
Au sud-est de Turin dans le Piémont italien, l’Azienda Martinengo vise de hautes performances laitières. Fraîchement installé, Marco a de grandes ambitions pour booster la production des 400 vaches de la ferme familiale.
M arco Martinengo est un jeune producteur de lait italien d’un genre nouveau. Aidé par ses parents, Marco mise sur l’automatisation du travail et la confiance dans les entreprises partenaires : il délègue l’alimentation à un nutritionniste, l’élevage des génisses à son voisin, la santé et la reproduction à son vétérinaire et confie même ses choix de taureaux à un importateur de génétique nord-américaine.
Avec seulement 50 hectares intégralement couverts de maïs pour nourrir près de 400 vaches, l’exploitation de la famille Martinengo s’est spécialisée dans la production laitière. En quelques années, elle est passée de 90 à 320 vaches à la traite pour une production annuelle de 3,7 millions de litres. Marco et son père Lucianno emploient quatre salariés.
Ne plus acheter de génisses
Auparavant, ils vendaient tous leurs veaux et rachetaient des génisses prêtes à vêler, du « tout venant » importé d’autres pays européens. Depuis un an, l’élevage a souhaité travailler sa propre génétique et conserve 150 génisses qui sont élevées dans une ferme voisine pour 1,20 euro par jour.
Marco a décidé d’intensifier le système et de passer à trois traites par jour. Il y a deux ans, le troupeau produisait 25 litres/VL par jour en moyenne, il est aujourd’hui à 32,5 litres (40 de TB et 36 de TA) et Marco souhaite atteindre 40 l/VL dans les deux prochaines années. Avec actuellement 45 % de primipares dans le troupeau, il veut mettre l’accent sur la longévité pour espérer atteindre 20 % de renouvellement. Actuellement, l’élevage est dans la moyenne italienne d’environ 2,1 lactations par vache et 3 IA/IA fécondante. « En mettant l’accent sur une sélection stricte et une bonne alimentation, je pense qu’on arrivera à une longévité de 2,7 lactations/VL, et à améliorer la fertilité », espère Marco Martinengo. Obtenir une bonne longévité, cela débute par un élevage poussé des génisses pour un vêlage très précoce à 21 mois !
Miser sur le 0-6 mois pour un vêlage précoce
Parvenir à faire vêler autour de 21-22 mois requiert une croissance soutenue. L’objectif est d’atteindre 220 kg à l’âge de 6 mois « fait uniquement de squelette et de muscles », puis 410 kg à 12 mois pour la première insémination. « L’élevage obtient sans doute les meilleurs résultats de croissance d’Italie », affirme Dionigi De Grandis, son nutritionniste de l’entreprise italienne Deatech. Pour cela, il a breveté son programme de croissance « Nutri Junior Oméga » :
De 0 à 20 jours : aliment starter dans les niches en complément du lait entier pasteurisé (sevrage à 70 jours)
De 20 jours à 6 mois une ration à 16,5 % de protéines distribuée à volonté tous les 4 jours, composée de :
- 1 kg de paille en brins de 3 cm
- 1 kg de foin brin court (3 cm) et sec (piquant)
- 1,3 kg de son de blé
- 1 kg de maïs grain en farine
- 0,8 kg de soja
- 0,1 kg de lin extrudé français
- 150 g de CMV spécifique mis au point par Deatech
De 6 mois (220 kg) jusqu’au vêlage la ration à base de foin est plus souple, et doit afficher 14 % de Mat et 0,8 UFL. Pas trop riche en énergie pour éviter que les génisses s’engraissent.
« Le coût alimentaire pour un vêlage précoce à 21 mois est de l’ordre de 1.150 € par génisse. Ensuite, une primipare doit être capable de démarrer sa lactation à 50 kg de lait par jour », affirme Dionigi De Grandis. Pour Marco Martinengo : « dans les deux semaines qui suivent le vêlage, on travaille sur l’individu. Après, on ne doit plus travailler que sur le groupe. » Le vétérinaire, qui passe toute les semaines, fait une analyse de la glycémie et de l’acétonémie pour chaque vache une quinzaine de jours après son vêlage. Durant ces deux semaines, les fraîches vêlées sont traites deux fois par jour, puis rejoignent l’un des lots de vaches hautes ou basses productrices avec trois traites par jour.
Adapter les rations à la chaleur
« En Italie, il est courant de perdre 4 à 5 litres de lait en été à cause de la chaleur. Il y a également des perte de poids et des problème de fertilité, explique le nutritionniste. Ici, elles ne perdent que 2 à 3 kg de lait en période estivale. Nous adaptons la ration à chaque saison : en été, il faut baisser l’énergie en mettant moins d’ensilage de maïs et augmenter la fibre et la protéine tannées aux huiles essentielles pour ralentir l’absorption. Et l’on ajoute une composition de minéraux qui favorise le refroidissement de l’organisme. »
Pour mélanger ces différents aliments, Marco Martinengo vient de s’équiper d’un ingénieux système de silos. Sur un châssis fixe avec une trémie au sol est posé un cadre mobile (déplaçable au transpalette) sur lequel est accroché un big bag d’aliment. Des vis sans fin montent les aliments et l’éleveur actionne la distribution de chaque vis grâce à une télécommande placée dans la mélangeuse qui pèse.
A l’intérieur comme dans l’aire d’alimentation extérieure, les vaches souffrent de la chaleur : ventilateurs et asperseurs d’eau sont de rigueur. Les animaux couchent dans des logettes creuses faites d’un treillage en plastique recouvert de couches de sable auquel est ajouté régulièrement des granulés de paille. Les caillebotis sont recouverts de tapis en caoutchouc : « c’est bien pour donner du travail au pareur qui vient tous les 15 jours », plaisante l’éleveur.
Les ouvriers indiens traient 3 fois par jour
L’Azienda Martinengo emploie quatre ouvriers indiens qui ne font que traire, 9 heures par jour en commençant à 5h pour terminer à la troisième traite à minuit. Les salariés préfèrent travailler tous les jours sans interruption afin de cumuler leurs congés et week-ends pour pouvoir retourner en Inde un mois par an. En Italie, la main d’œuvre est moins élevée qu’en France. Avec les charges, chaque salarié coûte environ 2.200 €/mois.
Marco présente fièrement ses robots pour nettoyer les caillebotis et repousser le fourrage à l’auge. Il est l’un des rares éleveurs de sa région à s’être équipé de tels outils. La robotisation de la traite reste encore assez confidentielle en Italie, bien que les systèmes laitiers visent l’intensification et qu’aucune vache de la Plaine du Pô ne sorte au pâturage.
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