L'industrie française se dit dans une « situation critique »

PARIS, 09 oct 2013 (AFP) - Les industriels du lait se trouvent dans une « situation critique » en France, coincés entre les hausses de tarifs des producteurs et des distributeurs qui font pression sur les prix, a indiqué mercredi leur Fédération à la veille d'une table ronde au ministère de l'Agriculture.

« Prise en tenaille, l'industrie laitière française est entrée en crise. Son chiffre d'affaires baisse, des pans entiers de son activité sont en perte, elle restructure, ferme des usines et supprime des emplois (+ de 1.000 en 2013) », a fait valoir la Fédération nationale des industries laitières (Fnil), dans un communiqué.

L'organisme, qui regroupe une centaine d'entreprises de transformation laitière en France, a prévenu que cette « destruction de valeur » avait également des conséquences sur l'innovation, l'offre ou encore la compétitivité.

Selon elle, sur les huit premiers mois de l'année, le prix du lait payé aux producteurs a progressé de 8 % tandis que le prix de vente aux consommateurs de produits laitiers a baissé de 1,1 %.

« Quand la distribution, sous la pression des producteurs, des transformateurs et des pouvoirs publics, consent des hausses "techniques" d'une main, c'est en exigeant de l'autre main des "compensations financières" au moins équivalentes pour financer la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes », a déploré la Fédération.

« Pendant ce temps, l'ensemble de la filière laitière européenne profite de la bonne orientation des marchés, augmente ses prix et investit massivement pour préparer l'après quota laitier en 2015 », a-t-elle relevé.

La Fédération a estimé que le dispositif mis en place pour 2013, qui prévoit une hausse technique, « doit constituer - comme prévu - le point de départ des négociations 2014 ».

« C'est à tous les acteurs de prendre leur responsabilité afin qu'en 2014 les négociations commerciales reflètent la réalité des marchés laitiers au lieu de servir de munitions à une guerre des prix qui nous isole toujours plus du reste de l'Europe », prévient-elle.

Syndifrais communique également

De même, Syndifrais, qui rassemble les fabricants de Produits laitiers frais (yaourts, petits suisses, fromages blancs...) juge « vital que la grande distribution, notamment, prenne en compte la réalité économique de la filière » dans un communiqué séparé.

Le « niveau de prix du lait, élevé en 2013, le sera certainement en 2014 » poursuit-il : « Soyons clairs, les fabricants ne prônent pas une inflation débridée, mais souhaitent provoquer une prise de conscience ».

Pour Syndifrais, « la déflation de la catégorie des Produits laitiers frais (- 2 % sur 2013) asphyxie la filière ; elle est destructrice de valeur et d'emplois en France, et ceci à court terme ». La médiation engagée au printemps avait débouché sur une recommandation d'augmentation du prix payé aux producteurs de 25 euros pour mille litres en moyenne annuelle.

La réunion jeudi doit permettre, selon le ministère de l'agriculture, de « dresser collectivement le bilan » de cette évolution entre tous les acteurs - producteurs, distributeurs, transformateurs. Cette réunion se tient à la demande des producteurs de lait (FNPL) qui reprochent notamment au géant du secteur, Lactalis, de ne pas jouer le jeu et de ne pas appliquer les hausses convenues.

La médiation avait été engagée à la sortie de l'hiver, alors que les cours mondiaux du lait avaient flambé sans concerner les producteurs français comme le rappelle Syndifrais : « En 2013, le prix du lait a atteint son plus haut niveau historique, hausse financée en très grande majorité par les industriels, tandis que la distribution a accentué sa pression » par son « refus de certaines hausses de tarif, des demandes de compensation, une baisse des prix de vente aux consommateurs ».

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