une analyse de marché fine » avec le risque de perdre de l'argent si finalement le prix des céréales baisse. Ces contrats étaient jusqu'ici peu répandus, cependant « l'idée commence à faire son chemin ». « L'intérêt serait qu'on puisse fixer le prix d'achat du cochon pendant la même période pour sécuriser la marge », selon lui. Mais c'est là que le bât blesse, car ce genre de contrat tripartite n'existe pas encore.
« On a toujours fait des contrats avec les éleveurs : on leur fournit les aliments et on est engagé avec eux contractuellement pour reprendre leurs produits dans le cadre de la commercialisation auprès des abattoirs », explique Eric Philippe, directeur général adjoint du groupe Avril, qui détient 15 % du marché français. « Maintenant, quand on a un coût de revient plus élevé que d'autres pays d'Europe et qu'un certain nombre de filières ne veulent pas payer le prix, soit on garde (le contrat) et c'est la filière qui s'écroule, comme ça a été le cas chez (les abattoirs) Gad, ou ça va sur l'éleveur, et c'est lui qui est en difficulté », assure-t-il. Les contrats ne régleront donc pas tout.
Pour Jean-Luc Cade, « les contrats sont une solution, mais si on est structurellement en défaut de compétitivité, ça ne peut pas marcher. Il faut une double entrée compétitivité et rétablissement des relations commerciales avec les acteurs de la filière ». La filière dans son ensemble en est bien consciente. Pour le responsable d'Avril, dont le groupe tente de trouver « des solutions au cas par cas pour les éleveurs qui ont du mal à payer » leurs factures, « si les éleveurs sont en difficulté, on est solidaires car sans les éleveurs, on n'est pas là non plus ».
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Biométhane ou électrique, les alternatives au GNR à l’épreuve du terrain
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026