FEURS (France / Loire), 12 avr 2013 (AFP) - Juchés sur des tracteurs et accompagnés de leurs bêtes, les éleveurs ont manifesté vendredi à travers la France à l'appel de la FNSEA, disant craindre de « finir sur la paille » faute de mesures d'urgence face à la hausse de leurs charges et au blocage des négociations avec la grande distribution.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, leur a promis, dès vendredi matin, de possibles « mesures transitoires », allant jusqu'à dire qu'« il faut arrêter de prendre les producteurs pour des vaches à lait ».
A Feurs, petite ville de la Loire, les manifestants ont pris possession de l'hippodrome dans la matinée, en tracteurs et autres engins agricoles, autour du président de la FNSEA, Xavier Beulin, accompagnés de moutons, chèvres, vaches ou chevaux. « On va finir sur la paille », mettait en garde une banderole.
« Nous ne ferons de cadeaux à personne pour gagner la bataille de l'élevage en France ! », a lancé Xavier Beulin devant un millier de manifestants (1.300 personnes selon les organisateurs, 900 selon la police). « Nous ne voulons pas être les victimes de la guerre des prix que se livrent les enseignes de la grande distribution et qui nous appauvrit », a-t-il ajouté, évoquant des négociations particulièrement difficiles avec l'enseigne Leclerc. « Nous exigeons la revalorisation du prix du lait dès la paie d'avril », a lancé le président de la FNSEA.
Le premier syndicat agricole français et son allié des Jeunes Agriculteurs demandent que les éleveurs puissent notamment répercuter la flambée des prix de l'alimentation animale due à la hausse des prix des céréales. Les producteurs de lait réclament par exemple une hausse de 3 centimes sur le litre de lait, pour compenser la hausse des charges (de 30 euros pour 1.000 litres, soit près de 10 % du prix de vente, en 2012). Le sujet est en négociation mais bloque pour l'instant sur la proposition de certaines enseignes de la grande distribution.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, a assuré vendredi dans le Tarn que le gouvernement mettait « tout en œuvre » pour que les prix du lait payés aux producteurs « augmentent rapidement » face à la hausse des aliments du bétail.
A Feurs dans la Loire, sur une bétaillère, un éleveur avait écrit sur une bâche noire : « A bas les blablas, on veut du concret. M. Beulin, penses-tu aux éleveurs ? ». Il faut dire que la FNSEA s'est emparée tardivement du sujet en faisant le mois dernier de l'élevage une grande cause nationale, quand la Confédération paysanne (syndicat minoritaire) en avait fait un sujet phare dès septembre.
« Les éleveurs en Suisse, pas pour demain » « Les éleveurs caprins en Suisse, c'est pas pour demain », ironisait un autre, alors que les éleveurs étaient venus accompagnés de moutons, chèvres, vaches, chevaux, mais aussi de citernes à purin. « On va finir sur la paille », mettait en garde un éleveur.
Des manifestations dans les départements d'élevage
A travers la France, la mobilisation, centralisée par une carte interactive visible sur le site de la FNSEA, s'est concentrée dans les régions d'élevage.
De 150 à 200 éleveurs bretons ont ainsi bruyamment manifesté tôt vendredi devant la préfecture à Rennes pour « réveiller » les autorités, tapant sur des bidons de lait et déployant une banderole : « On nous saigne comme des gorets ».
Dans les Ardennes, entre 150 à 250 agriculteurs ont manifesté devant la préfecture à Charleville-Mézières, selon la police et la FDSEA.
Entre 140 et 200 agriculteurs, d'après la police et les organisateurs, ont eux aussi manifesté à Besançon, déversant des dizaines de chariots de supermarchés devant la préfecture. Ils ont revêtu des tenues de bagnards pour symboliser l'agriculture prisonnière de la grande distribution.
A Cahors, 200 à 300 agriculteurs ont défilé, accompagnés de vaches et de brebis.
A Bordeaux, une quinzaine d'agriculteurs ont bloqué brièvement le pont Chaban Delmas avec un troupeau de vaches et une dizaine de moutons. Des déversement de fumier ont été signalés devant des supermarchés, dans le Rhône, en Charente et en Haute-Garonne notamment.
Au-delà des mesures d'urgence, la nouvelle mouture de la loi de modernisation de l'économie (LME), en juin, devrait permettre de mieux prendre en compte la variation des coûts de production subie par les agriculteurs dans les relations commerciales.
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